Quand Walt Disney ouvre les portes du premier Disneyland en Californie, le public découvre un superbe château qui deviendra l’emblème du lieu. Ce château, c’est celui de la belle au Bois Dormant. Et ce n’est pas un hasard parce qu’à l’époque film et parc d’attraction, il en a rêvé !
J’en ai rêvé, c’est la chanson iconique de ce dessin animé qui sortira en 1959 sur une musique que l’on doit à un compositeur illustre puisque les studios s’appuieront sur la musique de Piotr Iliich Tchaïkovski. Musique prestigieuse pour un dessin animé que Walt a voulu comme une œuvre d’art
Une idée qui avance très lentement
Dès le départ, Walt Disney avait une idée bien fixe des histoires qu’il voudrait développer en long-métrage. Dans les années ’30 déjà, il avait chargé ses équipes de proposer des storyboards pour les histoires de La Petite Sirène, La Belle et la Bête, Alice au pays des merveilles ou encore Peter Pan. En 1939 déjà, on envisage la production de La Belle au Bois Dormant scénarisé par Joe Grant.
Pourtant, le film ne sortira que 20 ans plus tard. Et il y a plusieurs raisons à cela. La première c’est, bien sûr, la seconde guerre mondiale qui freine les productions mais qui contraint également Disney à diminuer ses coûts de production et donc les salaires des employés. Cela entraînera une grève sans précédent avec, comme conséquence, une suspension des longs métrages en production Cendrillon, Peter Pan et Alice aux pays des merveilles.
Il faudra attendre 1950 pour que Cendrillon arrive sur les écrans. Son succès relancera la machine. La même année, il dépose le titre de la Belle au Bois Dormant. Le film ne sortira qu’en 59 !
Un chef d’œuvre de beauté
Walt veut faire de ce film un chef d’œuvre. Et son niveau d’exigence en sera à la hauteur.
Il charge Joe Rinaldi et Ed Penner du développement du scenario. Mais quand il lui propose en juin 1952, il refuse cette première trop proche de Blanche-Neige et Cendrillon. Il faudra plusieurs remaniements de l’histoire avant de satisfaire le papa de Mickey, si bien qu’alors qu’il avait prévu de sortir le film en 1955, la production ne démarrera réellement que mi-53.
Mais il n’y a pas que l’histoire qui fit l’objet de cette exigence. Il veut que son film se démarque aussi par un caractère visuellement innovant et progressiste. Pour cela, Walt va donner le contrôle total sur l’apparence visuelle du film à Eyvind Earle qui sera à la fois directeur artistique et styliste couleur. Eyvind Earle est entré chez Disney en 1951 pour travailler, entre autre, sur les décors de Peter Pan et de la Belle et le Clochard.
Pour La belle au Bois Dormant, Earle choisit de donner au film une atmosphère médiévale fantastique en cherchant l’inspiration dans un manuscrit du 15ème siècle, Les Très Riches Heures de Jean, Duc de Berri. Les enluminures et les miniatures serviront de modèles pour les décors. Il a aussi tiré des couleurs clés du film, telles que le jaune-vert pour les flammes de Maléfique et le rose et le bleu pour la robe royale d’Aurore.
J’en ai rêvé : Une musique iconique
Dès 1953, Walt Disney a cette idée d’illustrer l’histoire avec le ballet que Tchaïkovski a composé à la fin du 19ème siècle sur cette jolie princesse.
Il fallait toutefois que la musique colle avec le rythme du récit. Et c’est George Bruns qui est pianiste et compositeur qui se voit confier cette tâche. Il n’est pas un inconnu chez Disney, il vient de composer le générique de Zorro et est à ce moment-là occupé par les compositions de la série télévisée Davy Crockett.
Même si quelques thèmes nouveaux sont écrits pour certaines scènes, le travail de Burns consistera essentiellement en l’arrangement et la transformation d’environ un tiers ballet du compositeur russe dont le célèbre J’en ai rêvé.
Un travail d’arrangement
Le rôle de Bruns fut d’adapter la partition originale pour répondre aux scènes du dessin animé allant jusqu’à écrire de nouvelles séquences afin d’assurer la coordination des images, de la musique instrumentale et des parties chantées. Il a également adapté l’orchestration pour la rendre plus féérique.
Pour la chanson qui sera le leitmotiv des sentiments entre Aurore et le Prince, il utilise la valse qui apparaît dans le premier acte chez Tchaïkovski.
Toutefois, le morceau n’avait pas été composé pour une rencontre romantique dans la forêt. Il n’en est d’ailleurs pas question dans l’histoire originale puisque la Belle ne rencontre son Prince Charmant qu’à l’instant du baiser salvateur.
Pas du tout. Le premier acte du ballet de Tchaïkovski raconte le baptême de la petite princesse et la malédiction de Maléfice.
Pas de succès au rendez-vous
La réécriture de la partition sera nommée aux Oscars et aux Grammy Award et ce sera le seul triomphe du film. Car, malgré sa beauté, il sera plutôt un échec. Lui qui était le film le plus cher jusque-là avec ses 6 millions de dollars, il rentrera juste dans ses frais tant il sera boudé par le public.
Les critiques sont également peu élogieuses. Le dessin animé semble trop proche des précédents. Et sa beauté pure doit être un peu trop en avance sur son temps pour être appréciée. Walt décidera même de se détourner des adaptations de contes par la suite.
Un projet délaissé par Walt
Walt avait délaissé la production du film. Au début du projet, Disney est entièrement accaparé par la préparation de son autre grand projet : la construction du premier Disneyland qui ouvrira ses portes en 1955.
Il est alors peu présent, donne peu de direction de travail et apporte peu de commentaires. Quand il revient sur le projet en 1956, il n’est pas satisfait et le budget a explosé. Lors du visionnage en août 1957, fatigué, il ne fera que quelques commentaires généraux.
Mais le film sera à jamais lié au parc. Walt voulait qu’un château médiéval surplombe le parc et en deviennent l’image même. Ce qui ne devait qu’être « Fantasyland Castle » à l’origine devient Le Château de la Belle au bois dormant, stratégie marketing oblige.
Il faudra plusieurs années et quelques ressorties en salles pour que le succès soit au rendez-vous et qu’il devienne l’une des pièce-maîtresse de l’univers Disney.
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