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La Marche des Eléphants : entre surréalisme et éléphants roses

Chaque chanson de l’univers Disney reflète parfaitement l’ambiance du moment et soutient les images ce qui donne lieu, parfois, à des transitions surprenantes comme ce moment psychédélique de La Marche des Elephants, alors que Dumbo vient d’être bercé tendrement par sa maman emprisonnée.

La marche des éléphants. Un éléphant animé avec un grand chapeau regarde vers le haut, entouré de plusieurs figures d'éléphants roses, ressemblant à une scène fantaisiste de « La Marche des Éléphants ».

Transition incroyable

Ce moment suit la bouleversante chanson « Mon tout petit » alors que pour réconforter l’éléphanteau, Timothée lui propose de boire un seau d’eau, qui, en fait, est rempli de champagne.  Survient alors une scène terrifiante pour le petit.  Des bulles de savon qui se transforment en éléphants roses débutant un défilé obsédant, voire cauchemardesque.  

Un éléphant de dessin animé, faisant partie de « La Marche des éléphants », est entouré de bulles jaunes, regardant de côté avec un œil bleu vif visible.

Et les formes s’enchainent jusqu’à ce que le soleil levant voit Dumbo se réveiller au sommet d’un arbre.  Une scène tellement étrange dans le monde de Disney.  Surtout quand on pense à l’époque de sa conception.  Nous sommes en 1941 et pour l’époque du film, cette séquence est très novatrice. 

Surréalisme

L’explication tient dans la passion de Walt Disney pour le surréalisme.  Ce n’est pas la première fois qu’il y a recours et cet intérêt sera plusieurs fois manifesté.

En réalité, Walt et son frère Roy sont des admirateurs de ce mouvement artistique créé par André Breton.  Et ce n’est pas étonnant puisque la caractéristique de ce mouvement c’est de n’obéir à aucune règle et de placer au-dessus de tout le rêve et l’imagination.  Et dans cette définition, on peut reconnaître le besoin de créativité de Walt. 

Pourquoi Dumbo ?

Dumbo n’est pas le premier film Disney à intégrer des éléments manifestement surréalistes.  En 1940, une année avant la sortie de Dumbo, Walt profite de l’imagination musicale de Fantasia pour inclure des images novatrices, principalement dans le tableau Toccata et Fugue.  A travers l’imaginaire des scènes, l’originalité des décors, il tend à se rapprocher des œuvres de Dali ou Magritte.  La touche y est mais reste discrète.

Des faisceaux de lumière brillent vers le haut sur un fond sombre, créant un motif symétrique rappelant la marche des éléphants.

Avec Dumbo, c’est une véritable scène surréaliste qu’il propose au public.  Une séquence colorée et loufoque où des éléphants roses, non seulement se dandinent au son d’une marche mais se transforment voire se déforment.

Un emballement surréaliste particulier car on sait qu’à cette époque, Salvador Dali visitera les studios Disney.  Nul doute que le rapprochement entre les deux créateurs explique l’intégration de cette scène.

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Dali – Disney

Leur collaboration devait se concrétiser à travers un court métrage, Destino.  Mais il est difficile de voir deux génies collaborer.  Destino devenant plus une œuvre dalienne plus que disneyenne, le projet se trouve dans une impasse.  Si on ajoute à cela un budget qui explose, on toute les raisons de le voir rejoindre le tiroir des projets inachevés.  Il ne sera repris qu’en 2003 par Roy Disney, le neveu de Walt.

Une scène surréaliste se déroule alors que des formes humaines abstraites, rappelant la marche des éléphants, tirent des cordes devant une grande structure triangulaire sur un paysage aride.

La scène des éléphants

La scène des éléphants roses de Dumbo tient une place importante dans le film puisque sur ce tout petit film dépassant à peine une heure, la scène dure 4 minutes trente qui se découpent en quatre phases.

Tout d’abord dès l’apparition du premier éléphant, le voilà qu’il se multiplie.  Les pachydermes deviennent des musiciens jouant trompette, tambour ou cymbales.  Ils sont tellement nombreux qu’une explosion nous entraîne vers la scène suivante.

Quatre éléphants roses de dessin animé alignés, chacun jouant joyeusement de la trompette sur un fond sombre : c'est comme assister à « la marche des éléphants » prenant vie avec un charme musical vibrant.

Puis la musique prend des allures orientales et voilà les éléphants qui se transforment en chameau, fakir ou danseuse.

Sonnerie de trompettes, le rythme ralentit et des pachydermes aux contours flous valsent en compagnie de patineurs.

