Retour sur une attraction de Disneyland Paris, rendant hommage aux inventions, avec un casting français 5 étoiles : Le Visionarium.
Nous sommes le 12 avril 1992. A l’époque, Discoveryland se distinguait de ses camarades étrangers, ne portant pas le même nom : Tomorrowland. En effet, les technologies avançant vite ces années-là, nous parcourions déjà le futur !
Pour thématiser ce land, Euro Disney (comme on l’appelait à l’époque) a opté pour une toute autre approche. Celle des romans de science fictions, et du plus célèbre des auteurs français : Jules Verne.
Mais si ce grand voyageur a parcouru le ciel comme les profondeurs, cette attraction parle plutôt d’un autre fantasme de l’homme : le voyage dans le temps.
Et c’est avec l’inspiration de H.G. Wells que les Imagineers Disney vont lancer une attraction d’environ 18 minutes : Le Visionarium. Une attraction à vivre en 360°…
Le Visionarium : Un voyage à travers le temps
Le préshow
En arrivant près de l’entrée, le visiteur fait face au futur modèle de voiture Renault, modèle qu’il proposera en 2328 : la Renault Reinastella. En entrant dans la première salle, celui-ci découvre une salle remplie d’inventions, de livres et autres curiosités, faisant un peu penser à l’univers Steampunk et les livres de Science-fiction.
Sur un écran géant, de courtes vidéos d’archive présentent l’évolution des inventions que nous utilisons encore aujourd’hui : l’avion, la voiture,… Puis, dans une introduction brutalement interrompue, nous découvrons notre hôte du jour : Timekeeper. Ce robot inventeur organise une grande conférence pour présenter sa nouvelle invention : la machine à explorer le temps !
Pour l’aider dans cette tâche, la cobaye (malgré elle) sera 9-Eye : un robot flottant équipé de 9 caméras. Chaque caméra permettra de filmer à 360° dans une salle dédiée pour l’occasion : Le Visionarium. Mais attention, car la séance inaugurale va commencer…
Le Show principal : Le Visionarium
Le public pénètre dans une nouvelle salle, le fameux Visionarium. La séance étant complètement en français, des casques multilingues étaient disponibles pour les visiteurs étrangers.
Une fois la séance lancée, et les dernières vérifications effectuées, Timekeeper projette 9-Eye dans la machine, avant de l’envoyer explorer le temps. Mais les premiers essais sont laborieux, et le pauvre robot se perd dans les couloirs du temps. La voilà aux prises avec un T-Rex, avant de se retrouver en pleine ère glacière.
Tout s’accélère : 9-Eye, transportée en pleine guerre, se retrouve attaquée par un ennemi. Fort heureusement, elle a les boulons solides. Après avoir mis la pagaille dans l’atelier de Leonard de Vinci, elle se retrouve bloquée dans la cour de France, face à Louis XV, Madame de Pompadour et le tout jeune Wolgang Amadeus Mozart, qui la remarque.
Après une construction en accéléré de la tour Eiffel, 9-Eye se retrouve à L’Expo Universelle de Paris en 1900. Dans une dizaine de minutes, Jules Verne participera à une conférence de H.G. Wells sur le voyage dans le temps. Si l’homme doute sur la faisabilité, il va être interrompu dans ses pensées par 9-Eye.
Le voyage de Jules Verne
Mais avant de pouvoir repartir pour notre époque dans Le Visionarium, Jules Verne agrippe le robot et se retrouve transporté dans le voyage malgré lui. Pour Timekeeper, la conférence tourne au cauchemar ! Pour éviter tout paradoxe temporel, l’inventeur décide de ramener le romancier dans son époque. Cependant, celui qui a rêvé des plus grands voyages veut découvrir le monde d’aujourd’hui. Qu’à cela ne tienne, l’homme aura 10 minutes pour effectuer son périple.
La première invention avec laquelle Jules Verne sera confrontée sera le TGV, mais sur le bout de son nez ! Retour sur un sol plus stable, mais au milieu d’une route en pleine heure de pointe. Le voyage n’est pas de tout repos…
Et pour les sensations, il les trouvera dans le sport avec une conduite de Formule 1, suivi d’une course en bobsleigh. Mais le voyage se fera plus calme et fait de paysages magnifiques, avec un parcours sous-marin, dans les airs, et même dans l’espace…
Mais le temps presse, et il faut retourner à la conférence ! Ouf, tout juste ! Après un dernier remerciement à son hôte 9-Eye, Jules Verne dit au revoir, sous les yeux éberlués de H.G. Wells. Il est temps de rentrer pour le Visionarium.
