Disney opère un changement stratégique majeur avec l’abandon de son programme de diversité des fournisseurs « Reimagine Tomorrow », marquant un tournant dans sa politique d’inclusion sous la direction de Bob Iger. Ce revirement, symbolisé par la modification du site dédié fin 2023 et la suppression du critère « Diversité et Inclusion » dans l’évaluation des dirigeants, s’inscrit dans un contexte politique américain de plus en plus hostile aux initiatives DEI.
Points clés à retenir
- Disney a remplacé le critère « Diversité et Inclusion » dans l’évaluation des dirigeants par une « Stratégie Talent » axée sur la performance économique
- Ce changement intervient dans un contexte politique tendu où plusieurs programmes DEI ont été qualifiés « d’illégaux » aux États-Unis
- Malgré ce virage, les actionnaires ont massivement rejeté une proposition visant à exclure Disney de l’Indice d’égalité des entreprises
- Bob Iger affirme que la mission de Disney reste de « divertir » avec un impact positif, mais sans objectifs précis liés à la diversité
- La Commission fédérale des communications a ouvert une enquête sur les pratiques passées de Disney concernant ses programmes d’inclusion

Disney tourne la page sur la diversité des fournisseurs : la fin d’une ère engagée
Depuis plusieurs années, Disney était perçu comme un pionnier en matière de diversité, d’équité et d’inclusion (DEI). Sous la houlette de Bob Iger, l’entreprise avait lancé des initiatives ambitieuses, dont le programme « Reimagine Tomorrow », qui visait à promouvoir des fournisseurs et talents issus de communautés sous-représentées. Cette politique d’inclusion était un des piliers de la stratégie de Disney, renforçant son image d’entreprise socialement responsable et engagée dans une société plus juste.
Pourtant, depuis fin 2023, un tournant majeur s’opère. Le site dédié à Reimagine Tomorrow a été modifié, marquant un recul symbolique et concret dans la volonté affichée de diversité. Ce changement, sous la direction de Bob Iger, illustre un virage stratégique profond, où Disney semble vouloir s’éloigner des engagements liés à la diversité des fournisseurs. Cette évolution soulève de nombreuses questions sur la pérennité de l’inclusion dans les grandes entreprises américaines, et plus précisément chez Disney.
Dans cet article, nous analyserons ce changement de cap sous plusieurs angles : d’abord, le contexte politique et économique qui influence cette décision, puis les réformes internes majeures mises en œuvre chez Disney. Nous aborderons également les réactions suscitées, notamment concernant l’image de marque de la firme, avant de détailler la voix des actionnaires et la résistance interne. Enfin, nous nous interrogerons sur l’avenir de la diversité au sein du géant du divertissement.
Un contexte politique et économique bouleversé
Pour comprendre le virage pris par Disney, il est essentiel d’examiner le contexte plus large dans lequel cette décision s’inscrit. Depuis l’arrivée de l’administration Trump, les initiatives liées à la diversité, l’équité et l’inclusion sont devenues des cibles politiques aux États-Unis. Plusieurs programmes DEI ont été qualifiés « d’illégaux » au sein de l’État fédéral, créant un climat hostile à ces démarches.
Cette atmosphère a influencé de nombreux acteurs économiques. Des entreprises comme Meta, Google ou Boeing ont dû adapter leurs stratégies pour naviguer dans ce paysage politique mouvant. Disney n’y fait pas exception. L’accent est désormais mis sur la performance économique et la neutralité idéologique, au détriment des programmes explicitement engagés en faveur de la diversité.
Cette évolution se manifeste notamment par une volonté de ne plus mettre en avant des critères d’inclusion qui pourraient être perçus comme polarisants ou sources de controverses. Le choix de Disney de modifier son site dédié à « Reimagine Tomorrow » en décembre 2023 illustre cette tendance à la prudence, voire au retrait. Dans un contexte où la pression politique peut impacter directement la réputation et les résultats financiers, les entreprises privilégient désormais un discours plus neutre, centré sur la rentabilité et la stabilité.
