Si l’homme est connu pour ses films et ses parcs, Walt Disney nourrissait également une passion pour le train…
La naissance d’un amour
Walt est né en 1901 et a eu une enfance idyllique dans une ferme à Marceline, dans le Missouri. À l’époque, les chemins de fer représentaient bien plus que des moyens de transport, en particulier pour Walt. Son père était mécanicien de chemin de fer et son oncle Mike Martin était mécanicien de locomotive à vapeur. Le premier emploi de Walt consistait à vendre des journaux, des bonbons et des fruits sur les chemins de fer d’Atchison, Topeka et Santa Fe.
De retour de la 1e guerre mondiale, avec seulement 40 dollars en poche, Walt a pris un train pour la Californie. Avec son frère Roy comme partenaire, il espère changer le monde de l’animation. Son premier succès, Oswald the Rabbit, va lui échapper suite à un mauvais accord commercial.
Le destin
En faillite, il rentrait en Californie en train avec sa femme Lillian et imagine un nouveau personnage : Mortimer Mouse. Sa femme va le convaincre de changer ce prénom qu’elle trouve trop guindé en Mickey. Les 20 années qui suivront seront magiques. Les studios Disney vont publier un flux constant de films d’animation révolutionnaires.
La passion ferroviaire
Amoureux des trains depuis sa jeunesse, Walt avait installé un train miniature Lionel dans son bureau. Il va découvrir dans les années 1940 que cette passion peut aller plus loin. Ses animateurs, Ward Kimball, qui a dessiné Jiminy Cricket et Ollie Johnston, célèbre pour avoir créé Pinocchio et Bambi ont monté chez eux des modèles réduits sur lesquels on peut réellement voyager. Il engage Roger E. Broggie pour œuvrer dans l’atelier d’usinage des studios et lui construire un chemin de fer miniature.
Le chemin de fer de Walt, se nommera Carolwood Pacific d’après son adresse postale personnelle. Un kilomètre de voie, des aiguillages, un tunnel de 21m de long qui passe sous les massifs de fleurs de Lillian qui tolère les excentricités au prix de petits aménagements. Walt, reconnaissant, nommera sa première machine la “Lilly Belle”.
Un visionnaire
Il emmenait régulièrement ses jeunes filles au manège dans de petits parcs d’attractions et s’asseyait sur un banc en attendant. Il conçoit alors un parc à thème où les parents et les enfants pourraient s’amuser ensemble. Appelé à l’origine Mickey Mouse Park , il dira: “Je veux juste qu’il ne ressemble à rien d’autre dans le monde … et devra être entouré d’un train.”
Malgré les oppositions familiales, Walt persiste dans son rêve et le 17 juillet 1955, Disneyland ouvre ses portes à Anaheim, en Californie. Il ne ressemblait à rien au monde et il était encerclé par son train. Ce principe d’entourer un parc d’un véhicule fera le tour du monde. Train, monorail, nacelles… Quoi de mieux pour avoir un aperçu des lieux.
Les premières machines
Rapidement le projet du parc d’Orlando, Magic Kingdom voit le jour. Quatre vieilles locomotives mexicaines ayant travaillé pendant des décennies au transport du chanvre et de la canne à sucre au Yucatan sont sauvées de la casse. Roger Broggie les acheta pour 750 dollars, les envoya en Floride et les restaura complètement.
Nouvelles peintures brillantes, pièces et tuyaux de cuivres ou laitons qui brillent de mille feux, nouvelles cheminées, nouveaux phares carrés …. Tout pour séduire. Les quatre machines seront rebaptisées: Walter E. Disney, Lilly Belle, Roger E. Broggie et Roy O. Disney.
Walt n’a jamais pu les voir. Il décède des suites d’un cancer du poumon le 15 décembre 1966. Son frère Roy reprend le flambeau le 1 er octobre 1971.
Le Magic Kingdom à Orlando ouvrira avec quatre locomotives entourant le nouveau parc. Elles deviendront les trains à vapeur les plus populaires du monde, faisant le bonheur des enfants et attirant 3,7 millions de passagers par an.
