1928 : naissance de Mickey Mouse – Interview exclusive
Mickey Mouse fête aujourd’hui son anniversaire. Malgré un emploi du temps chargé, il a eu la gentillesse de nous consacrer un peu de temps pour une interview exclusive.
Bonjour Mickey Mouse. Mais dois-je vous appeler Mickey ou Mortimer ?
Il est exact que Walter me donna d’abord le prénom de Mortimer. Personnellement je n’aimais pas trop, mais que voulez-vous ? Ce que créateur veut. Heureusement Lilian, son épouse, a bien compris mon désarroi. Comme moi, elle trouvait ce nom, disons, « peu vendeur » (rires). Elle me baptisa alors Mickey. Mickey Mouse est donc bien mon nom officiel.
Nous fêtons donc ce 18 novembre votre anniversaire. Mais vous m’avez confié avoir un peu plus que ça …
Exact. La date officielle de naissance qui a été communément admise dans les studios Disney est celle de la première « présentation publique » de mon premier grand film Steamboat Willie au Colony Theater de New York. Il faut dire que ce film est un événement film puisqu’il est souvent considéré comme le premier dessin animé sonorisé.
En réalité j’ai fait ma première apparition dans Plane Crazy le 15 mai 1928. J’y évoquais l’exploit de Charles Lindbergh. Mais le public a boudé ce premier film. Tout comme le deuxième d’ailleurs, Mickey gaucho qui était sorti à la fin de l’été. Pourtant Walt a persévéré. Il a présenté Steamboat Willie le 29 juillet en version muette. Il cherchait pourtant comment attitrer le public. En se différenciant de ses concurrents, oui, mais comment. Il eut alors l’idée de refaire le film avec une bande son synchronisée. Succès.
Un lapin serait votre ancêtre. Vrai ?
D’une certaine manière oui. Walt avait créé au début de l’année 1927 un personnage de lapin, Oswald. La production était assurée par un contrat avec Charles B. Mintz. Et ce lapin eut du succès. Après un an, il rapporte de l’argent. Walt a voulu alors négocier pour obtenir une part de revenu plus importante. Refus, discussions… Et comme Walt ne possédait pas les droits sur le personnage, il l’a perdu. Il avait alors besoin d’une nouvelle vedette. C’est comme ça que je suis né.
Je me suis laissé dire que Walt Disney ne vous avait pas dessiné …
Walt est incontestablement mon père. C’est dans son esprit que j’ai été conçu. Il avait des idées très arrêtées vous savez. Il m’a aussi donné ma voix pendant des années. Mais il est exact qu’un coup de crayon n’était pas optimal. Alors mon allure. Deux larges cercles pour la tête et le corps, deux plus petits pour les oreilles, des tubes pour les bras et les jambes, des grands pieds dans des chaussures,… Ca c’est l’œuvre de Iwerks. Tout comme pour Oswald d’ailleurs.
Mickey, beaucoup de personnages évoluent dans votre univers. Une petite confidence : comment avez-vous rencontré Minnie ?
Minnie a été à mes côtés depuis le tout premier film même si nous n’étions pas aussi proches. Elle fête donc également ses 90 ans.
Outre votre physionomie toute en cercles, l’une de vos caractéristiques est de toujours porter des gants blancs. Coquetterie ?
Je n’ai pas immédiatement porté des gants. La première fois, c’était dans The Opry House, en mars 1929. J’avais fait remarquer à mon créateur, Walt, qu’étant conçu en noir et blanc, on ne voyait pas bien mes mains lorsqu’elles passent devant son corps de couleur noire. Or, dans ce film, je suis pianiste. On devait voir mes mains.
Mais quelques années plus tard, votre graphisme était colorisé ?
C’est en 1935 que j’apparais pour la première fois en couleur. Dans le film La Fanfare. Mais j’ai gardé mes gants, par habitude.
Physiquement vous avez évolué durant ces années…
Mais bien sûr que j’ai changé. Vous pensez, en 90 ans. Vous ne changez pas vous ? Dans le premier film, Plane Crazy, mon dessin était plus simpliste : tête ronde, ventre rond et oreilles rondes mais un museau allongé et des bras et des jambes maigrichons. Remarquons qu’on n’avait même pas pensé à m’offrir une paire de chaussures. Je n’en aurai que pour Steamboat Willie, des blancs ! J’avais les yeux globuleux aussi, tout blancs avec une petite pupille noire. Mon dieu que j’étais laid. Il faudra attendre 1939 pour que l’on affine quelque peu ma silhouette.
Après les films, vous avez abordé la télévision ou la presse papier mais le moment le plus marquant ne fut-il pas la création des parcs ?
C’est sans nul doute l’aventure la plus palpitante que j’ai pu vivre avec Walt. Le début de l’aventure Disney commence avec mon premier film. C’est là que l’entreprise a pris de l’ampleur. Mais Walt bouillonnait d’idées. Il y eut pleins de courts métrages montrant les personnages les plus divers. Mais l’idée de génie fut de développer les longs métrages d’animation. Blanche Neige montrera la voie en 1937. Et là, le succès dépasse les Etats-Unis. Je commencerai une carrière internationale.
Le nombre de personnages augmentant, Walt commença à penser à une idée folle. Je me rappelle de notre discussion. « J’ai une idée fantastique. On va faire un graaaaaand parc avec des attractions et des animations. Et les gens pourront venir voir Mickey en vrai. Ils pourront prendre des photos avec Blanche-Neige et faire un câlin à Alice! » me dit-il. Personne n’y croyait. Mais quand il avait une idée, il ne la lâchait pas ! Il devait trouver le financement. Et il allait de refus en refus. Mais il ne lâcha rien. Et les travaux de Disneyland ont commencé.
Il n’était plus là pour voir l’ouverture de son « Royaume Enchanté » à Walt Disney World en 1971. Mais Roy, son frère, m’a assuré que dans sa tête il l’avait vu, comme il avait vu tous les autres parcs qui ouvriraient dans le monde.
Et vous, comment avez-vous vécu l’ouverture des Parcs Disney ?
Les Parcs sont mes lieux d’émotion. Les endroits où je peux rencontrer tous les petits …et moins petits (rires). C’est là que je me sens vivant. Et je crois que c’est le cas de tous les personnages.
Pourtant ils sont marqués par de nombreuses évolutions. Je pense, par exemple, à l’arrivée de personnages de sciences fiction tels ceux de Star Wars ou de Marvel. Ne s’éloigne-t-on pas de la magie de Disney ?
Non, pas du tout. Toutes ces histoires rejoignent l’univers de l’imagination, et donc ont quelque chose de magique.
Je dois vous dire que je suis un inconditionnel de Star Wars. Cet univers fait, depuis longtemps, partie des parcs Disney avec l’attraction Star Tours. George (Lucas) est un fan absolu de l’univers Disney. Je l’ai rencontré pour la première fois lorsqu’il a produit “Captain Eo”, un show futuriste en 3D à la gloire de Michael Jackson. De cette collaboration naîtra le voyage spatial de Star Tours. Quand les personnages sont rentrés dans le parc je n’ai pu qu’applaudir. J’adore moi-même me déguiser en Jedi.
Je connais moins les héros de Marvel mais ils font partie de l’univers des enfants d’aujourd’hui et à ce titre sont tout-à-fait légitimes.
Que nous diriez-vous en conclusion Mr Mickey Mouse ?
Walt avait l’habitude de dire « Tout ce que je souhaite, c’est que l’on ne perde pas de vue une chose : tout a commencé avec une souris ». Il m’a donné là une lourde responsabilité. Celle d’être une référence pour tous les enfants du monde, petits et grands.