Ce phénomène reflète une tension entre les valeurs progressistes portées par les initiatives DEI et les réalités économiques et politiques actuelles. Pour mieux comprendre les implications internes chez Disney, il convient de se pencher sur les réformes majeures qui ont été mises en œuvre.

Des réformes internes majeures chez Disney
Les changements chez Disney ne se limitent pas à une simple modification de site internet. Ils s’accompagnent d’une révision profonde des critères de management et des politiques internes. Sonia Coleman, la directrice des ressources humaines, a annoncé la suppression du critère « Diversité et Inclusion » dans l’évaluation de la rémunération des dirigeants. Ce critère a été remplacé par une « Stratégie Talent », davantage axée sur les résultats commerciaux et la performance économique.
Ce changement marque un tournant symbolique fort : les objectifs de diversité ne sont plus considérés comme prioritaires dans la gestion des ressources humaines, et encore moins dans la rémunération des cadres dirigeants. Cette décision reflète la volonté de recentrer la stratégie sur des indicateurs quantifiables de succès économique, au détriment des engagements sociaux.
Par ailleurs, la ligne éditoriale de Disney a également été assouplie. Les avertissements sur les contenus sensibles, notamment ceux liés aux stéréotypes ou aux représentations négatives, sont désormais plus concis et relégués dans les détails des films plutôt que mis en avant. Ce recul dans la vigilance éditoriale traduit une volonté de réduire les contraintes perçues comme trop restrictives, permettant ainsi une plus grande liberté créative mais aussi une moindre attention portée aux questions sociétales.
Ces réformes internes illustrent un changement de paradigme. Là où Disney était autrefois un modèle d’entreprise engagée dans la diversité, la firme semble désormais privilégier une approche pragmatique et économique, cherchant à éviter les polémiques tout en maximisant ses performances commerciales. Ce repositionnement n’est pas sans conséquences sur l’image de marque, comme nous le verrons dans la section suivante.
Réactions et conséquences pour l’image de marque
Le revirement stratégique de Disney suscite de nombreuses interrogations sur son véritable engagement envers la diversité. Alors que la firme était jusqu’alors considérée comme un leader en matière d’inclusion, ce changement de cap est perçu par certains comme une trahison des valeurs portées par l’entreprise depuis plusieurs années.
La réduction des initiatives DEI intervient à un moment où la Commission fédérale des communications (FCC) a ouvert une enquête sur les pratiques passées de Disney concernant ses programmes d’inclusion. Cette enquête souligne la complexité de la situation : alors que Disney diminue ses efforts en matière de diversité, elle est également mise sous pression pour rendre compte de ses actions antérieures.
Cette situation a un impact direct sur la réputation de Disney. D’une part, la firme risque de perdre la confiance d’une partie de son public, notamment les consommateurs sensibles aux questions d’inclusion. D’autre part, elle doit gérer la perception des investisseurs et partenaires, qui peuvent voir dans ce recul un signe d’instabilité ou de repositionnement peu clair.
Il est intéressant de noter que cette évolution contraste avec la richesse des thématiques sociales et culturelles que Disney a explorées à travers ses œuvres. Par exemple, des articles approfondis sur la représentation des femmes dans les princesses Disney ou la relation mère-fille dans le film Rebelle montrent combien Disney a pu être un vecteur de messages sociaux forts.
Ces avancées culturelles risquent d’être remises en question par la nouvelle orientation stratégique. Pour mieux comprendre la dynamique interne, il est utile d’examiner la réaction des actionnaires et la résistance qui s’exprime au sein de l’entreprise.

La voix des actionnaires et la résistance interne
Malgré les changements observés, il existe une résistance notable à l’abandon total des valeurs inclusives chez Disney. Lors de l’assemblée générale de mars 2025, une proposition conservatrice visant à exclure Disney de l’Indice d’égalité des entreprises (IEE) a été massivement rejetée par les actionnaires. Ce vote démontre que la majorité des investisseurs souhaitent maintenir un certain niveau d’engagement en faveur de la diversité.