Magic Kingdom, l’expérience unique
Un trajet de 20min vous permet de faire le tour du parc et si vous souhaitez regarder de près ces engins, vous pouvez faire un tour dans les coulisses. Une visite privée et limitée à 20 personnes se déroule devant les portes du royaume magique à 7h30. L’heure matinale est vite oubliée quand un véritable mécanicien de locomotive, Joe, apparaît en combinaison, bonnet rayé et bandana rouge, prêt à vous accompagner.
Chaque locomotive fait le tour du Magic Kingdom 70 fois par jour. Et il faut 45 minutes pour allumer chaque locomotive et obtenir de l’eau à 425 degrés pour créer la vapeur de propulsion. Elles sont entreposées dans une gigantesque “rotonde” qui abrite également les monorails de Disney World. Les entretiens se font la nuit pour préparer les moteurs, polir les cuivres, repeindre une partie de la garniture, ravitailler le tender. Ces trains ont travaillé côte à côte au Mexique pendant 40 ans. Et aujourd’hui, ils voyagent toujours ensemble sur les mêmes rails.
A Disneyland Paris
Les informations essentielles :
Baptisé Euro Disneyland Railroad lors de l’ouverture, le complexe ferroviaire prend le nom de Disneyland Paris Railroad en 1994.
Et Disneyland Railroad en 1995.
Pour les curieux, on peut encore découvrir les lettres d’origines EDRR dans le parc ou dans les ferronneries de la gare de Main Street. Le Parc compte 4 machines fabriquées par des passionnés au Pays de Galle en utilisant les savoir-faire et techniques originales. Ces locomotives portent le nom de W.F.Cody, C.K.Holliday, George Washington et Eureka. Elles tournent sur une voie, posée sur une butte, ayant un écartement faible et bénéficient d’une technique de chauffage moderne évitant les risques de gel. Le château d’eau alimentant les trains, grands consommateurs d’eau, se trouve juste après la gare de Frontierland.
Les sites
Les gares sont au nombre de 4 : Main Street Station, Frontierland Depot, Fantasyland Station, Discoveryland Station. Elles sont toutes construites côté intérieur des voies. Seul Adventureland ne possède pas de Gare.
Deux passages sont couverts : Entre Main Street USA et Frontierland, le Grand Canyon Diorama qui présente la faune et la flore de l’Arizona cache le bâtiment de Phantom Manor. Avant d’entrer dans Fantasyland Station, les trains traversent l’attraction Pirates of the Caribbean.
Les machines fantastiques
À la différence des engins qui animent les autres parcs Disney , les wagons et la locomotive de chaque train forment un ensemble homogène. Chaque ensemble est constitué d’une locomotive, d’un tender et de cinq voitures vitrées ouvertes sur le côté intérieur de la voie.
Train No 1:
Le William Frederic Cody du nom de Buffalo Bill propose un thème lié à l’ouest américain. Les wagons vert et or portent les noms de sites célèbres de la conquête des grandes plaines desservis par le train.
Silverton, Durango, Denver, Wichita et Cheyenne.
La lanterne avant de la locomotive est décorée d’un élan et surmontée de bois de cerf.
Train No 2:
Le Cyrus Kurtz Holliday fondateur du Santa Fe Railroad en 1859. Cette ligne relie le froid de la Nouvelle-Angleterre vers la ville de Santa Fe au Nouveau Mexique sur environ 3700 km. Les wagons portent le nom de lieux célèbres du nord-est des États-Unis. Coney Island, Atlantic City, Chesapeake, Long Island et Niagara Falls.
Train No 3:
Le George Washington, premier président des États-Unis d’Amérique. Ses couleurs bleu, blanc et rouge sont celles de la nation américaine. Mount Vernon, Boston, Philadelphia, Yorktown et Valley Forge. Ces lieux évoquent les grandes étapes de cet homme incontournable dans l’histoire des Etats Unis.
Train No 4:
L’ Eureka. Ce fut le dernier arrivé des trains du parc, livré après la construction de la dernière gare : Discoveryland Station.
Deux hypothèses sont liées à la notion de découverte. Il pourrait s’agir du cri légendaire poussé par les mineurs californiens lors de la découverte des premiers filons en 1848. Ou d’Eurêka, utilisé par Archimède lors de la découverte de la poussée qui porte son nom. Los Angeles, Monterey, Sacramento, San Diego et San Francisco sont des villes liées à la ruée vers l’or.
Désormais, vous regarderez ces trains avec un œil nouveau et curieux.