It’s A Small World… Voilà une chanson qui n’a été chantée par aucun chanteur connu. Elle n’est jamais rentrée dans les classements, et n’a pratiquement pas été diffusée à la radio. Et pourtant elle est emblématique de l’univers Disney et plus précisément des parcs Disney.
Elle est aussi la chanson la plus entêtante que l’on entend, bien assis dans un petit bateau, au milieu de poupées de tous pays : une fois qu’on a entendu « It’s a small world after all », difficile de s’en défaire !
Dans cet article, on reviendra sur la magie qui a frappé ce thème enchanteur…
Le meilleur du pire !
Nulle autre qu’elle ne provoque une telle ambiguïté de sentiment. On pourrait presque la qualifier d’ « heureux désespoir » pour les Guests de Disneyland tant on maudit cette chanson dont on ne peut se passer !
Et pourtant, cela aurait pu être pire ! Retour sur son histoire …
Au commencement de It’s a Small World, une foire
En 1964, New York prépare sa Foire Internationale avec pour thème « La paix à travers la compréhension ». Trois grandes entreprises américaines sont présentes pour proposer une série de pavillons. Il s’agit de Ford, General Electric, Pepsi.
C’est la WDE, l’entreprise chargée de la réalisation des attractions de Disneyland, qui est chargée de leur construction. La conception est donc prise ne charge par la Walt Disney Imagineering qui se penche sur la création des trois pavillons destinés à rejoindre le parc Disneyland plus tard.
Pour Ford, les Imagineers créent un voyage dans le temps aux origines de la Terre. Rencontres surprenantes entre dinosaures et premiers humains à bord de voitures décapotables. Les dinosaures rejoindront l’attraction Disneyland Railroad à la suite du Grand Canyon Diorama.
General Electric invite à un voyage dans le futur intitulé. Dans le Carousel of Progress, qui rejoindra plus tard le Tomorrowland en Floride, on se déplace sur la Lune, on visite des cités sous-marine ou on se déplace dans des voitures autonomes.
Et puis, il y a Pepsi ! Pepsi qui sponsorise le pavillon Children of the World consacré à l’UNICEF. A bord de petits bateaux, les visiteurs visitent un monde de poupées venues des quatre coins du monde. L’idée de Walt Disney était de traduire la fraternité universelle sur Terre.
Pour accompagner le voyage, il faut un fond sonore. Walt Disney avait d’abord imaginé que chaque poupée chante son hymne national dans sa propre langue. Des morceaux différents, sur des rythmes différents, dans des harmonies différentes. Bref, une cacophonie indescriptible.
Un duo pour un sauvetage
Heureusement, Walt a une solution. Il convoque immédiatement son duo de compositeurs fétiches : les frères Sherman qui venaient d’écrire la musique légère de Mary Poppins.
Sa demande est claire. L’attraction a besoin d’une chanson simple que toutes les poupées pourraient chanter en gardant leur langue maternelle. Ce serait une sorte de ronde à la manière de la célèbre chanson enfantine « Row row row your boat ».
Les deux compositeurs imaginent alors une sorte de ballade en deux parties pouvant se synchroniser afin de préparer les transitions des différentes langues. De cette manière, la chanson pourra exprimer l’esprit de l’attraction : unité et diversité réunies à travers la fraternité des enfants.
Il s’agit donc d’une douce mélodie, une rengaine, presqu’une berceuse. L’air est là, mais l’esprit n’y est pas encore. Walt voudrait que la chanson suscite l’entrain, un élan vers cette promesse fraternelle. C’est Walt lui qui va donner la couleur finale de l’hymne. Ils demandent aux deux frères d’accélérer le tempo. Et voilà sous leurs doigts la chanson entêtante que l’on connaît.
Ils l’avaient également construite autour de quelques mots lancés par le papa de Mickey lorsqu’il leur présentait la maquette de l’attraction : « After all ». « Small world ». C’est décidé : la chanson s’appellera « It’s a small world ».
Changement de nom pour l’attraction
L’élan de toute l’équipe en entendant la composition des frères Sherman est tel que l’on décidera de modifier le nom de l’attraction. Exit « Children of the World », voici « It’s a small world »
C’est là encore un effet de la magie des notes enchanteresses de ce succès intemporel. Juste retour des choses pour cette chanson qui a rempli la mission d’imprimer dans les oreilles la compréhension interculturelle.
La touche de magie en plus
La mélodie étant adoptée, il ne restait plus qu’à l’adapter à l’attraction. La fraternité entre les peuples devait s’exprimer à travers des langues différentes. Huit ont été sélectionnées : l’anglais, bien sûr, l’allemand, le français, l’espagnol, l’italien, le japonais, le néerlandais et le suédois. Mais il ne suffisait pas de traduire couplet et refrain. Encore fallait-il refléter l’esprit des différents pays traversés.
L’orchestration a alors été confiée par les frères Sherman à Bobby Hammack. Il écrira pas moins de 29 arrangements de la mélodie des Sherman, incluant des instruments ethniques. Dans cette version originale, il développera une ambiance enfantine, sans effet particulier, conformément au souhait de Walt Disney.
Et à Paris ?
Lorsque s’ouvre Eurodisneyland, en 1992, le souhait est d’adapter la ritournelle à la culture européenne. C’est John Debney qui s’en charge.
Il écrira une version beaucoup plus sophistiquée, moins naïve que la version américaine. Orchestre symphonique, contraste de nuances, jeux de percussions, ajout d’effets de réverbération,… donnent à la chanson un caractère majestueux. L’originalité de l’arrangement tient aussi en sa composition en « deux couches » ; l’une avec musique et chœur, qui s’écoule de pays en pays et l’autre où le thème est présenté à l’aide des instruments représentatifs des pays traversés.
En conclusion
A l’issue de cet article, on comprend pourquoi cette chanson est l’une des plus entêtante qui existe. Elle a été écrite pour ça. Cela a tellement bien fonctionné qu’elle a imposé le nom de l’attraction.
Et surtout, n’oublions pas que grâce à elle on a échappé au pire : la plus grande cacophonie de tous les temps !
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