A travers les chansons de l’univers Disney, c’est une centaine d’années d’histoires que l’on découvre. Pour expliquer cette longévité, je ne vois que … la magie !
Et il faut dire qu’en matière de magie, ce ne sont pas les Fées, Magiciens ou Sorciers qui manquent chez Disney et avec eux quantité de formules et autres rituels pour apporter cette magie. Tout comme Substitutiary Locomotion.
Quelques formules magiques
Disney n’a pas d’ailleurs pas manqué d’imagination pour inventer toutes les formules nécessaires. Et elles sont savoureuses.
Un petit jeu ? Qui les prononce « Higitus Figitus Zomba Kazom » ? Merlin, Bien sûr ! « Beluga, Sevruga, Soufflez vents de la mer Caspienne » c’est l’horrible Ursula dans la Petite Sirène. Mais on se souvient moins de « Treguna Mekoides Trecorum Satis Dee ». Et pour cause puisqu’elle ne vient pas d’un personnage magique confirmé mais d’une Apprentie Sorcière.
Avant Mary Poppins
L’Apprentie Sorcière est une animation un peu moins connue dans l’univers Disney bien qu’absolument charmant et dans la lignée d’un Mary Poppins puisque ce film musical mélange personnages réels et animation.
L’histoire avait d’ailleurs été choisie par Walt Disney et mise en production au début des années ‘60 alors que les négociations pour les droits de Mary Poppins étaient au point mort.
Mise en production chaotique
Les droits pour cette histoire avaient été beaucoup plus facile à acquérir. En 1943, Mary Norton écrit un premier roman pour enfants intitulé « The Magic Bed-Knob », un livre dont Walt Disney achète les droits d’adaptation deux ans plus tard seulement. Norton écrira ensuite Bonfires and Broomsticks et les deux volumes seront réunis dans Bed-Knob and Broomstick en 1957. A ce moment, les droits sont engrangés par Disney. Pourtant, le projet est laissé de côté au profit de Mary Poppins.
Mais en 1961, les négociations avec Paméla Travers pour l’adaptation de l’histoire de la nounou magique stagnent. Revenir à la mise en production de Bedknobs and Broomsticks comme projet alternatif est suggérée et les frères Sherman se mettent au travail avec le scénariste Don DaGradi. Mais lorsque les droits de Mary Poppins sont enfin acquis, le projet Bedknobs est abandonné !
Retour du projet
Deux fois encore l’Apprentie Sorcière reviendra dans les discussions. On le remet en développement en avril 1966 mais très vite remis de côté car trop semblable à Mary Poppins.
Et il faudra attendre 1968 et l’approche de la fin du contrat des frères Sherman pour qu’il soit recontactés par Bill Walsh pour qu’ils reprennent le travail sur le scénario avec Don Da Gradi.
Une histoire modifiée
L’histoire originale de Norton est celle de trois enfants passant leur vacances d’été dans le Bedfordshire lorsqu’un jour le petit Paul voit Miss Price, leur voisine, chevaucher un balai. En échange du silence des enfants, elle accepte alors de les emmener à bord d’un lit volant vers diverses aventures magiques.
Le travail de Don Da Gradi et des frères Sherman sera de rendre l’histoire plus amusante en faisant de Miss Price une sorcière amateur qui utiliser sa magie pour aider l’effort de guerre.
L’équipe, et en particulier Bill Walsh, s’est éloignée du livre. Ainsi, plutôt que de proposer à Miss Price de rencontrer un magicien des temps anciens pour apprendre les sorts, ils ont préféré qu’elle suive les cours par correspondance de Emelius Brown, un escroc caché derrière une allure de magicien, ce qui rend le personnage amusant.
Et voilà alors le décor planté. C’est la guerre et l’Angleterre est en danger. Une apprentie sorcière, trois enfants et un escroc vont alors tout tenter de trouver l’élément manquant d’une formule magique qui sauvera l’Angleterre.
Substitutiary Locomotion : Créateurs de formules magiques
« Treguna Mekoides Trecorum Satis Dee ». Et voilà une formule magique de plus que nous propose les frères Sherman. Ils ont eu, en effet le don de les utiliser dans le but de lier musique et images.
Ils avaient commencé avec le « Higitus Figitus » de Merlin. Au moment de faire ses bagages, au lieu de dire « il est temps de partir », le voilà qu’il se met à chanter et que tous les objets volent jusqu’à son sac parfois de façon incontrôlée. Avec cette scène, on sait qu’il se prépare à partir mais il montre aussi son étourderie.
Il y avait eu aussi le célèbre « Supercalifragilixtisexpialidocious » de Mary Poppins qui sera bien plus qu’un « mot à dire lorsque l’on ne sait plus quoi dire ». La formule nous montre en fait son pouvoir à nous sortir toujours d’un mauvais pas.
Dans l’Apprentie Sorcière, la formule va servir à mettre en mouvement les objets à la fois avec rigueur et entrain.
Fin de l’histoire
On la doit donc aux frères Sherman qui signent la fin proche de leur collaboration avec Disney. Walt Disney s’était déjà tourné vers eux pour l’écriture des chansons du film avant même de commencer Mary Poppins.
Lorsque le travail reprend, après la mort du maître, Bill Walsh va les convaincre de terminer les chansons. Ils rouvrent donc le carton où dorment les premières compositions et les retravaillent. Ils seront rejoints pour le fond sonore par Irwin Kostal.
Un film malmené
Tous les ingrédients du succès sont là et pourtant, il ne sera pas vraiment au rendez-vous. Il est vrai que ce film fut malmené et sa production ne fut pas un long fleuve tranquille.
Alors que le voilà prêt à devenir le grand film de Noël, à quelques jours de sa sortie, une chanson, « A step in the right direction », est supprimée. La version ainsi raccourcie est présentée aux responsables du studio qui déteste le film. La décision est prise : on coupera plusieurs scènes ramenant le film de deux et demi à 117 minutes exactement. De nouveau, plusieurs chansons passent à la trappe. Des chansons qui apportaient de la couleur et un cachet au film.
Les frères Sherman diront que les nombreuses suppressions de leurs chansons a précipité la fin de leur collaboration avec Disney et que jamais Walt Disney n’aurait jamais autorisé ces changements.
Un succès mitigé
Le film sera toutefois nommé cinq fois aux Oscars mais ne remportera que celui des Meilleurs effets visuels. Rien pour la musique. La formule magique n’aura pas apporté assez de magie à cette chanson qui était pourtant la préférée de Walt tant elle symbolisait la quête du film.
Et pourtant, gardons cette formule dans un coin de la tête, on ne sait jamais. Avec un peu de magie, même un apprenti peu faire de grandes choses.