La mort de Walt Disney en 1966 a marqué le début d’une période de léthargie pour les studios Disney. Pendant des années, l’animation Disney a connu des hauts et des bas, mais un tournant majeur s’est produit à la fin des années 1980 avec la sortie de La Petite Sirène en 1989. Ce film a ouvert la voie à un véritable renouveau, mais c’est le film suivant, La Belle et la Bête, qui a véritablement confirmé ce retour en force.

L’Avant-Première de “La Belle et la Bête”
Le 13 novembre 1991, le public a découvert en avant-première à l’El Capitan Theatre d’Hollywood la première représentation de La Belle et la Bête. Après des années d’incertitudes, cette première a été un moment marquant pour les Studios Disney, offrant une entrée fracassante dans ce que l’on appelle aujourd’hui le deuxième âge d’or de l’animation Disney.
Les Origines du Renouveau
L’origine de ce renouveau est souvent attribuée à plusieurs événements clés. Pour certains, il commence avec La Petite Sirène, tandis que d’autres soulignent l’importance de Howard Ashman, qui a écrit la première chanson pour Oliver et Company et a commencé à établir un nouveau standard musical pour les films d’animation. D’autres personnalités, comme John Musker et Ron Clements, ont également contribué à la renaissance de Disney avec Basil, le détective privé.

À cette époque, Michael Eisner et Jeffrey Katzenberg ont pris la direction des studios, apportant avec eux une vision optimiste pour l’avenir. C’est alors que Musker et Clements ont décidé d’adapter l’histoire d’Ariel, marquant ainsi un retour aux contes de fées et tentant de rétablir le lien avec un public qui n’avait plus eu d’histoires captivantes depuis La Belle au Bois Dormant en 1959.
Une Histoire Réinventée
Alors que La Petite Sirène présentait une histoire plus traditionnelle, La Belle et la Bête s’est démarquée par son approche audacieuse. L’histoire originale a dû être réécrite pour s’adapter à l’esprit Disney, et les scénaristes ont vite compris qu’il était impossible de rester fidèle à chaque élément du conte.
Le premier projet, réalisé en 1983 par une équipe d’animateurs vétérans, a présenté un jeune prince qui se transforme en Bête après une leçon de vie. Cependant, ce concept a été abandonné, jugé trop enfantin. Un second projet, créé en 1986 par Phil Nibbelink et Steven E. Gordon, a été inspiré du film de Jean Cocteau, mais il a également été abandonné.
Les Scénarios Successifs
Les années 1988 ont marqué un tournant décisif, avec deux scénarios produits simultanément. Jim Cox, le scénariste d’Oliver et Compagnie, a intégré des éléments du conte original tout en ajoutant de nouveaux personnages, comme les sœurs de Belle et un père inventeur. Toutefois, ce projet manquait de cohérence et a finalement été rejeté.

Les équipes de production ont continué à travailler, cherchant une nouvelle ligne narrative. En fin de compte, Jeffrey Katzenberg a décidé de faire appel à Linda Woolverton pour réécrire le scénario, en introduisant une dynamique plus forte entre les personnages. Belle est devenue une jeune femme qui prend sa destinée en mains, tandis que Maurice, son père, se retrouve capturé par la Bête après avoir cueilli une rose dans son jardin.
L’Approche Musicale
Un changement clé dans le développement du film a été l’introduction de la comédie musicale comme élément central. Katzenberg a rappelé le duo gagnant de La Petite Sirène, Alan Menken et Howard Ashman, pour apporter une nouvelle dimension musicale au film. Ashman a réécrit le scénario pour donner à la Bête un rôle plus central et lui conférer une personnalité complexe, tout en intégrant des objets animés, tels que Lumière et Madame Samovar, pour apporter une touche de légèreté.

Une Nouvelle Équipe Créative
Avec le départ des réalisateurs initiaux, Katzenberg s’est tourné vers deux jeunes talents, Kirk Wise et Gary Trousdale, qui allaient finalement réaliser le film. Menken et Ashman, de leur côté, ont développé une bande sonore qui est rapidement devenue emblématique. Des paroles imagées ont été écrites et mises en images dans le storyboard, marquant un tournant décisif dans la création du film.

Un Travail Soigné sur l’Animation
La volonté de produire un film réaliste a conduit une partie de l’équipe à se rendre en France pour s’inspirer des décors. Glen Keane, le superviseur de l’animation de la Bête, a dessiné des croquis basés sur différents animaux afin de donner vie au personnage. Pour Belle, James Baxter a étudié le mouvement des danseurs de ballet pour créer une démarche légère et gracieuse.

Un défi majeur a été d’animer des objets inanimés. Les animateurs ont copié les traits des comédiens de doublage pour donner vie aux personnages tels que Lumière, qui a été inspiré par Jerry Orbach, et Madame Samovar, qui a pris les traits d’Angela Lansbury. L’innovation majeure a été l’utilisation conjointe d’images 2D et d’images de synthèse, une technologie développée par Pixar. Cela a permis de créer des scènes emblématiques, notamment la célèbre valse entre Belle et la Bête dans la magnifique salle de bal.

Le Succès Retentissant de “La Belle et la Bête”
Contre l’avis de certains membres de l’équipe, une version inachevée du film a été présentée au festival du film de New York. Le film a été accueilli avec enthousiasme par les professionnels, et cela a amorcé une sortie triomphale lors de l’avant-première le 13 novembre 1991.
La Belle et la Bête a connu un succès fulgurant au box-office, marquant une première nomination pour un film d’animation dans la catégorie Meilleur film aux Oscars. En plus des nombreuses récompenses remportées, le film a été adapté en comédie musicale et, des années plus tard, en film live-action, prouvant ainsi son impact durable sur la culture populaire.

Conclusion
Le parcours de La Belle et la Bête témoigne de la résilience et de la créativité des studios Disney dans les années 1990. En réinventant des histoires classiques avec une touche moderne et en intégrant des éléments musicaux puissants, Disney a réussi à capturer l’imagination d’un public nouveau et a posé les bases d’une nouvelle ère pour l’animation. Ce film a non seulement redéfini le genre, mais il a également ouvert la voie à une série de succès qui continuent d’influencer le monde du divertissement aujourd’hui.
