Une Date Charnière : 24 décembre 1970
La date du 24 décembre 1970 marque un tournant fondamental dans l’histoire des studios Disney. Ce jour-là sort Les Aristochats, le dernier film dont la production avait été personnellement approuvée par Walt Disney, quelques mois avant sa disparition en décembre 1966.

Ce film symbolise une transition : celle qui sépare l’âge d’or façonné par l’homme derrière Mickey de l’avenir incertain d’un studio désormais privé de son créateur.
Un Film Enchanteur Pour Une Nuit Magique
La veille de Noël, moment féerique pour les enfants, voit naître un long-métrage d’animation plein de charme et de musique jazzy. Les Aristochats émerveillent par l’univers élégant de Duchesse, Thomas O’Malley, et leurs adorables chatons. C’est un classique à part, chargé de douceur et d’émotion, où l’ombre de Walt Disney semble encore flotter en coulisses.

La Genèse du Projet
L’idée du film voit le jour dans les années 1960. À l’origine, il devait s’agir d’un téléfilm en prises de vues réelles, en deux parties, produit pour The Wonderful World of Color. Le scénariste Tom McGowan imagine alors l’histoire de chats héritiers menacés par un majordome cupide.

Séduit, Walt Disney juge cependant que le concept mérite une destinée plus prestigieuse et en commande une adaptation pour le cinéma d’animation. Mais, absorbé par la production du Livre de la Jungle, le projet est repoussé. Peu avant sa mort, Walt Disney étudie les storyboards de Ken Anderson et autorise officiellement la production. Il décède le 15 décembre 1966.
Un Film Orphelin
Les grandes lignes du film avaient été validées, mais la plupart des décisions créatives finales ont été prises sans son implication directe. Cela confère au film une saveur particulière : moins de tension dramatique, une atmosphère plus détendue, teintée de jazz.

Ce Qu’aurait Pu Être le Film
La version initiale validée par Walt misait sur une comédie dramatique plus réaliste, centrée sur la tendresse maternelle de Duchesse. Le personnage d’Elvira, une gouvernante malveillante, aurait apporté une profondeur dramatique plus marquée.

Musicalement, les frères Sherman devaient créer des chansons narratives et lyriques, loin de l’ambiance jazz finalement choisie. Le changement de ton vient avec Wolfgang Reitherman et son équipe, qui optent pour une approche plus légère et rythmée.
Une Nouvelle Ère Pour Le Studio
Après le triomphe du Livre de la Jungle, Disney entre dans une phase de transition. Le défi : prouver que le studio peut survivre à son fondateur. Dans ce contexte, cette histoire française, pleine d’élégance et de tendresse, semble parfaite pour ouvrir un nouveau chapitre.

Une Équipe de Légende
La réalisation est confiée à Wolfgang Reitherman, l’un des célèbres “Nine Old Men”. Il adapte l’histoire de Tom McGowan avec le scénariste Larry Clemmons.
Un soin particulier est apporté à la reconstitution d’un Paris du début du XXe siècle, aux tons pastels et à l’allure romantique. Ce style évoque les illustrations de livres pour enfants, dans la pure tradition Disney.
Les Modifications de Scénario
Le scénario initial subit des ajustements notables. Duchesse devait avoir quatre chatons, mais l’un d’eux est supprimé pour un meilleur équilibre narratif.
De même, le majordome Edgar devait avoir un complice canin, un bouledogue. Ce personnage est éliminé afin de simplifier l’intrigue et d’alléger le ton.

Les Voix Qui Donnent Vie
Dans la version originale, Eva Gabor incarne Duchesse avec un accent hongrois élégant, et Phil Harris, déjà voix de Baloo, donne vie à Thomas O’Malley. En français, Michèle André et Maurice Chevit prêtent leurs voix aux deux héros. Le générique d’ouverture est chanté par Maurice Chevalier, ajoutant une touche française inimitable.

Une Bande-Son Inoubliable
La musique donne le ton. Les frères Sherman signent la chanson d’ouverture, mais c’est surtout “Tout le monde veut devenir un cat” qui marque les esprits. Cette scène explosive où les chats musiciens font vibrer toute une maison est un sommet d’énergie jazz.
Un Message Universel Déguisé
Derrière cette chanson emblématique se cache un message d’unité. Tous les chats, peu importe leur origine ou couleur, jouent ensemble dans une ambiance festive. Toutefois, la représentation caricaturale de certaines nationalités est aujourd’hui observée avec plus de recul.

Un Accueil Partagé
Certaines critiques trouvent le film moins ambitieux que ses prédécesseurs. Il lui manque, selon eux, “la vigueur, l’audace et le coup de fouet Disney”. Pourtant, le public suit : environ 191 millions de dollars de recettes mondiales.

Les chansons deviennent cultes, et les produits dérivés rencontrent un franc succès. Le personnage de Marie devient même une véritable icône, notamment en France, où l’histoire parisienne contribue largement à sa popularité.
Une Tendre Histoire de Chats
Aujourd’hui encore, Les Aristochats continuent de séduire chaque nouvelle génération. Son histoire simple, sa musique entraînante et l’amour des chats font de ce film un classique intemporel.

Et tout cela, c’est arrivé un 24 décembre 1970.