Au fil des épisodes on comprend combien les chansons Disney occupent une place spéciale dans le cœur de nombreux spectateurs grâce à leur capacité unique à susciter des émotions profondes. Joie, tristesse, courage ou émerveillement, ces mélodies accompagnent des moments-clés des films, rendant chaque scène mémorable. Comme Mon Tout Petit.
Et comment ne pas ressentir l’amour de cette maman qui console et rassure son bébé alors qu’elle est enfermée ? Comment ne pas être ému par cette jolie berceuse que chante la maman de Dumbo.
Une jolie histoire
Le sujet lui-même est poignant tant il touche à des sujets sensibles. Une sorte de Vilain Petit Canard version pachyderme qui deviendra l’une des histoires préférées du grand public.
Cette histoire a été écrite par Helen Aberson et mise en images par son époux Harold Pearl en 1939 pour devenir un Roll-a-Book. Il s’agissait d’un petit appareil destiné à permettre la lecture d’un livre, non pas en tournant des pages, mais en faisant défiler un rouleau de parchemin verticalement.
Inventé par Everett Whitmyre, le Roll-a-Book ne connaîtra la parution que d’un seul livre, The Lost Stone of Agog alors que Dumbo, l’éléphant volant devait être le deuxième. On en connaît pourtant l’existence grâce aux dessins préliminaires d’Helen Durney, l’artiste chargée d’adapter les croquis au format de l’appareil. Par contre le Dumbo Roll-A-Book reste un mystère qui n’a pas été retrouvé.
Une histoire originale
L’histoire de cet éléphant pas comme les autres était légèrement différente de celle que l’on connaît aujourd’hui.
Elle était d’ailleurs beaucoup plus simpliste et moins tendre. D’abord Dumbo n’était pas un bébé éléphant mais un éléphant nain avec de grandes oreilles roses. Alors qu’il doit se produire dans un cirque, juché sur une caisse et tenant une grosse balle sur sa trompe, il tombe au milieu des rires.
Il confie alors à son ami, le rouge-gorge Red qu’il aimerait tant s’échapper du cirque en volant. Chose dite, chose faite, le hibou Wise One lui apprendra à voler. Et son nouveau talent lui vaudra les acclamations du public alors qu’il survole l’arène où les autres éléphants sont entrés.
Coup de cœur pour Walt
Plusieurs théories courent à propos de la découverte de l’histoire par Walt Disney. Ce qui est certain c’est que dès 1939, l’enthousiasme le pousse à en acquérir les droits. Il confie alors à Dick Huemer et Joe Grant le développement de l’histoire d’un court métrage sur ce petit pachyderme. Mais les deux scénaristes voient plus grand et vont fournir à Walt un scenario plus fourni qu’ils nomment Dumbo in the Circus.
Il n’en faudra pas plus pour convaincre le papa de Mickey qu’il tient là l’occasion de sortir les studios de leur mauvaise passe en produisant un film plus modeste.
Sombre période
Lorsque Walt se lance dans la production de Blanche-Neige et les Sept Nains, ce n’est pas d’un coup unique qu’il s’agit mais il compte bien miser sur le long métrage.
Ainsi, dès 1935, il se lance dans d’autres histoires et dès 1940 sortiront Pinocchio, la grande œuvre musicale, Fantasia. Bambi est, lui, déjà en prévision.
Mais les budgets des trois premiers films sont pharaoniques. 1, 5 millions de dollars pour Blanche-Neige, 2,6 millions pour Pinocchio, près de 2,3 pour Fantasia. Or, si le premier film a connu un grand succès, ce ne sera pas le cas des deux suivants qui n’ont pas suscité autant d’intérêt auprès du public.
Il faut dire que le début de la Seconde Guerre Mondiale a commencé et qu’à cela s’ajoute une période de grève importante.
Il est donc impératif de renflouer les caisses, ce que Walt espère en se lançant dans une production moins chère qui pourraient générer des revenus suffisants.
Le succès de Dumbo
C’est cette nécessité d’économie qui fera le succès de Dumbo. Pour alléger les frais de production, plusieurs simplifications seront nécessaires. Il est ainsi nécessaire de simplifier l’animation. Ainsi, certains personnages n’entrant pas directement dans l’histoire ne sont qu’esquissé. C’est le cas des ouvriers construisant le chapiteau, des musiciens, des employés du cirque qui sont dessinés sans visage ou réduit à une simple silhouette.
Avec Dumbo, voilà donc un film dont les dessins sont moins détaillés, ce qui est compensé par l’utilisation de couleurs vives. Une histoire qui devait également être moins longue. A peine un peu plus d’une heure !
Tout cela permettra aussi de le réaliser beaucoup plus rapidement puisqu’une année suffira.
Par expérience
Si cette prouesse a pu voir le jour, c’est sans doute grâce à l’expérience des premiers films. Car indéniablement l’expérience des Studios sera mise à profit.
On retrouve dans Dumbo l’alliance des images et de la musique que l’on a connu dans Fantasia. Mais le film nous ramène aussi au côté burlesque des court-métrages qui furent la signature Disney pendant de très nombreuse années.
Enfin, la réalisation du long-métrage a réussi à merveille à enchainer les séquences d’émotion avec des moments de surréalisme intense. Autrement dit de croiser le rythme que l’on rencontrait chez Pinocchio avec le charme d’un Blanche-Neige.
Ainsi, personne n’a oublié la séquence culte de cet impressionnant défilé d’éléphants roses psychédéliques succédant à l’émotion de la scène où le petit éléphanteau rend visite à sa mère emprisonnée.
L’émotion en chanson
Cette scène d’amour maternel en particulier est sûrement l’une des plus poignantes de l’univers Disney et on ne peut que fondre en entendant la jolie berceuse que chante Madame Jumbo.
Car si les économies ont touché la réalisation du film, Walt savait toutefois qu’il n’y a pas d’animation sans musique et il va donc confier à Oliver Wallace et Frank Churchill, deux artistes sont reconnus pour leur travail sur les courts métrages de Mickey Mouse et des Silly Symphonies.
Et la musique aura un rôle central dans le film. Sa présence constante accompagne une scène mais peut également la bruiter. Elle a, entre autre su donner de la légèreté à certaines scènes remplie de tristesse et à créer une meilleure immersion dans le film.
Wallace sera l’auteur de la Marche des éléphants et de Voir voler un éléphant mais celui qui offrira les trois autres chansons, dont celle qui fondre le public Mon tout petit, c’est Franck Churchill.
Récompenses méritées pour Mon Tout Petit
« Mon tout petit » sera d’ailleurs sélectionnée pour l’Oscar de la meilleure chanson originale en 1942 mais devancée par The last time I saw Paris de Lady be good. Mais, la bande originale, elle, sera saluée par un Oscar de la meilleure musique de film lors de cette 14e cérémonie des Oscars.
Et ce ne sont pas là les seuls honneurs que recevra Dumbo. Alors qu’il sort en 1941 aux Etats-Unis, le vieux continent devra attendre la fin de la guerre et 1947 pour faire la connaissance du petit éléphant. Mais cet année-là, il aura les honneurs de la deuxième édition du Festival de Cannes où il remporte le Grand Prix du film d’animation.
Avec Dumbo, on peut assurément dire que petit film deviendra grand !