Dans les long métrage Disney, on s’attache aux héros, on s’amuse avec les seconds rôles. Et puis il y a les méchants, les Vilains. Ceux que l’on adore détester tant leur génie du mal s’exprime de façon variée. Et parmi eux, il y a le plus beau, le plus costaud, le plus chouette, la vedette, celui devant qui toutes les femmes sont à g’nous.
Un nouveau Vilain
Dans la Belle et la Bête, Gaston est un méchant d’un style nouveau dans l’histoire des Vilains. Tellement différent qu’on a du mal à le qualifier. Méchant, un peu bête. En concevant Gaston, Disney a voulu réaliser la parfaite caricature de l’idéal viril.
Gaston est la star de son village. La chanson nous montre que tous les hommes l’envient et que toutes les femmes sont folles de lui. Et pourtant, Gaston n’est qu’un horrible « macho » avec des idées toutes faites sur les femmes. « Les femmes ne sont pas faites pour lire. Dès qu’elles ont des idées dans la tête, c’est l’horreur » déclare-t-il à Belle.
Finalement, Disney lui a donné une image très primaire. Un « analphabète basique et primaire » comme le qualifie Belle.
Une entrée fracassante
La manière avec laquelle il débarque dans l’histoire est d’ailleurs à cette image très basique.
Alors que tous les habitants du village sont d’accord sur la singularité de la jeune fille, Belle nous chante ses rêves d’évasion. Mais ce moment léger est interrompu par le coup de feu de Gaston qui abat un canard passant dans le ciel. Plutôt violent comme entrée en matière ! Et tout de suite on comprend son statut de super mec.
Parce qu’on ne dit pas non à Gaston
Le bellâtre fait l’admiration de son acolyte Le Fou et fait chavirer les cœurs de toutes les filles. Mais lui a porté son choix sur Belle qui le repousse vertement.
Loin de se démonter, le lendemain, il décide d’organiser leur mariage. Deuxième tentative, deuxième échec. Il faut dire qu’il avait brosser un tableau des plus enchanteurs. Belle en femme au foyer, mère de famille nombreuse, lui rentrant de la chasse, et se chauffant les pieds près de la cheminée.
Et c’est à la suite de ce nouvel échec qu’il va montrer son image de futur méchant, lorsqu’il revient dans la taverne.
Lui, cet homme parfait, adulé de tous, qui vient d’être humilié en public pour la deuxième fois, fulmine et cherche déjà comment assouvir sa colère. Tous, dans la taverne, vont tenter de le réconforter, ce qui donne lieu à cette célèbre chanson qui vante ses qualités.
Un personnage qui a bien changé
Et pourtant, à l’origine du projet, on était bien loin de cette image du personnage. Et Gaston ne devait pas être ce méchant que l’on connaît.
Alors que Walt Disney s’intéressait à l’adaptation de cette histoire dès les années 40, Don Hahn la reprend dans la seconde moitié des années 80. Une première version du scenario est présentée à la fin des années 80. Dans celle-ci, Gaston a une tout autre allure. C’est un aristocrate français, avec de riches habits et une perruque poudrée.
Belle, elle, est la fille de Maurice un marchand qui a perdu sa fortune, ce qui a contraint la famille à s’installer dans une pauvre chaumière, en compagnie de tante Marguerite. Et ça, tante marguerite ne l’accepte pas. Elle manœuvre alors pour donner la main de sa nièce à ce dandy de Gaston.
Revirement
Le revirement viendra de Jeffrey Katzenberg, le nouveau chef du département animation. Il n’est pas convaincu par la version proposée et décide de changer complètement l’équipe de production et de confier le scenario à Linda Woolverton.
En même temps, il rappelle le duo Ashman / Menken qui viennent d’être salués pour leur travail sur la Petite Sirène. Le but n’est pas de leur confier seulement l’écriture des chansons mais aussi d’attendre des idées d’amélioration du projet.
Ainsi, Howard Ashman proposera l’intervention de la mutltitude des objets animés du château ce qui apporte un peu plus de légèreté à l’histoire.
Mais ce n’est pas le seul changement. Tante Marguerite disparaît et Gaston change du tout au tout pour devenir ce chasseur musclé adulé par tout le village … excepté Belle, bien sûr.
La magie d’un duo
Une nouvelle fois, ce fut donc le duo magique Menken et Ashman qui vient à la rescousse. Et c’est encore le génial Ashman qui apportera l’idée de ce moment musical incroyable, cette chanson à la gloire de Gaston .
Pour écrire cette chanson de taverne qui présente les soi-disant qualités de Gaston, il s’inspire du dentiste de La petite Boutique des Horreurs qu’il a écrit avec son ami Menken.
Et pour rendre la chanson encore plus drôle, il la fait porter par cet espèce de personnage attaché au bellâtre, Le Fou.
Menken raconte qu’Howard écrivait les paroles tandis que lui adaptait la musique au fur et à mesure. Ce moment fut l’un des plus drôles de leur travail. Ainsi, plus le compositeur découvrait les paroles, plus il était écroulé de rire lui faisant dire qu’assurément, personne n’a de meilleure chanson que Gaston.
Il est vrai que le passage est particulièrement réussi, malgré les coupures qui avaient été effectuées.
Chanson tronquée, restaurée
Le film n’a donc pas montré l’ensemble de la chanson écrite par Ashman. Des coupures ont été effectuées dans les paroles pour le long-métrage d’animation mais la chanson originale a été rétablie dans le live-action qui est sorti en 2017.
En effet, à l’époque, l’ensemble des paroles écrites par Ashman avaient été jugées un peu trop adultes, trop audacieuses, pour un film destiné à des enfants. Menken a eu l’idée de les ressortir pour les présenter au réalisateur du film, Bill Condon, qui a été tout de suite partant pour les intégrer puisque l’on s’adressait ici à un autre type de public, plus mature.
Voilà alors,le personnage de Gaston interprété par Luke Evans qui nous parle sans détour de ses habiles techniques de chasse, une description quasi sadique.
Menken a toutefois justifié que, selon lui, il était bon de doser un changement lors de la reprise d’un film. Ils apportent un nouvel éclairage et font suite à l’évolution du public. De plus, cela permettait de retrouver paroles écrites par un parolier de génie, des paroles qui portent le renouveau du film.
En d’autres termes, un ton différent pour un public différent sur un support différent. Mais toujours le même macho qu’on adore détester !