Au cours de ses plus de cent ans d’existence, les Studios Disney ont traversé des périodes de joie et de tristesse, connaissant des succès retentissants tout comme des échecs cuisants. L’une des plus grandes tristesses est survenue le 14 mars 1991, lorsque le monde de la musique, du cinéma et de l’animation a perdu l’une de ses figures les plus influentes : Howard Ashman. À seulement 40 ans, il a laissé derrière lui un héritage indélébile, étant l’artisan d’une véritable renaissance pour Disney.

Les Débuts d’un Talent

Howard Ashman est né le 3 mai 1950 à Baltimore, où il grandit dans une famille baignant dans la culture musicale. Sa mère, Shirley, était convaincue dès sa naissance que son fils deviendrait un artiste. Entouré de comédies musicales de Broadway et d’opérettes, Ashman développe très tôt une passion pour le théâtre. À l’âge de six ans, il rejoint la Children’s Theatre Association, où il commence à participer à des productions théâtrales, montrant ainsi son amour pour la scène.

Sa détermination l’a amené à forcer le destin : bien que le règlement interdisait aux enfants de moins de sept ans de rejoindre la troupe, il a réussi à être admis un an plus tôt. Cette expérience a nourri son amour pour le théâtre et lui a permis de se former dans un environnement stimulant.

Un Parcours Académique

Après avoir terminé ses études secondaires, Ashman entame des études de théâtre à l’Université de Boston, puis au Goddard College, où il commence à écrire pour le théâtre expérimental. Il obtient son diplôme en 1971 et se concentre sur la mise en scène et l’écriture, tout en développant une carrière dans le milieu théâtral. Lors de ses études à l’Université d’Indiana, il participe à une troupe professionnelle.  Est-ce un clin d’œil ?  C’est avec une comédie musicale basée sur le conte de Hans Christian Andersen, La Reine des neiges, qu’il propose un livret pour sa thèse de maîtrise.

Les Premiers Pas à New York

Une fois diplômé, Ashman s’installe à New York, où il travaille dans une maison d’édition tout en produisant ses propres pièces. Il se passionne pour le théâtre et devient rapidement reconnu en tant que producteur. 

Sa passion pour le théâtre le pousse à quitter le monde de l’édition même s’il y reste freelance, ce qui, ironie du sort, lui permettra de travailler sur le livre The Mickey Mouse Club Scrapbook.

Ses projets de théâtre et de comédies musicales s’enchainent de 1976 à 1979.  l prendra même, en 1977, la direction du WPA Theater déplacé sur la Cinquième Avenue.  Il y est codirecteur artistique avec Stuart White et est très vite reconnu comme producteur de spectacles hors Broadway.

Nous sommes à la fin des années 70 et Howard fait une rencontre décisive avec Alan Menken, avec qui il va former un duo créatif emblématique.

Leur collaboration débute avec God Bless You, Mr. Rosewater, qui reçoit un excellent accueil critique. Cependant, leur projet suivant, initialement basé sur la vie de Babe Ruth, est abandonné au profit d’une comédie musicale inspirée du film culte La Petite Boutique des Horreurs, qui connaît rapidement un immense succès.

Une Collaboration Fructueuse avec Disney

En 1986, Ashman commence à travailler avec Disney, d’abord en écrivant une chanson pour Oliver et Compagnie, intitulée Once Upon A Time In New York City. Ce travail lui rappelle les films de Disney de son enfance, qu’il a découverts grâce à sa grand-mère. Son enthousiasme pour l’animation et sa passion pour le théâtre le conduisent à s’impliquer davantage dans les projets de Disney.

C’est alors qu’Ashman et Menken sont appelés à collaborer sur La Petite Sirène, qui marque le début d’un renouveau pour les Studios Disney. Le duo apporte une touche de Broadway au film, utilisant des mélodies entraînantes et mémorables, comme Sous l’Océan et Partir Là-Bas. Les critiques saluent leur travail, et le film devient un immense succès, remportant plusieurs Oscars.

La Belle et la Bête : Un Nouveau Défi

En 1991, alors que La Petite Sirène n’est pas encore sortie, Ashman propose un scénario pour Aladdin. Cependant, l’accent est mis sur un autre projet, La Belle et la Bête, qui se heurte à des difficultés. Jeffrey Katzenberg, à la tête des studios, juge le scénario trop sombre et le remanie avec l’aide d’Ashman et Menken.

Ashman joue un rôle clé dans le développement de l’intrigue, en introduisant des personnages amusants comme les objets animés du château, qui apportent une légèreté à l’histoire. Son approche permet de donner vie à la Bête, centralisant l’intrigue autour de ses émotions et de son évolution.

Une Vie Marquée par la Maladie

En 1988, Howard Ashman apprend qu’il est séropositif, mais il continue de travailler sur La Belle et la Bête. Malgré les difficultés, il reste impliqué dans le processus créatif, assistant aux séances d’enregistrement par téléphone lorsque sa santé ne lui permet pas de se déplacer. Sa passion pour son travail et son engagement envers le projet sont inébranlables.

Malheureusement, Ashman ne verra pas la sortie de La Belle et la Bête. Il meurt le 14 mars 1991, à l’âge de 40 ans, laissant derrière lui une œuvre inachevée et un vide immense dans l’industrie. À la sortie du film, il est dédié à sa mémoire, soulignant l’impact qu’il a eu sur le projet.

Un Héritage Durable

Malgré son décès, la contribution d’Ashman aux Studios Disney ne s’arrête pas là. Son influence se fait sentir dans le film Aladdin, bien qu’il n’ait pas eu l’opportunité de travailler directement sur ce projet. Ses idées et son style musical continuent de résonner dans les productions futures, avec des chansons qui capturent l’essence de son travail.

En reconnaissance de son impact, Disney a honoré Howard Ashman et Alan Menken en les nommant Disney Legends en 2001, un titre décerné à ceux qui ont contribué de manière significative à l’entreprise.

Conclusion

Howard Ashman a laissé un héritage durable non seulement dans le monde de l’animation, mais également dans la musique de Broadway. Son talent créatif et sa capacité à tisser des récits émouvants à travers la musique ont redéfini le paysage des films d’animation Disney. Bien que sa vie ait été tragiquement écourtée, son influence perdure à travers les chansons et les personnages qu’il a contribué à créer, transformant à jamais l’univers Disney. Le 14 mars 1991, le monde a perdu un génie, mais les histoires qu’il a façonnées continuent de toucher le cœur des générations.