On évoque fréquemment le deuxième âge d’or des Studios Disney mais on peut se demander quels sont les films qui ont constitué le premier âge d’or. Exemple avec Bambi et La Chanson de la Pluie.
Le premier âge d’or Disney
On peut dire que le premier âge d’or débute en 1937 avec la sortie de Blanche-Neige et les sept nains. En effet, même si l’histoire Disney commence bien avant, en 1923, avec la production de courts métrages, la sortie du premier long métrage d’animation marque un véritable tournant par son caractère innovant et sa splendide réalisation.
Les projets vont ensuite s’enchaîner, d’abord avec Pinocchio qui sort aux Etats-Unis en 1940 ainsi que Fantasia. Seuls les Etats-Unis ont la chance de découvrir ces films puisque l’Europe est en guerre et ne les connaîtra qu’après celle-ci c’est-à-dire en 1946 seulement. Ceci explique d’ailleurs les faibles recettes engendrées.
Heureusement Dumbo qui sort en 1941 rattrape un peu de déficit en rencontrant un succès semblable à Blanche Neige. Bambi suivra en 1942.
La base de tout
On pourrait penser qu’il est étonnant que cette période soit qualifiée d’âge d’or avec des succès tellement inégaux. Il est vrai que les cinq films qui constituent cette période ne sont pas spécialement caractérisé par leur succès commercial.
Mais c’est l’histoire même du long métrage d’animation qui se construit et ils jetteront les bases de ce qui fera les caractéristiques des films Disney.
Ainsi, Blanche-Neige est la première d’une longue série de Princesses à la recherche de l’amour. Il ouvre aussi à la longue liste des adaptations de contes, romans ou légendes. Le dernier de la série, Bambi, a ouvert la voie aux histoires dont les héros sont des animaux.
Mais ce qui rend cette période particulière c’est surtout qu’elle met en place les ingrédients qui seront l’identité des Studios : la présence importante de la musique et des chansons, des méchants très sombres, des compagnons légers et amusants et des héros tendres et naïfs.
Le dernier de la série : Bambi
Le dernier film de cette période est donc Bambi, un film parfois assez sombre.En fait, tous les films du premier âge d’or ont cette caractéristique d’être à la fois féérique et terrifiant. C’était là une volonté de Walt Disney qui pensait que la peur était un élément fait partie de la vie est participe au développement de l’enfant.
Voilà pourquoi on retrouve dans ces premiers films des scènes sombres savamment modérées par des scènes plus légères et qui conduisent toujours à un dénouement positif.
C’est, par exemple le cas du dernier. Bambi qui voit le jour au printemps va traverser les quatre saisons et connaîtra des épisodes tragiques et plus légers jusqu’à devenir un cerf majestueux qui voit naître deux petits faons. C’est le premier film qui nous parle du cycle de la vie.
Disney n’était pas le premier
L’histoire de Bambi a été racontée en 1928 par l’écrivain autrichien Felix Salten. Très vite, le roman intéresse le cinéma et le producteur Sidney Franklin en achète les droits en 1933. Il veut en faire un film en prise de vues réelles mais, très vite, il perçoit les difficultés d’une telle aventure.
C’est alors qu’il se tourne vers Walt Disney pour en proposer une adaptation animée. Le projet est mis en chantier dès 1936 alors que Blanche-Neige n’était pas terminé.
Il aurait donc dû être le deuxième à sortir mais ne sera que le cinquième. En fait, le chantier est lancé en décembre 1936 pour une sortie prévue pour Noël 1938. Perce Pearce et Larry Morey s’attèle à l’écriture d’un scenario au début de l’année 1937.
Il s’agissait tout d’abord de sélectionner les animaux principaux qui pourraient devenir des personnages iconiques. Il fallait aussi épurer le style très sérieux du roman de Salten. Et cette tâche s’est révélée plus complexe et donc plus longue que prévu. Cela retardera l’avancée du projet qui sera dépassé par les autres histoires, plus faciles à scénariser.
Une fois l’histoire ficelée, il fallait encore créer le graphisme des animaux. Pour cela, Walt a envoyé ses dessinateurs dans la nature afin d’en tirer des croquis de décor très réalistes. Et le studio fut même, pendant un temps, transformé en zoo afin d’observer l’anatomie des animaux à dessiner.
Une musique soignée
Le réalisme est donc le maître mot de ce dessin animé. Et la musique sera soignée de la même manière.
Contrairement aux films précédents, Bambi est centré uniquement sur des animaux et dans lequel il y a très peu de dialogue. Il fallait donc apporter un soin important à la musique qui serait présente pratiquement du début à la fin.
Elle ne s’interrompra qu’à deux passages importants, pour souligner le danger de la présence des hommes dans la forêt et le moment de la mort de la maman du petit faon.
Des compositeurs de talent
Cette prouesse musicale, cette véritable symphonie pastorale, on la doit à Frank Churchill et Edward Plumb.
Frank Churchill est déjà familier de la composition pour un film d’animation puisqu’il a déjà connu le succès avec la partition de Blanche-Neige et les Sept Nains. Son atout est d’écrire des mélodies simples qui restent en mémoire.
Edward Plumb, lui, a été directeur musical sur Fantasia. Cette expérience a été déterminante pour transformer les thèmes de Churchill en symphonie pastorale.
Le résultat est une musique sensible et pleine d’émotion à l’image de la petite pluie d’avril que découvre le nouveau-né. Et pourtant, elle aurait dû être tellement différente.
La chanson de la pluie
La musique qui devait accompagner l’arrivée de la petite pluie d’avril était Raindrops. Mais les paroles semblaient trop simplistes et la chanson donnait une impression vieillotte avec un rythme qui paraissait bien trop homogène.
On devine la suite. Exit Raindrops qui, à la dernière minute, est remplacée par la mélodie douce et charmante de La chanson de la pluie.
Musicalement, elle apporte les différentes étapes d’un orage. Elle commence doucement par une petite mélodie douce qui tombe goutte à goutte. Mais, petit à petit on entend l’intensité s’élever. La petite pluie devient une tempête dont le vent fait chanter les feuilles.
Et tout-à-coup, les percussions déclenche un orage impressionnant qui nous fait entendre un tonnerre grondant et une pluie d’une force qui terrorise le petit Bambi.
C’est là la première scène qui annonce au jeune faon que la vie peut avoir des aspects effrayants.
Raindrops versus La chanson de pluies
La première version fut abandonnée et remplacée en dernière minute. Mais on la connaît. Bien qu’elle n’ait pas officiellement intégré le dessin animé, elle avait été enregistrée. Cette version, qui n’existe qu’en anglais, a d’ailleurs été intégrée à certaines éditions lors de la sortie en video.
Il est certain qu’elle n’aurait pas eu l’impact de la chanson qui a été conservée dans la version finale. On peut dire que la Chanson de la pluie est l’une des grandes réussites musicales du film en se faisant à la fois impressionniste et descriptive.
On pourrait presque dire que la douceur de cette chanson pourrait nous faire aimer la pluie.