Deux Bons Copains : une chanson émouvante et une révolution dans l'animation

La tradition chez Disney a souvent été de nous livrer des contes, histoires de Princesses ou d’animaux avec comme fil conducteur. Un autre sentiment fera son chemin, celui de l’amitié qui accompagne l’arrivée d’un personnage secondaire. Et puis il y a ce film où l’amitié semble improbable voire impossible.

Un renouveau s’annonce

Cette amitié, c’est celle qui s’établit entre un renardeau et un petit chien de chasse dans Rox et Rouky. Tout devrait opposer ces deux personnages qui, pourtant, se promettent pourtant d’être « amis pour la vie », ce que traduit la chanson titre « Deux bons copains » qui décrit cette situation improbable.

Dans un décor forestier serein, deux bons copains, un renard et un chien animés, se tiennent à l'extérieur d'une bûche, interagissant de manière ludique l'un avec l'autre.

Ce film est particulier puisque derrière cette histoire inédite, c’est un véritable tournant pour les Studios Disney qui s’annonce. Rox et Rouky, c’est une histoire innovante et l’aube d’une nouvelle vie pour les Studios.

La fin d’une génération

Une dizaine d’années après la mort de Walt Disney, les Studios sont dans la tourmente. La qualité des films proposés par les successeurs n’est pas au rendez-vous.

Mais un tournant s’amorce pour la Compagnie qui est en pleine transition entre une ancienne génération d’animateurs et la nouvelle qui s’annonce. Les Nine Old Men, ces animateurs mythiques, ne sont alors plus tout jeunes et, petit à petit, ils quittent le navire. Il n’en reste plus que trois pour s’impliquer dans la création de Rox et Rouky, une histoire qu’ils ont sélectionnée.

Cette illustration fantaisiste des « Neuf vieux hommes » de Disney représente Eric Larson, John Lounsbery, Woolie Reitherman, Marc Davis, Frank Thomas, Ward Kimball, Ollie Johnston, Milt Kahl et Les Clark comme de charmantes caricatures, comme deux bons copains dans le monde de l'animation.

C’est Wolfgang Reitherman qui découvre la nouvelle de Daniel P.Mannix en 1967 et qui la propose à ses deux collègues Ollie Johnston et Frank Thomas. Dix ans plus tard, le projet démarre et le trio s’attèle à écrire une adaptation plus acceptable que l’histoire originale.

Adaptation obligatoire

Il était totalement impossible, chez Disney, de se contenter d’adapter le roman. Dans la version de Mannix, Cooper et Tod sont un chiot et un renardeau bien complices durant leur enfance mais devenant de vrais ennemis à l’âge adulte, influencés par les hommes.

Page de titre de « Le Renard et le Chien » de Daniel P. Mannix, illustré par John Schoenherr, 1967. Présente des illustrations enchanteresses d'un chien et d'un renard, deux bons copains explorant leurs destins entrelacés.

Dans ce contexte, impossible d’entrevoir un happy end. Tod, poursuivi par celui qui est devenu un vaillant chien de chasse, tue le vieux Chef avant de mourir d’épuisement. Dépité par la mort de son vieux compagnon, le maître des chiens abat Copper ! On comprend l’adaptation nécessaire.

Un seul vétéran, une nouvelle génération

Reitherman et ses deux collègues décident de garder en vie les trois animaux et Chef s’en sortira avec seulement une patte cassée. Ils ajoutent aussi quelques personnages, comme la veuve Tartine qui recueille le petit renard.

Ils abordent aussi d’autres thèmes comme celui du conflit de génération entre Rouky, le chiot et le vieux chien de chasse, Chef.

Un homme animé tient un petit chiot tandis que deux bons copains, un chien plus gros et l'homme lui-même, regardent avec chaleur et joie devant une cabane en bois.

Mais après plus de quarante ans chez Disney, très vite Ollie Johnston et Frank Thomas quittent le projet pour prendre leur retraite. Reitherman se retrouve donc seul ns pour continuer le film dont l’animation est à une nouvelle génération de réalisateurs et d’animateurs parmi lesquels on retrouve les noms de John Lasseter , John Musker , Ron Clements , Glen Keane , Tim Burton, … Des noms que l’on retrouvera dans la renaissance de Disney des années 1980 et 1990, il me semble.

