Le film Vaiana recèle de traditions et légendes en tout genre. Comment décrypter la mythologie dans son histoire ?
Présentation générale de la mythologie polynésienne.
La première caractéristique de cette culture est sa tradition orale.
Une « oraliture » traditionnelle.
La particularité de la culture polynésienne est effectivement d’être, par essence et origine, purement orale.
L’écrit fit son apparition au dix-neuvième siècle.
Nous parlons donc bien de littérature orale, ou « oraliture »…
Afin d’au moins apercevoir l’exceptionnelle richesse d’une culture extraordinaire, rien ne vaut de faire un splendide voyage de découverte sur place.
C’est ce que firent les réalisateurs John Musker et Ron Clements pour travailler sur Vaiana.
Une évocation en toute humilité.
Face à tout ce que je n’ai pu qu’entrevoir, il est clair qu’il ne s’agit ici, bien entendu, que d’évoquer cette mythologie telle que traitée dans le chef-d’œuvre Disney.
Cette évocation se fait en totale humilité face à l’exceptionnelle richesse, diversité et immensité de la culture polynésienne.
Partant du film, nous pourrons ainsi évoquer Maui, Te Fiti, Les Kakamora et l’Océan.
Maui : un véritable ancien.
Son implantation est telle qu’il est donc fort probable que son origine soit pré-polynésienne !
Il est en effet vraiment extrêmement connu, comme étant la plus ancienne divinité.
Il fut alors introduit en Nouvelle-Zélande par les ancêtres des Maoris.
Armé d’un hameçon.
Sa grand-mère lui a transmis un os maxillaire à partir duquel il a façonné son hameçon, entre autres armes et outils.
Ses exploits sont donc représentés dans toute la Polynésie.
Pêcheur d’îles, il a également arraché le secret du feu à son aïeule Mahuika.
Il a donc réussi à créer le rythme de la journée ordinaire, lever, travail etc… en ralentissant la course du soleil.
Il l’a attrapé avec une corde et frappé avec son os magique jusqu’à obtenir gain de cause en le convainquant de voyager alors plus lentement.
Non évoqué dans Vaiana : son décès.
Il est en effet dit que Maui a trouvé la mort en essayant d’obtenir l’immortalité pour les hommes.
Il devait alors passer pour cela entre les cuisses de la « Grande dame de la nuit », la déesse Hina-nui-te-po, et ressortir par sa bouche…
Cependant, elle fut, malheureusement pour lui, réveillée et écrasa Maui.
S’il est aisé de comprendre que ce dernier récit ne soit pas évoqué, découvrir l’un des mythes d’origine concernant Maui est cependant passionnant.
Cela permet également de constater l’ampleur du travail effectué par Disney dans le but de mettre en valeur une culture extraordinaire.
Dans cette continuité, nous pouvons donc évoquer maintenant Te Fiti.
Te Fiti : inspirée de Huahine.
« L’Authentique »: une île mystérieuse.
Les auteurs se sont ici inspirés de la Légende de Huahine, « L’Authentique », une île sacrée.
Le site est, effectivement, totalement imprégné de pure légende mythologique.
Il signifie sexe de femme, femme enceinte de par sa forme. Cela amorce d’idée que ce lieu sacré est un très important symbole de féminité, où la nature y est particulièrement luxuriante…
Les anguilles.
Nous pouvons, en illustration de cette nature symbole de vie, de force, de sacré citer par exemple les anguilles à oreilles sacrées, emblématiques des lieux.
L’inspiration de Te Fiti pour Vaiana.
En effet, la forme de l’île évoque notamment celle d’une femme allongée, au ventre arrondi.
Légende de la princesse Hotu Hiva de Huahine.
Il s’agit de la fuite d’un mariage forcé, son cœur battant pour un autre, de la princesse Hotu Hiva. Traversant nombre de souffrances et péripéties, elle eut finalement huit enfants, quatre de son amour et quatre autres après le décès de ce dernier.
Ses huit enfants donnèrent leurs noms aux huit districts de ce site exceptionnel.
Cette île merveilleuse fut coupée en deux par Hiro, le dieu des voleurs.
Nous retiendrons que pour inspirer Te Fiti, fut utilisé un lieu particulièrement sacré, axé autour de la féminité.
De façon plus légère (quoique… nous verrons bien), nous pouvons maintenant évoquer les Kakamora, ces petites noix de coco pirates dans le film.
