Comme dans toutes les histoires, des légendes viennent se greffer et dans le monde de Disney, il y a une rumeur qui court, c’est celle sur le colporteur qui raconte l’histoire d’Aladdin et de sa chanson Nuits d’Arabie.
Contexte
Ce personnage intervient au tout début du film alors que le morceau d’ouverture nous présente Agrabah, ce qui semble être la capitale d’un petit royaume du Moyen Orient. Elle est le prétexte à mettre en place l’histoire dans laquelle un jeune voleur, désirant se faire une place au soleil, tombe amoureux de Jasmine, la fille du Sultan. On pourrait se dire que ce n’est pas gagné mais un Génie viendra l’aider à déjouer les mauvais tours de l’infâme Jafar, l’ambitieux Vizir du lieu.
Une histoire qui reprend l’idée de l’un des plus célèbres contes des 1001 Nuits. Et ce personnage qui semble extérieur à cette histoire, un colpolteur, nous la conte à travers un très joli morceau aux accents orientaux, Arabian Night.
Colporteur ? Vraiment ?
Selon les rumeurs, ce colporteur serait le Génie lui-même, premier donc à apparaître dans le film.
Mais quels sont les indices qui laisse à penser que ce personnage haut en couleur se cache derrière ce petit bonhomme presqu’insignifiant ?
Si on y regarde de plus près, le petit marchand porte la même barbichette en forme de virgule. Et ce sont les deux seuls personnages du film à n’avoir que 4 doigts à chaque main, ce qui est très étrange pour un humain !
De là à se dire qu’il s’agit d’une seule et même personne, il n’y a donc qu’un pas. De plus, quoi de plus normal que ce soit lui qui raconte l’histoire. Après tout, il était aux premières loges !
Si ces indices induisent un doute, on pourrait toutefois penser à une coïncidence. Mais il n’y a pas que l’aspect physique qui soutient cette théorie. Les deux personnages sont doublés par la même personne : l’acteur Robin Williams. Cela ajoute donc à l’idée qu’ils forment tous deux une seule et même personne.
Alors, légende ou vérité ?
Cette théorie qui est restée une rumeur pendant 22 ans a finalement été confirmée par les auteurs du film.
Lors de la sortie du film en Blu-Ray en 2013, soit près de 23 ans plus tard, ils ont expliqué que la fusion de ses deux personnages existait dès l’écriture. Elle aurait même dû être plus explicite puisqu’à la fin du film il était prévu que le marchand fasse une réapparition et révèle qu’il était en fait le Génie. Mais l’évolution du scenario a demandé des coupes et l’idée a été perdue. Ce qui, finalement, était une bonne chose que ce doute qui a plané pendant des années.
Un acteur … Deux chanteurs
L’indice qui portait ces doutes était sûrement le fait que Robin Williams se charge du personnage. Pourtant, ce n’est pas lui qui a interprété la chanson du prologue.
S’il est vrai que Williams s’est vu chargé de doublé le petit personnage du début, les vocalises et les notes aigues de Nuits d’Arabie était trop difficile pour lui. C’est Bruce Adler qui s’est donc chargé de la chanson du colporteur.
Adler était lui, familier des chansons de style Broadway. Il venait aussi de participer aux chœurs de la Belle et la Bête. Il collera sa voix à celle du comédien pour assurer la ressemblance parfaite.
C’est donc un duo qui a fait vivre ce colporteur, en paroles et en musique.
Et à l’international
Si la volonté était bien de fondre le colporteur et le Génie en une seule personne, il n’en fut pas de même à l’international. Et cette particularité d’un même acteur pour les deux personnages n’a pas été retenue dans les autres versions.
Ainsi, en France, c’est Richard Darbois qui double le Génie. Mais il n’intervient pas sur le personnage initial dont le doublage est assuré par Bernard Alane, un acteur qui sera décidément dédié aux personnages narrateurs puisque, quelques années plus tard, il doublera également Clopin dans le Bossu de Notre Dame.
Un autre duo …
A l’origine de la chanson elle-même, une petite chanson, somme toute assez courte, mais qui est un véritable petit bijou, on ne pouvait que retrouver le duo magique du renouveau Disney : Howard Ashman et Alan Menken.
Après le succès de la Petite Sirène, c’est Aladdin qui aurait d’ailleurs dû marquer les retrouvailles entre le parolier et le compositeur. Aladdin, c’est le grand projet d’Ashman. Il en avait déjà soumis l’idée aux Studios Disney en 1988 alors que la Petite Sirène n’était pas sortie encore. Mais la projection du projet ne va pas convaincre Katzenberg qui rejette l’histoire. La déception sera telle que le parolier envisage même de demander les droits sur l’idée originale afin d’en créer une pièce pour enfants. Mais le duo est appelé sur le projet de la Belle et la Bête.
Ce n’est qu’à la suite que ressurgit l’idée de l’adaptation d’Aladdin. Malheureusement, Howard est malade. Atteint du sida, il ne verra pas le film, réalisé avec une histoire très différente de celle qu’il avait écrite mais dont il restera trois chansons : Je suis ton meilleur ami, Prince Ali et Nuits d’Arabie.
Tim Rice qui prendra la suite du travail d’écriture des chansons. déclarera lorsqu’il remportera l’Oscar de la meilleure chanson pour Ce rêve Bleu que « sans le grand talent et l’inspiration de Howard, il n’aurait pas été ainsi honoré et que « son travail ne mourra jamais »
Nouveau film, nouvelle chanson, nouvelles Nuits d’Arabie
Le compositeur, Alan Menken, sera amené à travailler sur le remix en live-action. Avec la superbe partition de ce film, et en particulier sur cette première chanson, il nous transporte en un instant au Moyen-Orient grâce à ses percussions traditionnelles. Répondant à la fonction narrative du moment, elle nous annonce déjà la dimension romanesque du conte. Pour aboutir à une telle qualité, il était évident qu’il était le seul à pouvoir retravailler la bande originale du live-action de 2019.
Un renouveau nécessaire ?
On peut se demander pourquoi ne pas avoir gardé la version originale. Mais au fil du temps, la musique évolue et les orchestrations changent. Toute la difficulté était donc de s’y adapter tout en restant fidèle à l’esprit de l’original que connaît le public. De plus, il était nécessaire de s’adapter aux acteurs du film. En l’occurrence Will Smith puisque dans le film live, le narrateur et le Génie sont interprété par la même personne pour le jeu et pour le chant.
En effet, la fusion des personnages étaient attestée et cela devait donc être le même acteur pour les deux rôles bien qu’ici il ne s’agisse plus d’un marchand mais d’un marin qui raconte l’histoire à des enfants. Et pour cela, il y aura un travail sur la musique mais aussi sur les paroles et finalement une réécriture sous forme d’un véritable numéro musical.
Une volonté plus affirmée
La fonction reste la même : présenter les personnages et la trame du film. Mais le développement sera plus important.
La volonté était que la musique suive la caméra qui partait à la découverte d’Agrabah et de ses principaux habitants. Cela a donné à la chanson une dimension plus ambitieuse que la version originale même si le résultat est de même nature.
Le génie nous incite à écouter cette histoire étonnante d’un voyou et d’une belle. Un Génie dont on retrouve d’ailleurs le visage dans la lune à la fin du film. On peut dire que la boucle est bouclée !