Walt Disney a dit un jour de ne jamais oublier que tout avait commencé avec une souris. Et il est vrai que Mickey Mouse et son immense popularité sera un élément déterminant dans l’ascension des Studios Disney. Mais il faut reconnaître qu’il est un autre événement de l’histoire qui va véritablement booster les Studios Disney, c’est le pari d’un long métrage d’animation.
Remonter aux sources de l’histoire Disney, c’est ce que propose ce retour sur la chanson Un Jour mon Prince viendra !
Rêve d’un film nouveau
Cette chanson ouvre la voie des « chansons à souhait ». Elle intervient à ce momentBlanche-Neige qui raconte aux nains son rêve d’amour : Un jour mon Prince viendra !
Pour Walt l’histoire commence 20 ans plus tôt. Le 27 janvier 1917. Il a 15 ans. Il n’est qu’un petit vendeur de journaux. Et il assiste pour la première fois à la projection d’un film. Et ce film c’est … « Snow White » interprétée par la comédienne Marguerite Clark.
Quelques années plus tard, Il s’est fait un nom dans le milieu de l’animation en réalisant plusieurs séries de courts métrages. Et puis, depuis 1928, sa mascotte Mickey, lui apporte le succès.
Mais Disney est toujours en recherche d’autre chose. C’est un visionnaire. Et il rêve de faire un long métrage !
Besoin de renouveau
Plusieurs raisons expliquent sa volonté. Tout d’abord, financièrement, le succès des courts métrages ne génère pas de revenus suffisants, qui permettent juste d’en faire d’autres. D’autre part, artistiquement, un format court ne lui permet pas d’enrichir ses personnages. Et surtout, il a vu Charlie Chaplin ou Laurel et Hardy se diriger vers la production de longs métrages. Il s’agit donc, pour Walt, de gagner sa place dans l’industrie cinématographique et que le Tout-Hollywood donne enfin aux dessins animés le statut d’art.
Contre l’avis de son frère Roy, il décide donc d’investir dans la production d’un long métrage d’animation, au risque de mettre en péril l’avenir du studio ! Son choix se porte sur l’histoire des frères Grimm : Blanche-Neige.
Une longue préparation
C’est un soir de février 1934 que Disney réunit ses collaborateurs pour leur exposer son projet. Il semble que la scène a été surréaliste. Imagine.
Walt qui court, qui saute. Il joue tous les rôles. Il est tour à tous Blanche-Neige et la Méchante Reine. Il imite les nains Grincheux, Simplet. Tous se tordaient de rire jusqu’au moment où il s’agenouille devant le corps inanimé de la jeune Princesse. L’émotion était palpable quand le parton s’est levé, une larme roulant sur sa joue.
La démonstration de Disney soulève l’enthousiasme et dessinateurs, coloristes, animateurs et gouacheurs se mettent au travail sans compter leurs heures, conscients d’apporter leur pierre à un film qui révolutionnerait l’animation.
Walt y accorde des moyens. Il fait venir aux studios des comédiens, des danseuses, un orchestre et toutes sortes d’animaux vivants afin d’ajuster les traits. Il veut la perfection. Il veut un chef d’œuvre.
Il en est d’ailleurs devenu irascible et fait tourner son équipe en bourrique, pinaillant sur le moindre détail, sur la couleur de la pomme qui n’est pas assez appétissante. Rien ne le satisfait et novembre 1936, aucune scène n’a encore été tournée.
À Los Angeles, on parle de plus en plus de la « folie de Disney » et les paris sont même engagés. A dix contre un que le film ne sera pas prêt pour le 21 décembre 1937, date fixée par Walt pour la première !
Roy s’occupe de l’aspect financier et il s’arrache les cheveux. La prévision budgétaire était de deux cent cinquante mille dollars. Nous voilà arrivés au million et demi !
Plus qu’un film, une comédie musicale
Le film va au-delà de l’histoire. Walt en fait presqu’une comédie musicale tant la musique est présente à travers le film.
Quand il présente son projet initial, qu’il nomme « Feature Symphony », Walt veut que son long métrage soit basé sur le modèle de ses Silly Symphonies dans lesquelles la musique joue un rôle prépondérant.
Et le choix est plutôt intelligent. Le film comprend de nombreuses scènes heurtantes pour les plus jeunes et certains thèmes sont particulièrement difficiles comme la cruauté de la Reine, la peur dans la forêt, la mort, … La musique permet une certaine dédramatisation de ces instants.
