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Ca S’Est Passé Un… 21 Octobre 1911 : Naissance de Mary Blair

Mary Blair : La femme qui rêvait en couleurs

Gros plan de deux poupées vêtues de costumes et de chapeaux blancs, tenant des livres, avec de douces lumières violettes et jaunes en arrière-plan, évoquant une scène fantaisiste inspirée du style signature de Mary Blair.

« Au bout du Pôle Nord ou sous l’Equateur, Ya un Jean qui rit, y a un Jean qui pleure » Vous l’avez bien en tête ? Impossible de s’en débarrasser une fois qu’on l’entend. Mais cette attraction culte, ce n’est pas seulement une ritournelle entêtante ; c’est aussi un univers de formes et de couleurs, une esthétique reconnaissable entre mille. Et ce monde-là, on le doit à une femme. Ca s’est passé un 21 octobre 1911…

Une naissance dans les terres d’Oklahoma

L'image historique de la carte postale de Grand Avenue à McAlester, dans l'Oklahoma, évoque une scène rappelant le style dynamique de Mary Blair, avec des bâtiments du début du XXe siècle, des personnes et des calèches tirées par des chevaux bordant la large rue.

C’est le 21 octobre 1911, à McAlester, dans l’Oklahoma, qu’est née Mary Browne Robinson, future figure emblématique de l’esthétique Disney. Dès l’enfance, Mary manifeste une attirance forte pour le dessin. Elle griffonne dans les marges de ses cahiers, esquisse des formes, joue avec les couleurs. Lorsqu’elle déménage avec sa famille à Morgan Hill, en Californie, ses talents artistiques trouvent un terrain plus propice à leur développement. Elle grandit dans un environnement qui, bien que rural, lui permet de nourrir son imaginaire.

Photographie en noir et blanc d'une femme aux cheveux mi-longs ondulés et lâches, évoquant l'esprit créatif de Mary Blair, portant un chemisier blanc brodé et assise à un bureau avec un stylo à la main.

Premiers pas dans l’art : Chouinard et la révélation moderniste

En 1929, son diplôme de lycée en poche, Mary intègre le San Jose State College, où elle étudie les arts plastiques. Rapidement remarquée pour son style original, elle expose ses premières œuvres lors de la convention annuelle de la Pacific Art Association. Ce succès précoce lui vaut une bourse pour intégrer l’Institut Chouinard à Los Angeles, un haut lieu de formation artistique, très prisé des studios d’animation, et notamment de Disney.

Peinture à l'aquarelle dans un style inspiré de Mary Blair, représentant de petites maisons avec des clôtures, des arbres sans feuilles et du linge suspendu à l'extérieur sous un ciel nuageux.

À Chouinard, Mary s’imprègne des mouvements artistiques du moment : cubisme, abstraction, modernisme. Elle développe un style singulier, vibrant, fait de formes stylisées et de couleurs audacieuses. Ses camarades de promotion s’appellent Marc Davis et Frank Thomas – deux futurs piliers de l’animation Disney – et tous reconnaissent déjà son originalité.

Photographie en noir et blanc d'un bâtiment du milieu du XXe siècle avec de grandes fenêtres, étiqueté « GHOLMAIN », et plusieurs voitures anciennes garées le long de la rue, évoquant une scène rappelant le style emblématique de Mary Blair.

Une rencontre déterminante : Lee Blair et le monde de l’aquarelle

En parallèle de ses études, Mary fait une rencontre décisive : celle de Lee Everett Blair, aquarelliste reconnu, qu’elle épouse en 1934. Ensemble, ils plongent dans le monde de l’illustration et de l’animation. Lee devient président de la California Water Color Society, et Mary est l’une des premières femmes à y être admise.

Une femme tenant un bouquet se tient à côté d’un homme en tenue de soirée devant une porte cintrée, tous deux regardant la caméra, évoquant une scène rappelant le style fantaisiste de Mary Blair.