Les Kakamora: d’inoffensifs petits humanoïdes ?
Dans l’univers des légendes polynésiennes, nous pouvons constater que leur point commun avec ceux du film réside principalement dans leur façon de faire de la musique, avec des conques.
Les Kakamora dans la culture polynésienne.
De nombreuses versions existent quant à leur description. Parfois considérés comme simplement taquins et inoffensifs, ils sont décrits par ailleurs comme des esprits maléfiques.
Transmission orale de l’île Makira.
Ciblant la transmission orale de l’île Makira, nous pouvons découvrir de petits esprits maléfiques d’apparence humaine d’environ quinze centimètres.
(Selon d’autres versions d’autres lieux, ils pourraient aller jusqu’à un mètre)
Ils imiteraient des pleurs d’enfants pour attirer leurs victimes et se moquer d’eux.
Des créatures potentiellement dangereuses…
Cependant, leurs ongles aiguisés peuvent s’avérer mortels. En cas d’attaque, il vous sera possible de vous en sortir en réussissant à vous en prendre à leur point faible : leurs fesses.
Plus largement, il est donc intéressant de voir que plusieurs théories sont émises à leur sujet.
Attardons-nous sur l’une d’elle, qui a pour particularité d’être… scientifique !
Une théorie scientifique : le nanisme insulaire.
En effet, ne serait-ce pas tout simplement des groupes humains qui, au fil du temps et de l’évolution, sont sujet au phénomène du nanisme insulaire, comme nombre d’autres espèces ?
Ce dernier est dû à l’absence de prédateurs, qui aboutit à une nouvelle espèce n’ayant plus les mêmes besoins en matière défensive (il y a parfois le phénomène inverse, bien que pour les mêmes raisons d’adaptation, on parlera alors de gigantisme insulaire).
Il était cependant impossible d’évoquer la mythologie dans Vaiana sans passer par un incontournable : l’Océan.
L’Océan : force vitale fondamentale.
La mythologie est là donc spécialement vaste et riche en la matière…
Ce que nous pouvons aussi constater, c’est que l’Océan est particulièrement sacré, comme source de vie.
Force vitale pas seulement pour l’apport alimentaire qu’il fournit, il a une place prépondérante, sacrée dans la culture polynésienne.
Une fois de plus, nous ne pouvons que souligner le fait que la façon dont il est traité dans Vaiana s’inscrit dans une volonté d’hommage à cette dernière.
Les mots de John Musker lui-même.
Nous ne pourrons alors mieux faire que citer John Musker lui-même, co-réalisateur du film avec Ron Clements :
« …Quand nous sommes allés faire du repérage dans le Pacifique Sud, nous avons réalisé à quel point l’océan était important dans la vie des gens… Nous avons appris toutes ces légendes sur l’océan, le fait qu’il était vivant, qu’il avait une personnalité… »
Nous ne pouvons conclure sans évoquer une nouvelle fois cette volonté d’hommage de la part de Disney, ainsi que le génie dont le groupe de Mickey a une nouvelle fois fait la preuve éclatante.
Un hommage élaboré à la culture polynésienne : l’Oceanic Story Trust.
S’il est normal de ne pouvoir satisfaire tout le monde, retenons qu’avant tout, Disney a souhaité mettre en valeur la culture polynésienne, par l’hommage.
Une équipe a été mise en place spécialement pour cela, afin de respecter le mieux possible la culture polynésienne en remerciant également, à travers le film, les personnes rencontrées sur place.
C’est ainsi que fut crée l’Oceanic Story Trust, composé d’experts en différents domaines.
Cela a donc renforcé le travail effectué, sur site, pour aboutir à un véritable chef-d’œuvre majoritairement bien accueilli par le public.
Le génie « façon Disney ».
Force est de constater, une fois de plus, ce génie Disney qui parvient à créer de sublimes histoires en s’inspirant de récits, fables ou légendes existant pour en faire quelque chose de différent, réussissant à nous faire encore rêver tout en nous intéressant à une culture potentiellement méconnue du public !
Pour ma part c’était le cas, et donc m’intéresser à ce film et aux univers qui l’ont inspiré m’a fait entrevoir d’inoubliables merveilles !
En cela Disney fait preuve, au travers d’un univers inédit, d’un génie pour le moins autant exceptionnel que merveilleux et universel.