Des valeurs sûres pour la musique
Leigh Harline et Paul J. Smith sont en charge de l’ensemble de la musique d’accompagnement du film. En ce qui concerne les chansons, tout naturellement, Disney se tourne vers le compositeur des Silly Symphonies depuis 1930, Franck Churchill. C’est lui qui avait également signé le célèbre Qui a peur du grand méchant Loup des Trois petits Cochons. Il sera associé pour ce travail d’envergure à Larry Morey qui a rejoint les Studios en 1933.
Avec la consigne « Être sûr que chaque chanson aide à raconter l’histoire », de 25 et 30 chansons ont été écrites dont 8 ont été retenues pour le film. Certaines séquences sont d’ailleurs entièrement soutenues par la musique comme la fuite dans la forêt, le nettoyage du chalet, les nains dans la mine par exemple. Les dialogues même s’insèrent dans la mélodie. C’est pourquoi animateurs et compositeurs ont travaillé de concert.
Une chanson emblématique
« Un jour, mon prince viendra » est la chanson emblématique du film. Elle décrit les rêves d’une jeune fille qui rêve de rencontrer son Prince Charmant.
Et pour ce moment de romantisme, il fallait une superbe ballade, mélodie douce et romantique toute en tendresse. Walt Disney lui-même a participé à l’écriture de ce moment qui sonne comme un espoir et une promesse d’un avenir meilleur, tout en soulignant la vulnérabilité de la princesse.
Le jour J
Walt est persuadé du succès mais tout Hollywood doute de son projet. C’est dans ce climat qu’arrive le 21 décembre 1937, jour de la première du film. Les invités sont là. De prestigieux invités : Laurel et Hardy, Marlene Dietrich, Cary Grant, Spencer Tracy, Shirley Temple, Ginger Rogers, George Cukor, Clark Gable… Tout Hollywood s’est pressé pour découvrir ce coup de folie de Walt Disney, ce film que les professionnels lui ont prédit qu’il ferait un flop.
Au premier rang, Charlie Chaplin et son épouse, Paulette Goddard croient eux au succès de cette innovation. A ses côtés, Walt et Lilian retiennent leur souffle lorsque les lumières s’éteignent. Le livre de Conte s’ouvre sur la musique de la chanson mythique puis le château apparaît, accroché dans le lointain sur son piton rocheux. Un paysage féérique et réaliste qui provoque un cri d’admiration ovation dans la salle. Le pari est gagné. 83 minutes plus tard, c’est l’ovation.
La magie Disney vient de naître !
Récompense immédiate
Plusieurs prix viendront saluer ce premier long métrage d’animation dont un Oscar d’honneur qui sera matérialisé par une statuette accompagnée de sept plus petites remis à Walt des mains de Shirley Temple.
La musique est nommée aux Oscars 1939, ce qui est déjà un exploit. Mais la bande originale de Blanche-Neige et les sept nains a surtout démontré combien le rôle de la musique est essentielle dans les films d’animation puisque chansons et mélodies accompagnent le spectateur dans les émotions des personnages. Le travail conjoint entre animateurs et compositeurs a créé une osmose entre histoire et musique. La chanson devient alors une extension de l’histoire.
La reconnaissance populaire d’Un Jour Mon Prince Viendra
La bande originale de Blanche-Neige et les Sept Nains recevra la plus grande des récompenses. Celle de la reconnaissance populaire. Et c’est particulièrement le cas pour la chanson Un jour mon Prince viendra qui sera reprise par de nombreux artistes dans les interprétations les plus variées.
Comme celle de Barbra Streisand.
Elle est devenue standard pour les plus grands jazzmen. Dave Brubeck en 1957 par exemple
ou Miles Davis qui donne le nom de la chanson à son album en 1961.
La culture pop n’est pas en reste avec Diana Ross et les Supremes en 1967.
Et plus près de nous, Elodie Frégé sur l’album We love Disney, en 2013.
Modèle de tolérance
Elle sera aussi synonyme de tolérance dans une interprétation originale que nous délivre Disneyland Paris fin juin 2020 alors que le parc, fermé pour cause de COVID, se prépare à rouvrir ses portes le 15 juillet.
Dans sa volonté de faire bouger les choses et alors que se clôture le mois des fiertés, à l’occasion duquel sont célébrées les gay prides à travers le monde entier, c’est un homme qui nous chante qu’un jour son Prince viendra.
Une jolie manière de terminer l’histoire de cette chanson qui ouvre la voie à toutes celles qui, dans l’univers Disney, contribuent à installer l’ambiance magique qui réunit les spectateurs au-delà des générations. Pas étonnant donc que les notes nous restent dans l’oreille.
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