Le couple collabore brièvement avec les studios d’Ub Iwerks, pionnier de l’animation et ancien associé de Walt Disney. Ces expériences leur permettent de vivre de leur art, tout en explorant des styles visuels différents. Mais pour Mary, une étape fondamentale reste à franchir : celle des studios Disney.

L’entrée chez Disney et l’incompréhension initiale

Mary Blair rejoint les studios Walt Disney en 1940. Pourtant, son arrivée ne se fait pas sans heurts. À cette époque, l’esthétique Disney est marquée par un réalisme minutieux, inspiré par des chefs-d’œuvre comme Pinocchio ou  Bambi. Or, Mary, elle, propose autre chose : des aplats de couleurs franches, des formes simples, des perspectives audacieuses.

Deux personnages en blanc marchent le long d'un chemin rouge à travers une forêt dense et verte sous un ciel bleu et nuageux, évoquant le style fantaisiste de Mary Blair.

Son style ne correspond pas aux standards en vigueur. Elle est mise à l’écart des projets principaux. Sa vision trop avant-gardiste peine à trouver sa place. Mais tout change avec un voyage.

Le tournant sud-américain : la « Goodwill Tour »  

En 1941, dans le cadre de la politique du “bon voisinage” menée par les États-Unis pour contrer l’influence nazie en Amérique latine, le gouvernement américain sollicite Disney pour une tournée diplomatique et artistique. Walt Disney embarque une petite équipe d’artistes dans cette “Goodwill Tour”, parmi lesquels Mary Blair.

Des passagers vêtus de tenues de soirée montent à bord d'un avion d'American Airlines par un escalier sur le tarmac d'un aéroport, évoquant une scène rappelant le style intemporel de Mary Blair dans cette photographie en noir et blanc.

Ce voyage en   Amérique du Sud   constitue un   choc visuel et culturel   pour elle. Les tissus, les marchés, les visages, les paysages : tout devient source d’inspiration. Elle réalise des dizaines de croquis et de gouaches aux couleurs vives et aux formes stylisées.

Illustration d'un petit village dans un style inspiré de Mary Blair, avec des maisons colorées, une église, une calèche et des arbres d'automne au feuillage orange et rouge vibrant.

Walt Disney, impressionné par cette profusion d’idées et la fraîcheur de son regard, comprend enfin la valeur de son style. Il lui confie dès lors des rôles clés dans la direction artistique de ses films. Directement inspirés de l’Amérique du Sud, il y a d’abord Saludos Amigos et Les Trois Caballeros

L’âge d’or chez Disney : Cendrillon, Alice, Peter Pan  

Mary Blair marque de son empreinte trois grands classiques Disney des années 1950 : Cendrillon  (1950), Alice au Pays des Merveilles  (1951), Peter Pan  (1953).

Une calèche rose ornée brille au milieu de lumières scintillantes, tirée par deux chevaux, avec une silhouette encapuchonnée à proximité dans un décor de forêt bleue au clair de lune inspiré de l'art fantaisiste et stylisé de Mary Blair.

Elle n’en anime pas les personnages mais imagine les concepts visuels qui définissent   l’ambiance, les palettes chromatiques, et même   le rythme visuel   de chaque séquence.

Dans Cendrillon, elle insuffle ce   bleu lunaire féérique   qui domine la transformation de l’héroïne.

Dans Alice, elle accentue l’absurde, le rêve, avec des   formes tordues, des   contrastes psychédéliques, des   perspectives éclatées.

Dans Peter Pan, le Pays Imaginaire devient un monde de   couleurs flottantes, un univers stylisé entre ciel et mer.

Son approche influence profondément le style Disney de cette décennie. Mais en coulisses, son travail est encore parfois critiqué. Dans un studio encore très masculin et conservateur, sa modernité dérange. Walt, lui, ne cesse de la soutenir.

L’apogée : It’s a Small World  

C’est en 1964 que Mary Blair réalise sans doute son œuvre la plus célèbre et la plus libre :   l’attraction “It’s a Small World”  , conçue pour l’exposition universelle de New York.

