On compare souvent ce film au célèbre Mary Poppins. Les histoires ont des points communs : des enfants, une femme aux pouvoirs magiques, son mentor, et un mélange d’acteurs et d’animation …
Moins connu, L’Apprentie Sorcière, ce petit bijou de 1971, porté par la célèbre Angela Lansbury vaut la peine d’être redécouvert…
L’histoire
Août 1940. Les autorités britanniques ont choisi le village de Pepperinge Eye, au sud de l’Angleterre, pour abriter les petits londoniens. Il faut dire que la menace des bombardements nazis pèse sur la capitale. Et voilà que Charlie, Carrie et Paul Rawlins se retrouvent placés chez Eglantine Prince. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que cette célibataire excentrique ne les accueille pas avec une extrême chaleur…
Pourtant, elle deviendra beaucoup plus sympathique lorsqu’ils découvrent qu’ils ont affaire à une apprentie sorcière. Elle suit les cours par correspondance du célèbre professeur Emelius Browne. En réalité, un parfait charlatan tirant profit de quelques vieilles formules recopiées dans un livre incomplet. C’est pourtant la seule manière de gagner la guerre !
A bord d’un grand livre en cuivre, les cinq compères partent à la recherche des pages manquantes. L’occasion de rencontres avec un monde d’animaux parlants, et d’un match de football d’anthologie…
Aux origines
Les ressemblances avec Mary Poppins n’apporteront pas le même succès aux Studios pour l’Apprentie Sorcière. Sans doute que le décès de Walt, cinq ans plus tôt y est pour beaucoup. C’est lui qui avait acquis les droits des roman The Magic Bed Knob et Bonfires and Broomsticks de Mary Norton au début des années ’60. Ils seront à la base du scénario.
En fait, Walt a le projet d’adapter l’histoire de Mary Poppins. Mais il se lasse des tergiversations de la romancière Pamela Lyndon Travers. Exaspéré, il envisage donc de se tourner vers un autre projet dont le sujet serait proche. Les livres de Mary Norton sont parfaits. Il propose même à son équipe de se pencher sur cette solution de repli. C’est ainsi que l’écriture du scénario et la composition de la musique débutent pour l’Apprentie Sorcière en 1964.
Entretemps, les droits de Mary Poppins étant acquis, la scénarisation de L’Apprentie Sorcière s’interrompt. Elle ne reprendra que fin 1969. Walt est décédé, et c’est le producteur Bill Walsh qui se charge du projet.
Assisté du scénariste Don DaGradi, il apporte quelques modifications à l’Apprentie Sorcière. Il replace l’histoire au début de la Seconde Guerre Mondiale. Emilius Brown n’est plus un mage venu du passé mais un contemporain d’Eglantine. Il modifie la fratrie. Et surtout, l’île de Ueepe, devenue Naboombu, n’est plus peuplée de cannibales mais par de sympathiques animaux.
Les frères Sherman, une dernière fois
Pour la partie musicale de l’Apprentie Sorcière, Bill Walsh s’adresse aux frères Sherman, les compositeurs fétiches des Studios. On leur doit quelques chefs d’œuvres : Merlin l’Enchanteur, Le Livre de la Jungle, Mary Poppins, .. Walsh respecte là le souhait de Walt qui avait déjà approché les deux frères en 1964, pour signer les chansons du film. Ils acceptent donc le projet par fidélité au Maître de l’animation. Ce sera leur dernière contribution à un film Disney.
Au chansons écrites en 1964, il ajoute The Beautiful Briny, une composition initialement destinée à Mary Poppins et qui vient maintenant accompagner la séquence de l’île de Naboombu.
Parmi ces chansons, on retiendra Portebello Road qui dépeint cette rue de Londres, The Age of Not Believing qui accompagne les tentatives de Charlie pour faire voler le lit magique, Substitutiary Locomotion sur laquelle valsent les objets…
Casting
Il faut noter le casting de l’Apprentie Sorcière tant les deux acteurs principaux le portent. Pour le rôle d’Eglantine Prince, plusieurs noms furent envisagés tels que Leslie Caron ou Julie Andrews. Le choix se portera finalement sur Angela Lansbury dont la maturité assurera le rôle de vieille fille atypique et attachante.
Le rôle d’Emilius Browne, qui devait être assuré par Ron Moody, reviendra finalement à David Tomlinson qui avait déjà joué le rôle du père de famille dans Mary Poppins et avait campé le méchant d’Un Amour de Coccinelle. Des rôles mythiques dans l’univers de Disney.
Les trois enfants, interprétés par Cindy O’Callaghan, Roy Snart et Ian Weighill sont tellement attachants que chaque enfant s’y reconnaît.
Coup de cœur du film
Plusieurs scène d’anthologie dans l’Apprentie Sorcière. On ne peut oublier le match de football sur l’Île de Naboombu. Emelius a accepté d’arbitrer la rencontre entre les deux équipes de football officielles. Elle oppose l’équipe jaune qui réunit le roi Léonidas, un rhinocéros, un phacochère, un crocodile, une hyène et un gorille en gardien de but, et une équipe bleue composée d’une autruche, un hippopotame, un kangourou, un guépard et du gardien de but, l’éléphant. On assiste alors à un match où tous les coups sont permis et où la mauvaise foi est de mise…
Mais on remarquera surtout la scène de la bataille finale. Et voilà les soldats nazis débarqués nuitamment repoussés par une armée d’armures, de cottes de maille, de carapaçons de cavalerie, de lances, d’oriflammes, d’arcs et de haches. Ensemble d’objets échappés du château et rendus à la vie par la magie retrouvée par notre apprentie sorcière…
La scène fait écho au générique qui nous présentait le résumé sous forme d’une allusion à la célèbre tapisserie de Bayeux.
Bref
A sa sortie, le film ne fait pas l’unanimité au prétexte qu’il ne serait qu’une pâle copie du cultissime Mary Poppins. Le public va le bouder.
Ce procès semble aujourd’hui exagéré. S’il est vrai qu’on ne peut nier les ressemblances avec les deux films, une histoire où la magie prend place, des acteurs donnant la réplique à des personnages animés, la musique des frères Sherman,…
Pourtant, malgré ces critiques, cinq nominations aux Oscars viendront couronner le film : Meilleures chansons, Meilleures Musiques, Meilleurs Décors, Meilleurs Costumes et Meilleurs Effets Spéciaux… qu’il remporte !
Voici donc un film à découvrir ou à revoir en famille. Un petit bijou de comédie musicale …
