La Danse Macabre, sorti en 1929, lancera Walt Disney dans la série des célèbres Silly Symphonies
Alors que la nuit est tombée, le hibou ouvre les yeux. Et alors que minuit sonne au clocher de l’église, un vol de chauve-souris s’échappe. Une araignée, un chien qui hurle, et deux chats qui se battent dans le cimetière. C’est maintenant l’heure de sortie des squelettes qui peuvent enfin s’ébattre et s’amuser. Les voilà qu’ils nous entraînent dans une danse joyeuse tandis que l’un d’eux joue sur un xylophone d’os improvisé. Mais voilà déjà le chant du coq. L’aube va arriver et les squelettes rentrent dans leur tombe.
La Danse Macabre : Début d’une aventure
Le 20 septembre 1928, Walt Disney écrit à son frère Roy pour lui décrire ce qu’il appelle une « nouvelle musicale ». Trois jours plus tard, son idée se précise dans un courrier qu’il adresse à son complice Ub Iwerks. Le scénario sera basé sur une danse de squelette sur la Marche des Trolls composée par Edvard Grieg. Il précise même qu’il imagine la scène comme une sorte de danse de squelettes dans un cimetière.
Disney, Staling, Iwerk
La paternité spirituelle du projet, on le sait, est attribuée à Carl Stalling. Durant l’année 1928, il suggère à Walt cette idée d’animation musicale se passant dans un cimetière. Et l’idée fait son chemin dans l’esprit d Disney. Lui, qui vient de proposer ce court-métrage révolutionnaire qu’est Steamboat Willie, se remet au travail avec son partenaire Ub Iwerks. Six semaines plus tard, le cartoon est prêt. Carl Stalling, lui, enregistre la bande sonore sur le thème de la musique de Grieg.
Une sortie retardée …
En février, le film est monté, prêt à être diffusé. Et pourtant, il attendra près de quatre mois avant d’être présenté au public. Walt Disney sait qu’il s’agit là d’une innovation et il veut les meilleures conditions pour sa sortie. Il ne veut pas d’une sortie confidentielle mais d’un grand cinéma. C’est donc en avant-première de Four devils de Friedrich Wilhelm Murnau, le 10 juin 1929 au Carthay Circle Theater de Los Angeles. Et l’accueil sera excellent, les critiques enthousiastes. Cela signe la naissance, non pas d’un cartoon, mais de toute une série.
Un monde de noirceur
Avec ce dessin animé, et avec toute la série par la suite, Disney aborde un nouveau genre plus abstrait, avec une narration réduite et qui donne l’impression d’un thème plutôt, que de se focaliser sur un héros.
Il nous montre aussi que Disney n’est pas qu’un monde de guimauve sucrée. Il peut aussi aborder le genre macabre. Et c’est sûrement un pari bien osé. Cela nous annonce sans doute les scènes sombres que l’on retrouvera dans les longs-métrages Blanche-Neige et les 7 Nains (1937), Pinocchio (1940) ou Fantasia (1940)… Un mélange de gags et de moments gentiment effrayants, le tout orcestré par une musique entraînante. Les talents conjugués de Carl Stalling et Ub Iwerks ont fait mouche. Et Walt Disney a intégré la leçon. L’esprit Silly Symphonies est né ! La Danse macabre fait date dans l’histoire de l’animation …