Analyse de l’échec commercial d’Elio, le dernier film d’animation Pixar

Le film Elio rencontre un échec commercial important, enregistrant des résultats historiquement bas avec seulement 21 millions de dollars de recettes lors de son lancement aux États-Unis. Ce montant représente une chute de 30% par rapport au précédent plancher établi par Elemental.

Budget et recettes mondiales

Le budget du film, situé entre 150 et 250 millions de dollars, contraste fortement avec les recettes mondiales, qui se limitent à 131,9 millions de dollars. Cette disparité marque une perte financière significative pour le studio Pixar.

Points clés à retenir

• Démarrage catastrophique : Elio a généré seulement 9 millions de dollars lors de sa première journée, ce qui constitue le pire démarrage de l’histoire du studio.
• Concurrence défavorable : Le timing de sortie s’est avéré mal choisi face à des concurrents directs comme Dragons (37M$) et 28 Years Later (30M$).
• Design des personnages critiqué : Les bouches en forme de haricot des personnages ont suscité de vives réactions négatives sur les plateformes sociales.
• Critiques positives insuffisantes : Malgré un taux d’avis positifs élevé de 84% sur Rotten Tomatoes, cela n’a pas suffi à attirer les spectateurs en salle.
• Contexte de difficultés récurrentes : Cette contre-performance confirme les difficultés persistantes rencontrées par Pixar depuis la crise sanitaire, Vice-Versa 2 faisant figure d’exception à cette tendance.

Le plus gros échec au box-office de Pixar : les 5 raisons qui expliquent le naufrage d’Elio

Pixar, le studio d’animation adulé pour ses chefs-d’œuvre qui ont marqué plusieurs générations, traverse une zone de turbulences majeures. En 2025, avec la sortie d’Elio, un film très attendu, le studio a rencontré un échec retentissant, enregistrant ses chiffres les plus bas en matière de box-office. Comment un studio aussi prestigieux a-t-il pu chuter si brutalement ? Cet article détaille les cinq principales raisons qui expliquent ce naufrage, en s’appuyant sur les données chiffrées et l’analyse actuelle du marché.

1. Des chiffres historiquement bas

Le constat est alarmant : avec seulement 21 millions de dollars pour son premier week-end d’exploitation aux États-Unis, Elio détient désormais le record du plus faible démarrage de l’histoire de Pixar. Ce résultat est d’autant plus frappant qu’il est 30 % inférieur au précédent record négatif, celui du film Elemental (29,5 millions), un autre relatif flop du studio.

En additionnant les recettes mondiales, Elio n’a engrangé que 131,9 millions de dollars (70,8 millions aux États-Unis et au Canada, et 61 millions sur le reste du globe). Or, ce total reste nettement insuffisant au regard de son budget de production, estimé entre 150 et 250 millions de dollars. Une fourchette tellement large que même dans le meilleur des cas, le film peine à atteindre son seuil de rentabilité, ce qui entraîne des pertes financières conséquentes pour Pixar et sa maison-mère Disney.

Pour mieux saisir l’ampleur du désastre, il suffit de comparer ces résultats aux poids lourds du studio : le premier jour en salles n’a rapporté que 9 millions de dollars, soit sept fois moins que la première journée du film Vice-Versa 2, sorti quelques années plus tôt. Ce différentiel illustre aussi le recul de la popularité du studio auprès du public.

2. Une sortie mal positionnée face à la concurrence

Les performances d’Elio ne peuvent pas être vues isolément sans considérer le contexte de sa sortie. Le film est arrivé sur le marché à une période particulièrement difficile, en concurrence directe avec deux productions majeures : Dragons, qui a réalisé 37 millions sur le même week-end, et 28 Years Later, cumulant 30 millions. Ces deux blockbusters, plus attendus ou bénéficiant d’une meilleure notoriété, ont cannibalisé une large partie du public potentiel.

Il faut aussi souligner que la distribution d’Elio s’est faite largement, dans 3 750 cinémas aux États-Unis, ce qui aurait dû garantir une exposition massive. Pourtant, ce choix n’a pas suffi à attirer les spectateurs, un signe clair que l’intérêt pour le film était très limité.

Par ailleurs, le parcours de production du film a été loin d’être fluide, marqué notamment par un changement de réalisateur en cours de route. Ce type d’instabilité peut gravement affecter la cohérence artistique et la qualité finale, contribuant potentiellement à dégrader l’image du film.

