Qui dit histoire, dit chanson dans le monde de Disney, des chansons mythiques qui sonnent bien souvent comme des messages.  C’est le cas de  « L’Air du Vent », la chanson emblématique de Pocahontas qui s’appuie sur les valeurs que veut délivrer le film.  Tolérance et respect de la nature.  

Walt Disney a toujours été un passionné de la nature ; ce qui l’a conduit à produire la collection des True-Life Adventures, une série de courts-métrages qui nous conduit au cœur de la faune et de la flore la plus variée.  Aujourd’hui, Disneynature renoue avec la tradition et nous emmène à la découverte de la nature et du monde sauvage.

Les films d’animation ne sont pas en reste et le plus emblématique, à cet égard, est sans nul doute celui qui nous emmène à la rencontre de cette jeune indienne qui se voit confrontée au monde occidental, Pocahontas.

Une idée nouvelle

Ce n’était pourtant pas l’orientation que prenait le projet à son origine.  Pocahontas arrive dans le deuxième âge d’or des studios Disney, après une série de succès : La Petite Sirène, la Belle et la Bête ou encore Aladdin.

Dès 1990, Mike Gabriel, à qui on devait déjà Bernard et Bianca, suggère l’histoire de Pocahontas après une fête de Thanksgiving.  Il présente alors son idée à Michael Eisner, Président de la Walt Disney Company, Jeffrey Katzenberg, président des Studios et Roy Disney lui-même.  

Le projet tient en quelques lignes.  Il avait choisi une image de Lili la Tigresse, du film Peter Pan, au dos de laquelle il écrit « Pocahontas, une princesse déchirée entre la volonté de son père d’anéantir les colons et son souhait de les aider.  Une jeune fille tiraillée entre son père et son peuple d’un côté et ses sentiments pour les ennemis.

Dans la foulée de la Belle et la Bête qui est un énorme succès, Katzenberg y voit l’intérêt de produire à nouveau un film d’amour, un film tout en séduction.  Il est persuadé que les Studios tiennent là le futur grand succès, reléguant au second plan l’idée du Roi Lion qui émerge au même moment.  Conséquence, la plupart des animateurs seront mobilisés sur Pocahontas.

Une approche nouvelle puisque pour la première fois, l’histoire avec un grand H sera la source d’inspiration chez Disney.

Une vraie Princesse

C’est que le personnage de Pocahontas a vraiment existé.  Matoaka, Petite Plume de Neige en français, est née à la fin du 16^ème siècle dans la région de Tsenacomaca.  C’est une vraie Princesse, fille du chef des Powhatans qui lui donnera le surnom affectueux de Pocahontas ou Petite Espiègle.  Elle a une douzaine d’années quand accostent les colons menés par un certain John Smith.  Cette intrusion sur le territoire des indiens provoquera une série de conflits entre les deux cultures.  John Smith sera prisonnier des Powhatans et c’est Pocahontas qui le sauvera.  

Romance romancée

Mais la romance entre John Smith et la jeune indienne est une invention de Disney.  Dans la réalité, pas d’histoire d’amour en vue mais plutôt une sorte d’amitié qui, d’ailleurs, rapprochera les deux peuples. 

Bref, Disney a pris des libertés donc par rapport à l’histoire de la vraie Pocahontas.  Mais on lui pardonnera Disney : la réalité était un peu trop compliquée et sombre pour les enfants.  

Un message fort

Pour la première fois donc, Disney nous conte l’histoire d’une héroïne d’une culture différente.  D’une femme forte aussi, qui sait faire et assumer ses choix.  Des choix qui conduisent à toute une série de messages.

Le premier est certainement lié aux préjugés que les deux camps entretiennent.  Très nettement, la différence fait peur et conduit à l’agressivité.  A travers l’histoire d’amour entre Pocahontas et John Smith, histoire éternelle de l’amour impossible, c’est le dépassement des préjugés qui nous est montré.

Mais en parallèle, le film a développé un message écologique très fort.  La relation de l’homme et de la nature.  Et une chanson merveilleuse nous l’explique à travers le symbole du vent transportant des feuilles. L’esprit de la nature que Pocahontas ressent.

Une chanson … Deux messages

Et la chanson L’Air du Vent porte ce message, à la fois de tolérance et de respect de la nature qui nous transportent comme ces feuilles qui volent dans le vent. Elle nous montre surtout combien comprendre et respecter la nature est intimement lié au respect entre les peuples.  Un fil conducteur que l’on doit, surtout, à la musique.

Le projet du film Pocahontas étant déjà connu, il était prévu que le duo Ashman – Menken en écrive les chansons dès la fin de l’écriture d’Aladdin.  Mais Ashman décède.  

Impossible de réunir Menken et Rice, qui avait pris le relai sur Aladdin, pour la composition des chansons de Pocahontas.  Il faut dire que Tim Rice passe son temps à courir à travers le monde.    C’est donc Stephen Schwartz qui reprend le flambeau.  

Psychologie et culture indienne

Schwartz était la personne parfaite pour se glisser dans la peau des Powathan, lui qui étudie la psychologie à l’université de New-York.  

Ayant travaillé les éléments de l’histoire comme les relations entre les colons et les Amérindiens, Schwartz apportera d’ailleurs des éléments de narrations aux scénaristes.

Perfectionniste, il passera du temps en Virginie afin de s’imprégner tant de la musique amérindienne que des chants des marins anglais de l’époque.  Cela lui donnera les éléments nécessaires à l’écriture des paroles pour les chansons du film.

La collaboration avec Menken sera plus difficile.  Le compositeur vient de perdre son meilleur ami, son collaborateur fétiche.  De plus, Schwartz était également compositeur alors que Menken a une expérience de parolier.  Cela amena à des moments de tensions entre les deux hommes.  Mais un terrain d’entente fut vite trouvé.

Colors of the Wind au banc d’essai

La première chanson qu’ils écrivent est d’ailleurs « Colors of the Wind ».  Schwartz a lancé quelques idées de paroles sur lesquelles Menken a écrit une mélodie sur laquelle Schwartz émit quelques suggestions tout en adaptant les paroles.  D’ajustement en ajustement, la chanson-phare surgit.  

Alors que Schwartz pensait que la Walt Disney Company rejetterait cette chanson trop philosophique pour un Disney, les réalisateurs ont déclaré qu’elle définira « le cœur et l’âme » du film.

Cela apaisera les tensions entre Menken et Schwartz qui deviendront les meilleurs amis du monde et écriront encore ensemble les musiques du Bossu de Notre-Dame et, plus tard, pour le film Il était une fois.

L’air du vent : Une musique reconnue

Le film n’aura pas le succès attendu par Disney.  Cible de la communauté amérindienne qui le considère comme truffé de clichés, il n’atteindra pas les résultats obtenus par le Roi Lion.  

Par contre la musique sera saluée.  Schwartz et Menken soulève la statuette pour la Meilleure musique de film lors de la 68e cérémonie des Oscars tandis que  Colours of the Wind emporte l’Oscar de la Meilleure chanson originale.

Et on ajoutera un Grammy Award et un Golden Globe qui salueront cette leçon de vie qu’est cette chanson.

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