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Higitus Figitus : mais d’où vient cette formule de Merlin ?

Il est une catégorie de personnages que l’on retrouve à travers les histoires chez Disney, ce sont les fées, magiciens et autres sorciers.  Toutefois, peu ont eu droit à leur long métrage.  En effet, ces personnages magiques sont souvent présentés soit comme un opposant, soit comme un adjuvant au héros.  Mais en 1963, il y en a un qui aura les honneurs d’un long métrage et c’est Merlin.  Et il a eu besoin de toute sa magie pour exister cet enchanteur avec une chanson : Higitus Figitus.

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Une histoire qui a failli ne pas exister

Il en est fallu de peu pour qu’on ne connaisse pas les aventures de Merlin et du petit Moustique.

Walt a acheté les droits du roman L’Epée dans la pierre de Terence Henburry White en 1939. Mais à la veille de la Seconde Guerre Mondiale, les Studios tournent au ralenti.  Malgré tout, Disney désigne des scénaristes pour y travailler dès 1944, un développement qui se poursuivra jusqu’au début des années 50.

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Le projet reviendra durant les années 60 mais à cette période, Roy, le frère de Walt, tente de le persuader d’arrêter la division d’animation.

Abandon des long-métrage ?

Il semble pourtant totalement impensable de priver la marque Disney de ce qui a fait son originalité et Walt fera de la résistance.

Pour comprendre cette décision, il faut revenir au début des années 60.  Cette période est la plus mauvaise que Walt connaîtra et explique que les financiers plaident pour la prudence.  Les longs métrages coûtent très chers et ne sont pas rentables à court terme.  Les calculs, par contre, montre que la compagnie serait tout-à-fait rentable avec les films déjà produits. 

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Roy ira même jusqu’à exercer une forme de chantage en argumentant que fermer le département animation dégagerait l’argent nécessaire au développement des parcs.

Mais pour Walt, fidéliser le public à la marque Disney passe par la sortie de long-métrages animés.  Il acceptera toutefois de diminuer le rythme de sortie.  

Merlin contre Chanteclair

Mais à l’époque, deux projets sont en préparation, ce qui vaudra à Merlin de devoir défendre sa position par rapport à Chanteclair, l’histoire d’un fier coq qui prend à cœur d’annoncer le jour tous les matins.  Tous reconnaissent son talent à obliger le soleil à se lever, si bien qu’ils le désignent maire du village.  Mais très vite, le succès lui monte à la tête.  Walt, qui devait choisir, a pensé qu’un coq n’était pas un personnage attachant.  Le volatile fut sacrifié !

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Il faut dire que le storyboard déjà travaillé par Bill Peet avait fait son effet.  Il présentait la séquence de chasse avec Arthur, Kay et le loup, prétexte à la présentation des deux personnages.  Mais surtout, ce qui va convaincre Walt, c’est la scène où Merlin entasse tous ses effets dans une valise grâce à sa baguette magique a achevé de convaincre Walt Disney qui charge alors Wolfgang Reitherman de la réalisation et Bill Peet pour développer le scenario.

Une première

Cette dernière scène qui semble décisive dans le choix de Walt Disney, c’est aussi l’occasion d’une chanson « magique » de Merlin.  Une chanson qui signe, malgré eux, la première participation des frères Sherman à un film d’animation.  Le premier d’une longue série de succès pour le célèbre duo.

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En réalité Merlin l’Enchanteur ne fut pas tout à fait la première fois que les compositeurs furent contacté pour un film d’animation puisque Walt leur avait demandé l’écriture d’une chanson pour Les 101 Dalmatiens.  

Mais elle n’avait pas été intégrée au film, non pas par manque de qualité mais parce que, lorsque Walt les contacte, toutes les chansons du film sont déjà écrites.  La composition du titre de générique arrive donc trop tard et ne sera pas utilisée.

Higitus Figitus : Composition magique

Ils seront, par contre, présents dès le début de l’aventure Merlin.  Une fois le projet arrêté, ils participent à la réunion de travail avec Bill Peet pour définir les contours de cette chanson pendant laquelle le mage fait ses bagages alors qu’il ne possède qu’une toute petite valise.

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Leur façon de travailler sera ensuite assez simple.  Sur base du scenario que leur a donné Bill Peet et sur lequel il a pointé les séquences à mettre en musique, ils composent en utilisant l’essentiel des paroles du texte de Peet.  Une seule exception : la chanson de madame Mim, une scène qui ne devait pas avoir de chanson mais pour laquelle les Sherman ont insisté pour apporter leur accompagnement.

Pour la scène des bagages, seule la magie pouvait répondre aux besoins mais il n’était pas question de refaire une sorte de Bibbidi-Bobbidi-Boo.  Voilà comment est né « Higitus-Figitus-Migitus-Mum ».

Formule magique

On peut se demander comment est née cette formule jusqu’alors inconnue.  Les frères Sherman ont pensé, en fait, à du latin à la sauce british … ou l’inverse.  

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Ils sont partis du nom Higginbottom, le nom d’un musicien anglais qu’ils trouvaient étrange mais voulaient lui donner une sonorité latine et ont donc envisagé toutes les déclinaisons possibles en changeant les consonnes.  Ensuite, ils ont ajouté un peu de magie avec la version « latinisée » du mot prestidigitation qui est devenu « prestidigitonium ». Voilà, l’essentiel de la formule était né.

Leçons à tirer

Mais ce n’est pas le seul mérite de cette formule magique.  Elle va aussi apprendre aux Sherman comment on doit envisager la composition pour un film d’animation.  Ce film sera donc leur film d’apprentissage.

Première participation à un long métrage d’animation, les Sherman vont apprendre le besoin d’uniformité dans l’écriture de la bande originale.  Ils comprennent qu’il ne suffit pas d’écrire les chansons pour un film mais qu’il faut également penser à ce qu’ils appellent l’underscore, c’est-à-dire la musique qui forme le fond sonore des scènes d’action.  La chanson doit, au contraire, accompagner l’action et donc être utilisée en tant que matériel thématique. 

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Dans ce film, les personnages n’auront pas ou peu de thèmes musicaux et ne sont pas présenté à travers la musique.  Cela sera corrigé dans Mary Poppins dans lequel le duo aura davantage d’influence et où un personnage pourra avoir son Leitmotiv. 

Tout est dit en musique

Par contre, c’est bien avec Merlin l’Enchanteur que les Sherman vont travailler la musique en synchronicité avec les images.  La narration se fait par la cohérence entre les images et la chanson.

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Merlin commence à chanter et voilà les livres et la vaisselle qui se mettent en mouvement.  Jusqu’à ne plus rien contrôler une nouvelle fois. Avec cette scène, exemple typique d’une bonne complémentarité entre la musique et les images, tout est dit : nous avons affaire à un magicien expérimenté mais étourdi.

Qualité reconnue

Pour cette première, les Sherman auront les honneurs d’une nomination pour l’Oscar de la meilleure musique de film mais seront devancé par la bande originale d’Irma la Douce.

Il n’en reste pas moins que le film constitue leur initiation au monde de l’animation et que de cette expérience, ils ont tiré beaucoup d’enseignement pour les films futurs.  

En d’autres termes, une formule magique qui sera significative dans l’histoire des bandes originales des classiques Disney.

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