Mais avant de partir, une famille est sélectionnée dans le public pour découvrir le futur. Lors de cet ultime voyage, Jules Verne et H.G. Wells retrouveront le robot, prouvant que, dans le futur, tout est possible…
Un casting français 5 étoiles
Si on se souvient de l’attraction Le Visionarium, en plus de faire rêver, c’est pour son casting d’acteurs de prestige. En effet, la plupart des grands comédiens français de l’époque ont répondu présent, à commencer par les voix.
Pour Timekeeper, la voix française était assurée par Michel Leeb, connu pour ses spectacles d’humour. Pour 9-Eye, il s’agissait de Myriam Boyer. Actrice (Trop belle pour toi, Tous les matins du monde, Série Noire,…), comédienne de théâtre, scénariste et réalisatrice, elle est également la mère de l’acteur Clovis Cornillac.
Pour les acteurs du film en 360°, Michel Piccoli assurera le rôle de Jules Verne. Avec une filmographie de plus 70 ans, l’homme remportera 4 César et 2 Molière au cours de sa carrière. Dans les rôles plus secondaires, mais non moins importants, on peut également citer Jean Rochefort en Louis XV et Nathalie Baye en Madame de Pompadour, ainsi qu’un Gérard Depardieu svelte en agent de piste de l’aéroport de Roissy. Pour H.G. Wells, le prestigieux Jeremy “Scar du Roi Lion” Irons, que nous retrouverons plus tard dans Studio Tram Tour aux Walt Disney Studios.
C’est ce même casting pour le Visionarium que nous retrouverons à Magic Kingdom le 21 novembre 1994 (fermeture le 26 février 2006), et à Tokyo Disneyland le 15 avril 1993 (fermeture en septembre 2002) avec des doublages régionaux. A noter, pour la version américaine, la présence de Robin Williams pour la voix de Timekeeper !
Le cinéma 360 degrés, la touche Disney…
Pour réaliser Le Visionarium, Disney utilise une technique qu’elle connaît bien : le Circle-Vision 360°. Une technique qui ne date pas d’hier, puisqu’elle remonte aux origines du premier parc…
En effet, si aujourd’hui il est assez facile de filmer à 360° avec un simple appareil, la technique était tout autre auparavant. Il a d’abord fallu 11, puis 9 caméras disposées en arc de cercle, ainsi que la disposition de miroirs à 45°, afin de minimiser les espaces et décalages dans les champs de vision. Ensuite, dans la salle de projection, les projecteurs étaient logés entre les interstices des écrans, afin que l’illusion circulaire soit parfaite.
Et cette invention, Walt Disney va l’exploiter pour son premier parc à Disneyland en Californie dès 1955, sous le nom de Circarama, puis de Circle-Vision, jusqu’en 1997. Le projet sera exporté ensuite à Walt Disney World dès 1971 (dont 2 pavillons d’Epcot se servent encore), à Tokyo en 1983 jusqu’en 2002, et finalement Le Visionarium à Disneyland Paris.
Mais Disney exportera également son Circle-Vision pour d’autres événements. Entre autres, la technique sera utilisée pour les expositions universelles de 1967 et 1986, pour mettre en valeur le pavillon du Canada.
Le Visionarium aujourd’hui…
L’attraction et ses technologies vieillissant et n’étant plus adaptées au public, l’attraction fermera définitivement ses portes le 5 septembre 2004, pour l’attraction Buzz Lightyear’s Laser Blast, le 8 avril 2006. Cependant, des traces du passé subsistent encore aujourd’hui.
En effet, 9-Eye n’a jamais bougé de sa salle favorite. Lorsque vous ferez l’attraction, dès la première salle, jetez un oeil dans le coin, derrière le robot et le chien de métal. Au fond, dans l’obscurité, le petit robot semble surveiller les agissement des visiteurs.
Quant à sa musique iconique, composée par Bruce Broughton, celle-ci peut encore résonner à divers endroits du parc, principalement dans la zone Parking Visiteurs, comme à l’entrée du parc Disneyland…