Album peu connu chez Astérix, Le ciel lui tombe sur la tête rend hommage à une des inspirations d’Albert Uderzo…
L’opposition « Astérix – Disney » : une légende urbaine née de l’existence des parcs.
Une certaine opposition populaire existe, traditionnellement, entre l’univers d’Astérix et Obélix, et celui de notre souris aux grandes oreilles.
Il existe, effectivement, deux parcs d’attractions. Le Parc Astérix, ainsi que celui de Disneyland Paris. Deux complexes donc d’envergures différentes.
Pour le premier, il s’agit plutôt d’un complexe touristique datant du 30 avril 1989, composé d’un parc à thème et de deux hôtels, situé à environ une trentaine de kilomètres de Paris.
Quant au second, il est également situé à environ une trentaine de kilomètres de Paris. Il s’agit d’un complexe touristique et urbain datant du 12 avril 1992, composé de deux parcs à thèmes : Disneyland et Walt Disney Studios, ouvert 10 ans plus tard. Le complexe est également composé de 7 hôtels ainsi que d’un golf.
Une différence ne permettant ni rivalité ni comparaison.
En superficie comme en quantité d’attractions et d’hôtels, le Parc Astérix est tout simplement moins important. Il a moins d’envergure, il n’est donc nullement question de l’opposer à son « collègue » qui, lui, joue tout bonnement dans une autre catégorie !
Cependant, Disney est présent chez le père d’Astérix, au travers d’un album hommage : Le ciel lui tombe sur la tête.
Un album à part à tous points de vues.
L’album le moins bien accueilli de la série Astérix et Obélix.
Bien que sorti le 14 octobre 2005 en 8 millions d’exemplaires dont 3,2 millions en France, dans 27 pays et en 13 langues, cet album – le trente-troisième de la série – ne reprend pas les codes habituels des albums d’Uderzo, en ce qu’il introduit des éléments de science-fiction avec la mise en scène d’ovnis.
De la caricature à la référence politique.
De plus, Uderzo utilise une caricature des super-héros américains, avec ses « super-clones » composés du corps de Superman, et au visage de Schwarzeneger.
L’auteur fait également référence à la politique de l’époque avec « Hubs », (anagramme de « Bush », alors président des Etats-Unis), nom du chef des habitants de l’étoile Tadsylwine (anagramme de Walt Disney).
La référence politique ne s’arrête cependant pas là : Hubs dirige un état composé de 50 planètes. Une référence donc directe aux 50 états composant les USA !
Un pastiche de Mickey : quand la parodie salue l’original.
Ajoutons que Toune, homophone de Toon, est un pastiche de Mickey Mouse imitant sa stature et son visage, sans sa truffe et ses grandes oreilles. On dirait un cousin !
La référence à une lutte ancestrale.
L’originalité de l’album se trouve par ailleurs dans sa parodie de la lutte traditionnelle entre Bande Dessinée, Comics et Mangas. Foule de détails plus aboutis les uns que les autres dans un récit pétillant de malice viennent, en ce sens, alimenter cet album exceptionnel.
A titre d’exemple, nous pouvons également nous attarder sur le costume de Toune, qui a deux boutons jaunes comme la culotte de Mickey. En référence aux couleurs originelles de celui-ci, lorsque Toune devient noir accidentellement suite à l’ingestion d’une potion, Astérix veut le réconforter en lui disant que cela lui va bien…
Pour cette sortie par rapport à ce qu’il fait traditionnellement, Uderzo a été extrêmement critiqué.
On ne peut d’ailleurs s’empêcher d’imaginer qu’il avait d’une certaine façon anticipé cela, par la fin de l’histoire. En effet, par l’effacement des mémoires des héros que Toune effectue avant de repartir sur sa planète, Uderzo laisse aux lecteurs la possibilité de mettre l’album de côté.
Sans en porter le nom, cet album a ainsi la même fonction qu’un hors-série.
Une page 48 révélatrice de toute l’admiration d’Uderzo pour Walt Disney.
« Avec cet album, je voudrais rendre hommage au grand Tadsylwien… pardon, au grand Walt Disney qui, de fameux et prodigieux druide qu’il était, nous a permis, certains confrères et moi, de tomber dans la marmite d’une potion dont il détenait seul le grand secret. »
Si la première page de l’album est consacrée à un hommage rendu à son frère Bruno, c’est par ces mots qu’Uderzo a tenu à témoigner d’une admiration aussi ancienne que pleinement assumée.
Une admiration tant ancienne que pleinement assumée.
Effectivement, Uderzo était certes fan des héros créés par son frère, mais avant tout un amoureux des héros de Walt Disney. Il rêvait depuis son plus jeune âge de travailler dans l’industrie du dessin animé, ayant commencé dès l’âge de dix ans à représenter des personnages aux gros nez.
Quand Uderzo évoque son idole.
Nous pouvons d’ailleurs le citer, lorsqu’il évoquait son idole :
« C’était avant 1934 (…). Mes parents achetaient Le Petit Parisien où paraissait une bande quotidienne : Les Aventures de Mickey. C’est la première bande dessinée que je découvrais. (…) Disney a influencé ma vie depuis très longtemps ! »
Son accolyte, René Gosciny, avait d’ailleurs eu pour projet de démarrer sa carrière en rejoignant les Walt Disney Animation Studios, en vain.
D’autres exemples d’interraction entre deux univers finalement pas si opposés que ce qu’on aurait pu croire…
Petit détour par l’Italie. Le 9 mars 2016, une bande dessinée italienne consacrée à Topolino (le Mickey italien) a en effet introduit l’univers d’Astérix et Obélix dans l’un de ses ouvrages, retitrée pour l’occasion Topolinix.
Cette parodie fut possible grâce à un accord entre Walt Disney et les éditions Albert René, du Groupe Hachette.
Une collaboration par voie de distribution vidéo.
A une époque où peu de films sont disponibles et pour étoffer son catalogue, Walt Disney Home Vidéo a distribué en 1985 Les 12 travaux d’Astérix, alors initialement sorti en France en 1976, film d’animation des studios Idéfix.
Un beau clin d’oeil lors des 20 ans de Disneyland Paris.
Lors du vingtième anniversaire du parc français, les irréductibles gaulois sont venus se joindre aux festivités. Pour l’occasion, ils sont même venus avec un menhir décoré d’un nœud rouge, qu’ils ont eux-mêmes déposés à l’entrée du parc !
Tout cela montre donc que les deux univers ne se situent absolument pas dans l’opposition, mais bien plutôt dans la complémentarité et le plaisir de rêver…
Nous pouvons effectivement terminer de discourir, sur ces deux univers, en disant que l’un n’empêche pas l’autre.