Une femme est assise à un bureau encombré en train de dessiner, entourée de croquis, de peintures et d'œuvres d'animation dans un décor de studio rappelant le monde créatif de Mary Blair.

Walt Disney veut créer une   ode à l’enfance et à la paix entre les peuples. Il en confie la direction artistique à Mary, qui donne naissance à un monde stylisé, totalement hors du réalisme.

Illustration inspirée de Mary Blair, représentant trois enfants vêtus de vêtements colorés avec deux ânes et un oiseau, sur un fond géométrique à motifs dans des tons chauds.

Elle crée un univers géométrique, vibrant, naïf et sophistiqué à la fois. Des poupées aux grands yeux, des costumes stylisés, des paysages formés de   cercles, triangles et arcs. Le tout baigne dans une   explosion de couleurs franches   : turquoise, rose bonbon, jaune solaire…

Ce style visuel, unique en son genre, symbolise un monde sans frontières, d’une modernité graphique qui tranche radicalement avec les attractions traditionnelles. L’effet est saisissant : poétique, universel, inoubliable.

Une artiste visionnaire parfois oubliée  

Malgré son apport majeur à l’identité visuelle de Disney, Mary Blair quitte les studios à la fin des années 1960. Elle se consacre alors à l’illustration de   livres pour enfants, dans lesquels elle prolonge son langage visuel si personnel.

Une fille vêtue d'une robe fleurie se tient debout sur un lit, les bras levés, entourée d'illustrations inspirées de Mary Blair représentant des animaux, des insectes et des jouets tourbillonnant joyeusement autour d'elle.

Elle s’éteint en   1978, dans une relative discrétion. Son nom est peu connu du grand public, et pourtant, son style continue d’imprégner l’univers Disney et l’histoire de l’art visuel.

Une reconnaissance posthume éclatante  

Il faudra attendre   1991   pour que Disney la reconnaisse officiellement comme une   Disney Legend. Puis, progressivement, le monde de l’art redécouvre son œuvre.

Google Doodle représentant Mary Blair, une femme aux cheveux blonds vêtue d'une robe bleue, entourée de blocs à motifs colorés formant le mot « Google ».

En   2011, Google lui consacre un   Doodle   pour le centenaire de sa naissance. En   2017, une biographie illustrée pour enfants, Pocket Full of Colors, célèbre son parcours unique.

Son travail est mis à l’honneur dans de grandes expositions :    The Colors of Mary Blair , au musée d’art contemporain de Tokyo (2009),    Magic, Color, Flair , au Walt Disney Family Museum de San Francisco (2014)

Couverture du livre « Magic Color Flair : The World of Mary Blair » de John Canemaker, avec une illustration dans le plus pur style Mary Blair d'Alice regardant une maison fantaisiste et inclinée.

Et en   2022  , sa ville natale de McAlester, Oklahoma, inaugure une   fresque murale colorée   où l’on voit Mary entourée de motifs inspirés de  Cendrillon  et  Alice .

Mais le plus beau des hommages reste sans doute celui que lui rend Disneyland en Californie : dans l’attraction It’s a Small World , une petite fille tenant un ballon, perchée à mi-hauteur de la tour Eiffel stylisée, représente   Mary Blair elle-même  . Une figuration discrète, mais symbolique.

Un héritage chromatique et graphique intemporel  

Mary Blair a introduit dans l’univers Disney une   vision graphique audacieuse, fondée sur la   couleur pure, la   forme stylisée   et une   interprétation poétique du monde. Elle a influencé des générations d’artistes, bien au-delà de l’animation.

Dans chaque couleur franche, chaque décor stylisé, chaque sourire de poupée dans It’s a Small World  c’est son empreinte que l’on perçoit. Un regard singulier sur le monde, joyeux, inventif, et radicalement moderne.

Illustration colorée et géométrique d'une façade de bâtiment fantaisiste inspirée de Mary Blair, comportant des tours, des dômes, des drapeaux et diverses formes dans des tons bleus, rouges, jaunes, violets et roses.

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