En effet, Disney affiche un score parfait à l’IEE depuis 2007, ce qui témoigne d’une tradition d’excellence en matière d’égalité et d’inclusion. Cette performance est un atout majeur pour l’entreprise, valorisé par les marchés et les consommateurs. Le maintien de ce score malgré les réformes récentes nuance le portrait d’un virage radical et suggère que la firme tente de trouver un équilibre entre pragmatisme économique et héritage inclusif.
Cette tension se traduit également dans les débats internes, où certains cadres et employés plaident pour la poursuite des engagements DEI, tandis que d’autres appellent à une focalisation sur la performance et la neutralité. Cette dualité reflète les défis rencontrés par les grandes entreprises dans un contexte politique et social complexe.
Pour approfondir la compréhension de la culture d’entreprise Disney, on peut se référer à des analyses sur des thématiques comme la psychologie et philosophie dans les films Disney ou encore la représentation de la famille dans les œuvres. Ces dimensions culturelles contribuent à façonner l’identité et la réputation de la marque.
Quel avenir pour la diversité chez Disney ?
Face à ce contexte mouvant, Bob Iger affirme que la mission première de Disney demeure de « divertir », tout en ayant un impact positif. Toutefois, il précise que cet impact ne sera plus « motivé par des objectifs précis » liés à la diversité. Cette déclaration illustre une volonté de recentrer l’entreprise sur son cœur de métier, tout en conservant une forme d’influence sociale, mais sans s’engager dans des démarches explicitement identifiées comme DEI.
Disney se trouve donc à un carrefour stratégique délicat, naviguant entre la pression politique, les attentes parfois contradictoires des actionnaires et les exigences du marché. Le défi consiste à concilier pragmatisme économique et héritage inclusif, sans compromettre son image ni sa rentabilité.
Ce nouvel équilibre pourrait s’appuyer sur une diversité moins explicite mais toujours présente dans les contenus et la gestion des talents, ou sur des initiatives internes plus discrètes. Les observateurs et consommateurs restent attentifs à l’évolution de Disney, qui a longtemps incarné une vision progressiste à travers ses personnages et histoires.
Pour mieux saisir les nuances de cette évolution, il est intéressant de s’intéresser aux dimensions plus subtiles de la diversité dans les productions Disney, comme la représentation animale ou l’usage de la mignonnerie au service de la tendresse, qui participent à une diversité culturelle et émotionnelle moins directement politique mais tout aussi significative.

Conclusion
Le virage stratégique opéré par Disney en matière de diversité des fournisseurs marque la fin d’une ère engagée. Sous la direction de Bob Iger, la firme abandonne progressivement ses initiatives DEI, comme le programme « Reimagine Tomorrow », au profit d’une stratégie centrée sur la performance économique et la neutralité idéologique. Ce changement s’inscrit dans un contexte politique américain marqué par une hostilité accrue envers les démarches inclusives, mais aussi dans une volonté interne de recentrer les priorités.
Les réformes internes, notamment la suppression du critère « Diversité et Inclusion » dans l’évaluation des dirigeants, illustrent un repositionnement clair. Ce revirement soulève des interrogations quant à l’engagement réel de Disney, d’autant que la firme fait face à une enquête de la FCC sur ses pratiques passées. Néanmoins, la résistance des actionnaires et le maintien d’un score parfait à l’Indice d’égalité des entreprises montrent que les valeurs inclusives ne sont pas totalement abandonnées.
À l’avenir, Disney devra trouver un équilibre subtil entre son héritage culturel inclusif, les attentes économiques et les pressions politiques. Ce défi est d’autant plus important que la diversité continue d’être un enjeu majeur pour les entreprises modernes, tant en termes de responsabilité sociale que d’image de marque.
Pour approfondir ces thématiques, n’hésitez pas à consulter nos analyses sur l’image des femmes dans les princesses Disney ou sur la relation mère-fille dans Rebelle, qui illustrent combien Disney a su porter des messages sociaux forts à travers ses œuvres.
Enfin, il est essentiel pour les acteurs du secteur et les consommateurs de rester vigilants et engagés, afin que la diversité ne devienne pas un simple slogan, mais un véritable moteur d’innovation et d’inclusion durable.