Enfin, la sortie en mai 2025, un moment souvent chargé en blockbusters, n’a pas joué en faveur d’Elio. Cela illustre un problème stratégique : lancer un film Pixar original dans un créneau si concurrentiel demande une promotion et une anticipation très fortes, choses que le film n’a pas toutes réunies.

3. La controverse liée au style visuel

Au-delà des chiffres, une autre critique majeure a frappé Elio : son esthétique visuelle. Sur les réseaux sociaux, le film a été victime d’une controverse virale autour de son style appelé « bean mouth » (littéralement, « bouche de haricot »), signifiant une bouche simplifiée et très stylisée. Ce rendu graphique a été perçu à tort ou à raison comme « paresseux et surutilisé ».

Ce débat s’est rapidement transformé en un effet boule de neige médiatique, où les critiques négatives ont dominé la conversation en ligne, déteignant sur la perception globale du film. Loin de rassurer, ces polémiques ont alimenté une image de film inachevé, voire bâclé, ce qui a dissuadé de nombreux spectateurs potentiels.

Un paradoxe saisissant est à noter : malgré cette hostilité visuelle, les critiques professionnelles sur des plateformes telles que Rotten Tomatoes affichent un score positif de 84 % de la part des critiques et même 91 % auprès du public. Cela montre que la qualité narrative et artistique a été reconnue, mais que la réception psychologique liée au look du film a profondément freiné son succès commercial.

4. Le déclin post-pandémie de Pixar

Le naufrage d’Elio s’inscrit dans une tendance plus globale de déclin pour Pixar depuis la pandémie de Covid-19. Alors que le studio trônait au sommet du box-office mondial depuis des années, il a enregistré une série d’échecs commerciaux depuis 2020, à l’exception notable de Vice-Versa 2. Des films tels que Onward (69 millions domestiques) ont été directement impactés par les fermetures de salles et la baisse de fréquentation post-pandémie.

Par ailleurs, quelques titres comme Luca et Alerte Rouge ont été lancés directement sur Disney+ sans passer par une exploitation cinématographique traditionnelle, privant le studio d’importants revenus au box-office. Ce virage vers le streaming semble encore compliqué à équilibrer en termes financiers.

En termes de statistiques, l’échec d’Elio est tel qu’il occupe la 1 485e place au box-office mondial historique. Dans la prestigieuse filmographie de Pixar, cette position est un véritable signal d’alarme.

5. L’avenir incertain du studio

Face à cette série noire, l’avenir de Pixar se trouve en grande partie remis en question. En 2025, Elio est la seule sortie cinéma annoncée pour le studio, ce qui est inhabituellement peu. Ce constat illustre une remise en cause de la stratégie dite des « créations originales » du studio, autrefois son point fort.

Les prochains projets, tels que Toy Story 5 prévu en 2026 et le film Hoppers, portent désormais la lourde responsabilité de redresser la barre. Les attentes sont immenses, et il faudra reconquérir la confiance non seulement du public, mais aussi des investisseurs et partenaires industriels. Sans une réussite financière et critique sur ces futurs titres, Pixar risque de s’enfoncer dans une crise dont les conséquences pourraient dépasser le simple cadre du studio.

Ce défi impose aussi au studio de reconsidérer sa communication, ses choix esthétiques, et ses modes de diffusion pour s’adapter à un paysage audiovisuel inédit, marqué par la montée des plateformes numériques et la transformation des habitudes de consommation.

Conclusion

L’échec d’Elio constitue un véritable choc pour Pixar, studio longtemps perçu comme un modèle de réussite et d’innovation dans le cinéma d’animation. Ses chiffres historiquement bas, sa sortie malheureuse face à une forte concurrence, la controverse sur son style visuel, et le contexte post-pandémique difficile contribuent tous à expliquer pourquoi ce film, pourtant prometteur, s’est soldé par un échec commercial massif.

Ce coup dur doit servir d’avertissement, non seulement pour Pixar, mais pour l’ensemble de l’industrie du divertissement, sur l’importance d’une stratégie fine d’adaptation aux goûts et attentes du public, ainsi qu’à la réalité économique du marché. L’avenir du studio dépendra largement de sa capacité à tirer les leçons de cet échec et à se renouveler pour retrouver sa place au sommet de l’animation mondiale.

Sources

• Axios, « Elio : Pixar worst box office debut »
• El País, « Pixar’s latest flop: Elio »
• ScreenRant, « Why Elio Became Pixar’s Lowest Grossing Movie »
• The-Numbers, « Elio (2025) »
• CBC News, « Bean mouth controversy and Pixar’s Elio box office »