Cohabitation difficile

Entre cette nouvelle équipe et Reitherman, la cohabitation sera difficile et les premiers soucis surviennent. Il y aura tout d’abord un départ fracassant d’une partie de l’équipe d’animateurs désirant concurrencer Disney. A leur tête Don Bluth, l’une des figures emblématiques de la nouvelle génération.

Un homme inspecte des bobines de film dans une salle de montage, entouré d'équipements et de croquis de storyboard, rappelant une scène de « Deux Bons Copains », capturée sur une photo en noir et blanc.

Au milieu de la tourmente, Reitherman décide à son tour de prendre sa retraite. Le dernier des Nine Old Men voulait un film drôle mais Art Stevens s’orientait vers plus d’émotions et de tendresse. Ron Miller, gendre de Walt Disney et Président des Walt Disney Studios choisira les propositions du jeune réalisateur. Cela précipitera le départ du dernier représentant du premier âge d’or de l’animation chez Disney.

L’amitié

Ces difficultés sont bien loin de l’amitié, ce qui est un comble pour ce film dont c’est LE sujet central. On peut même dire que l’amitié est le « personnage » central de l’histoire.

Cette orientation est une première pour les Studios Disney qui retrouvent là une histoire simple. Pas de Princesse éplorée, pas de Prince Charmant pour la sauver. Pas de vrais méchants non plus. Juste une rencontre entre deux fermes voisines au milieu de la campagne américaine entourée de forêts.

Cet environnement donnera ainsi l’occasion que quelques clins d’œil à Bambi qui est sorti quelque quarante années plus tôt. Il suffit de se rappeler cette scène de chasse ou encore celle où Rox se retrouve seul sous l’orage.

Deux bons copains

La chanson Deux bons copains sera l’illustration du sujet central du film. Elle fait partie d’une bande originale qui sera l’œuvre d’un collectif.

La musique du film est due à Buddy Baker qui était entré aux Studios pour collaborer au générique de Davy Crockett mais à qui l’on doit aussi le célèbre Grim Grinning Ghosts de la maison hantée des parcs Disney. Rox et Rouky sera sa dernière collaboration avec les Studios.

Un homme âgé en chemise blanche et cravate rouge fait des gestes, évoquant le charme de deux bons copains, avec une main levée et l'autre tenant un crayon.

Quant au chansons, elles sont signées Jim Stafford, Richard Rich, Jeffrey Patch et, en ce qui concerne Best of Friends, Deux Bons Copains en français, on la doit, pour les paroles à Stan Fidel et pour la musique à Richard O’Johnston.

Et avec ce compositeur, c’est bien d’amitié qu’il s’agit puisqu’il est le fils d’Ollie Johnson l’un des derniers membres de la légendaire équipe des « Nine Old Men » qui avait participé avec ses amis Thomas et Reitherman aux débuts du film. La boucle est bouclée donc.

Un jeune chien animé et un jeune renard se tiennent sur l'herbe, se regardant avec des expressions amicales, comme deux bons copains.

Un hibou chante

La chanson intervient alors que Big Mama le hibou voit naître l’amitié des deux petits personnages.

Un hibou aux ailes déployées parle à un petit renard dans une zone herbeuse, leur lien de deux bons copains étant évident sur fond de clôture et de ciel nuageux.

Dans la version originale, c’est Pearl Bailey qui, non seulement, donne sa voix à Big Mama mais lui imprime aussi sa personnalité. En français, c’est Paule Emanuele qui la double, même si la chanson est interprétée par Évelyne Voilaume.

Un chien et un renard animés, deux bons copains, s'éclaboussent joyeusement dans un étang.

C’est une douce mélodie qui nous évoque la beauté de cet instant magique où ces deux protagonistes que tout sépare dépassent les différences. Elle nous parle aussi de ces adultes qui ne sont pas capable de comprendre cette magie. Des adultes qui ne pourront pas se mettre en travers du chemin de la véritable amitié.