Un éléphant rose animé marche gracieusement entre des pyramides sur un fond sombre orné de motifs en pointillés, incarnant le charme fantaisiste de « la marche des éléphants ».

Mais quand la musique s’emballe à nouveau, les voilà qu’ils virent à l’orange vif et, à nouveau, se multiplient avant de se transformer à vive allures : automobiles, ski nautique, montagnes russes, trains jusqu’à l’explosion finale où tout retombe … Dumbo se réveille dans un arbre !

Bref, un momentbien loin de tout réalisme.  

Une animation soignée

Ce tableau qui nous dessine des dizaines d’éléphants aux couleurs flash sur fond noir a été dirigée par Norman Ferguson tandis que l’animation de la première partie est confiée à Karl Van Leuven, Hicks Lokey.  Ce dernier a ainsi pu s’inspirer du travail qu’il avait mené sur La Danse des Heures de Fantasia et sur la séquence de l’Apprenti Sorcier.

Trois hommes sont dans un bureau en train de discuter à un bureau de dessin avec des croquis étiquetés « la marche des éléphants » sur un tableau d'affichage en arrière-plan. L'un des hommes est assis, tenant un crayon, tandis que les deux autres sont debout.

La seconde partie, à la fois plus douce et moderne, a été animée par Howard Swift qui avait animé Pinocchio ainsi que les autruches La Danse des Heures de Fantasia.

Ce qui est certain, c’est qu’ils ont dû aller puiser dans leur imagination pour pour traduire cette folle fantaisie surréaliste, jouant sur l’utilisation de l’espace, la couleur et la lumière.  Le duo des Nine Old Men, Frank Thomas et Ollie Johnston salua d’ailleurs l’exploit de traduire la rêverie bizarre de l’éléphant en jouant sur la surprise au-delà de tout raisonnement.

Un maître de musique

La séquence est, bien sûr, soutenue par une marche aux allures entraînantes.  La musique du film a été confiée à deux compositeurs fétiches chez Disney.  Il s’agit de Frank Churchill et Oliver Wallace.  Churchill a travaillé sur la célèbre série des Silly Symphonies tandis que Wallace était le compositeur des Mickey Mouse.

Deux hommes en costume examinent des documents à un bureau, avec une lampe projetant une lueur chaleureuse et une partition de « La Marche des Éléphants » rehaussant subtilement l'ambiance de fond.

C’est à Wallace que l’on doit deux des chansons du film : Voir voler un éléphant et la fameuse Marche des éléphants qui anime les pachydermes roses.

En version originale, elle fut interprétée par Cliff Edwards, qui avait déjà prêté sa voix à Jiminy Cricket dans Pinocchio.

Et dans le remake ?

En 2009, Tim Burton a réalisé un superbe remake du film.  Dès le départ, il était évident que cette scène emblématique devait être évoquée dans le remake.  Mais pas question d’enivrer Dumbo ici.  Plutôt que de reconstituer la scène à l’identique, Burton a préféré en capturer l’esprit à travers une technique de bulles hallucinatoires.

Une sculpture animale abstraite et brillante rappelant « la marche des éléphants » se dresse majestueusement sous un éclairage violet sur une scène sombre.

Il nous la présente en contre-plongée ce qui nous donne le point de vue du petit éléphant.  La folie de la scène originale prend alors une allure beaucoup plus douce et on reste accroché au regard de Dumbo captivé par la scène. 

Gros plan du visage d'un éléphant éclairé par un éclairage violet, mettant en valeur ses yeux et sa trompe, rappelant la majesté de "la marche des éléphants".

De cette façon, nous sommes tous invité à réagir de la même manière et nous laissé émerveiller par le spectacle d’un doux surréalisme.

La marche y est présente mais a été arrangée pour coller avec la beauté du spectacle.

Deux éléphants colorés, l'un à rayures rouges et bleues, l'autre à rayures violettes et jaunes, s'amusent à imbriquer leurs trompes sur un fond noir. C'est une scène fantaisiste qui rappelle "La Marche des Éléphants", capturant une joyeuse danse de couleurs et de motifs.

La Marche des Elephants : Conclusion

1941 ou 2019 … Surréalisme romantique ou allure martiale, des éléphants roses nous entraînent dans un monde de rêve surréaliste.

Un groupe d'éléphants roses, fantomatiques, exécutent la "marche des éléphants", marchant gracieusement en ligne. Au-dessus d'eux, une silhouette d'éléphant plus grande se tient majestueusement dans une bulle, le tout sur fond de sombre allure mystérieuse.

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