Disney a toujours su créer des personnages mémorables et des chansons (comme Pauvres Ames Infortunées), et parmi eux, les Vilains occupent une place particulière. Avec la sortie de “La Petite Sirène”, les Studios Disney ont marqué le début d’une nouvelle ère, où les véritables méchants, aussi essentiels que les héros, sont revenus sur le devant de la scène. Au cœur de cette renaissance se trouve Ursula, la sorcière des mers, un personnage dont le machiavélisme et la complexité en ont fait une figure emblématique du cinéma d’animation.
L’œuvre originale
Dans l’œuvre originale de Hans Christian Andersen, la sorcière des mers est un personnage secondaire sans nom, qui ne représente pas véritablement le mal. Elle aide la Petite Sirène à obtenir une apparence humaine en échange de sa voix, mais son rôle n’est pas celui d’une antagoniste classique. Au contraire, le récit explore des thèmes tels que l’amour impossible et le sacrifice.
Mais malgré une fin tragique, l’histoire contenait tous les éléments typiques d’un conte de fées à la sauce Disney : une jeune fille en quête d’amour, un prince charmant et une touche de magie. L’adaptation était nécessaire si on voulait lui donner les couleurs Disney. Et parmi elles, introduire un véritable méchant ! Les scénaristes ont alors décidé de renforcer le personnage de la sorcière. Ainsi, elle a été dotée d’un prénom, Ursula, et a acquis toutes les caractéristiques d’un vilain redoutable.
Qui est Ursula ?
Ursula n’est pas seulement une sorcière. Son histoire est celle d’une créature qui a été bannie du Palais du Roi Triton. Autrefois membre de la cour, elle vit désormais en marge du royaume. Cet exil va alors nourrir chez elle un désir de vengeance immense, ce qui la rend d’autant plus dangereuse.
Son aspect de cecaelia, une créature sous-marine avec un buste humain et des tentacules, est un choix visuel frappant. Contrairement à l’entourage du Roi Triton, Ursula incarne une menace physique. Cette apparence, inspirée de la dragqueen Divine, la présente comme une figure excentrique, ultra maquillée, presque vulgaire, avec son teint mauvâtre et sa chevelure grise.
Terrible bavarde
L’une des caractéristiques les plus marquantes d’Ursula est sa voix. Contrairement à d’autres méchants de Disney, qui peuvent être plus silencieux ou mystérieux, Ursula est une grande bavarde. Elle séduit et manipule ses victimes par ses discours fascinants. Sa capacité à captiver son auditoire est une arme redoutable, et elle utilise l’amour comme un outil pour duper ceux qui l’entourent.
Une chanson pour prendre au piège
Dans la célèbre chanson “Pauvres âmes infortunées”, Ursula se présente comme une bienfaitrice. Elle promet de réaliser les vœux des âmes en détresse, mais son aide n’est jamais gratuite. Elle exige toujours une contrepartie, et ceux qui échouent à remplir leurs obligations subissent de terribles conséquences. Les polypes lamentant leur sort dans son jardin symbolisent les victimes de ses promesses brisées, mettant en lumière les dangers de ses offres séduisantes.
Le duo gagnant
“La Petite Sirène” est souvent cité comme le premier grand succès du renouveau de Disney, en grande partie grâce à Howard Ashman et Alan Menken, qui ont su capturer l’essence de cette histoire à travers des chansons mémorables. Howard Ashman a même enregistré une version de la chanson d’Ursula pour convaincre l’actrice Pat Carroll d’accepter le rôle. La chanson a depuis été reprise sous diverses formes, dont une version rock par les Jonas Brothers et une interprétation surprenante par l’acteur Titus Burgess.
Pauvres Ames Infortunées : Arrangement pour le live action
Avec l’adaptation en live action de 2023, il était évident que le public attendait de retrouver les mélodies emblématiques de l’animation originale. Cependant, le temps a changé depuis 1989, et certaines chansons ont dû être révisées pour refléter les valeurs contemporaines.
Par exemple, dans la chanson “Embrasse-la”, où un personnage incitait à un baiser sans consentement, les paroles ont été modifiées pour respecter les normes modernes de consentement.
De même, la chanson d’Ursula a été rebaptisée “Pauvres âmes en perdition”, les paroles étant remaniées pour éliminer des éléments jugés sexistes. Des conseils tels que “il vaut mieux ne pas trop s’exprimer lorsqu’on est une jeune fille” ont été remplacés pour s’aligner avec les revendications d’égalité de genre d’aujourd’hui.
Et c’est Melissa McCarthy qui a été choisie pour interpréter cette version modernisée par Alan Menken, ajoutant une touche contemporaine à un personnage déjà emblématique.
Ursula, bien plus qu’une méchante
L’évolution d’Ursula dans le contexte de “La Petite Sirène” montre comment Disney a su s’adapter et répondre aux préoccupations sociétales. Ce personnage, qui autrefois ne représentait que le mal, est devenu une figure plus complexe, incarnant des thèmes de rejet et de pouvoir.
Mais quelle que soit la version, loin d’être simplement une méchante stéréotypée, Ursula est une figure tragique dont les actions sont motivées par un profond ressentiment et un besoin de reconnaissance. En d’autres termes, Ursula n’est pas qu’un simple vilain dans “La Petite Sirène”. Elle est le reflet des tensions sociales et des valeurs culturelles qui évoluent avec le temps. Son personnage illustre la lutte pour le pouvoir et la reconnaissance, tout en servant de mise en garde contre les dangers des promesses trompeuses.