Quatre mots.  Quatre petits mots et la magie opère. Quatre petits mots qui nous éloigne d’emblée le monde réel et nous transporte dans un univers merveilleux, dans un passé indéfini.

« Il était une fois ».  Cette expression, on la doit à Charles Perrault qui l’utilise pour la première fois en 1694 dans son conte Les Souhaits ridicules et puis dans le célèbre peau d’Âne.  Nous n’évoquerons pourtant pas l’une de ses histoires.  Pas de Cendrillon ni de Belle au Bois dormant mais l’une des plus belles illustrations pourtant avec le récit de la Belle et la Bête.

Une comédie musicale

« Il était une fois, dans un pays lointain, un jeune prince qui vivait dans un somptueux château.  Bien que la vie l’ait comblé de tous ses bienfaits, le prince était un homme capricieux, égoïste et insensible. » L’histoire commence ainsi et on nous raconte comment ce jeune prince est devenu une effroyable bête sur une musique mystérieuse.

C’est que la musique est un élément central de ce film.  Et pour cause.  A la manœuvre le duo compositeur – parolier Alan Menken et Howard Ashman.  C’est d’ailleurs Ashman qui a eu l’idée de proposer de centrer l’histoire sur la Bête, contrairement au récit original.  D’où le superbe prologue qui commence par « Il était une fois » et qui nous conte les prémices de l’histoire illustrées par une série de vitraux.

Ode à la France

Cette musique envoûtante est inspirée par le compositeur français, Camille Saint-Saëns.  Et pour cause.  L’histoire de la Belle et la Bête trouve son origine en France.  On la doit à Madame de Villeneuve qui la publie en 1740.  Le conte est ensuite repris et réécrit en 1757 par Madame Le prince de Beaumont dans une version qui va populariser l’histoire.

La France doit donc être l’inspiration pour cette animation.  Or, pour le compositeur Alan Menken, l’incarnation de la musique française est un extrait du Carnaval des Animaux de Camille Saint-Saëns intitulé Aquarium.  Il s’en est servi de base pour souligner le drame vécu par le jeune Prince.

Disney par Howard Ashman

Dans cette période du second âge d’or, on peut dire que le parolier Howard Ashman a changé la face de Disney pour toujours.  Son impact sur le succès de La petite Sirène n’est pas passé inaperçu.  Il va continuer son influence sur l’histoire de La Belle et la Bête.

Contrairement au conte original, il a choisi de centrer l’histoire sur le Bête.  Mais ce n’est pas là le seul personnage qui a été repensé par Ashman.  Il a revu aussi le caractère de Belle.  Si on retrouve la douceur et la gentillesse du personnage de Madame Leprince de Beaumont, il s’agit d’une jeune fille au caractère fort et indépendant.  Ce que l’on apprend dans le chant d’introduction qui suit le prologue.  Une chanson qui mérite le record de longueur.  Avec ce morceau d’ouverture c’est la première fois dans l’histoire des Studios Disney qu’un dessin animé s’ouvre sur 5 minutes de chanson.  Ashman avait d’ailleurs très peur que le projet soit refusé.  Mais les producteurs ont adoré !

Belle : Présentation du décor

En quelques minutes, on perçoit la vie du village de Belle et on apprend à connaître la jeune fille.  La volonté de Menken et Ashman était de nous plonger dans une ambiance d’opérette.  Une musique calme, classique qui nous présente le décor, un petit village tranquille.

Et puis, tout à coup, une explosion de « bonjour » et on rencontre tous les habitants. Parmi eux, les personnages principaux sont définis, avec leurs qualités et leurs défauts, le tout en cinq minutes chrono.

Mieux.  L’histoire même du film est évoqué à travers l’histoire préférée de Belle qu’elle raconte sur le bord d’un puit.  Magie et ensorcellement, rencontre d’un Prince anonyme ou déguisé !

Elle y refera d’ailleurs allusion en compagnie de la Bête dans la chanson Je ne savais pas quand elle déclare « Il n’a rien d’un prince charmant, mais en marge du temps, mon cœur s’éveille en secret »

La technique du leitmotiv

Cinq minutes de chanson et pourtant aucune lassitude grâce à une composition magique.  Le génie de Menken et Ashman ?  Miser sur une utilisation du leitmotiv.  Certaines phrases sont répétées avec un ton, un tempo ou une instrumentation différente afin de souligner certains caractères ou des humeurs spécifiques. 

Ainsi quand Gaston entre en scène, la musique se fait plus audacieux, plus martiale.  Les cuivres sont de plus en plus présents.  On plante ainsi le caractère du bellâtre pour la suite de l’histoire.

Un morceau qui annonce la couleur

Le génie de commencer l’histoire avec ce morceau est donc qu’il nous permet la mise en place de l’histoire.  Le prologue nous avait appris l’histoire de la Bête.  

  Nous connaissons maintenant la personnalité de Belle dans cette opposition entre son chant et les bavardages des habitants farfelus de son village. 

D’un côté une Bête blessée par le sort.  De l’autre, une jeune fille au quotidien solitaire cultivant des passions secrètes.

Des récompenses

La bande originale de la Belle et la Bête écrite par Menken et Ashman est époutouflante.  Elle se verra donc largement récompensée.  Un Golden Globe de la meilleure musique de film et un Grammy Award de la meilleure composition originale écrite pour un film ou pour la télévision.

Belle sera nommée aux Oscars mais sera en compétition avec C’est la fête et Histoire Eternelle.  Et ce sera cette dernière chanson qui l’emportera.

Un live-action qui fait honneur

Depuis, le film a été repris en live-action.  Et Disney a gardé la même mise en place des personnages.  Le réalisateur, Bill Condon, a repris le titre mythique d’ouverture.  On y retrouve les décors, les costumes et, même si quelques paroles ont été modifiées, on retrouve les dialogues entre Belle et les villageois dont le boulanger qui porte “toujours son plateau bien garni du bon vieux pain de son fournil” qui ne manquera pas de lui dire bonjour !

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