Et si on partait en voyage.  Mais pas un voyage ordinaire.  Un voyage dans un univers magique, féérique et tellement romantique.  Un voyage au pays des 1001 nuits.  Et quand un jeune orphelin un peu voleur tombe amoureux d’une très jolie Princesse, on ne peut qu’entendre la plus belle des romances.  Ce rêve bleu !

C’était pas gagné !

Pourtant, à l’origine, Aladdin était loin d’emmener la belle Jasmine dans une ballade d’amour romantique.  Il se lançait plutôt dans une chanson comique qui se moquait de la jeune fille gâtée qu’elle était !

Pour comprendre cette véritable dérive, il faut retourner en 1988.  Ashman vient de terminer son travail sur la Petite Sirène qui est maintenant en post-production.  Il lance alors aux Studios une idée de scénario et quelques chansons inspirée de l’histoire d’Aladdin.  Il propose ainsi une cinquantaine de pages qui sont très fidèle à l’histoire originale.  

Aladdin y est un jeune garnement trompé par un méchant sorcier.  Il entre dans une grotte à la recherche du Génie de la Lampe. Ce Génie exauce tous ses souhaits jusqu’à ce que le sorcier jaloux vole la lampe.  Heureusement, un second génie, celui de l’Anneau, viendra à sa rescousse !  En conclusion : pas de richesse pour Aladdin qui retourne vers une vie simple et honnête auprès de sa maman.

Originalité et ambiance

Si l’histoire est très éloignée de celle que l’on connaît et qui sort en 1992 sur le grand écran, les pages proposées par Ashman étaient toutefois remplies d’originalité.

D’emblée, il annonce la couleur.  Pour lui, l’approche du film devait être ironique.  Une histoire transposée dans une ambiance jazzy, surréaliste avec des allusions à Cab Calloway mais aussi à Fats Waller ou aux Andrews Sisters.  

Il avait donc imaginé transposer le film dans le style des années 30 – 40 avec deux génies donc.  Pas de petit singe sympa sur l’épaule d’Aladdin mais trois comparses appelés Babkak, Omar et Kassim qui devaient apporter une ambiance new-yorkaise. 

Changement de cap …

L’élan créateur d’Ashman va être coupé lorsqu’avec son comparse, Alan Menken, il est rappelé travailler la chanson phare de La Belle et la Bête.  Et c’est Alladin qui en fait les frais !

Changement d’orientation !  La scénariste Linda Woolverton est chargée de proposer un remake du Voleur de Bagdad d’Alexander Korda dont Disney a acquis les droits.  Et avec elle, pas de place à l’humour ni à la musique dans cette histoire.

Autant dire que cela ne va pas convaincre les réalisateurs Clements et Musker Lorsque le scenario arrive dans leurs mains, ceux-ci plaident pour une approche hybride qui intègrerait l’ambiance enjouée proposée par Ashman.

Une nouvelle histoire

Des modifications sont apportées.  On décide de virer Babkak, Omar et Kassim.  A la place un joli singe espiègle accompagnera à Aladdin.  C’est l’arrivée de Abu.  

 On choisit aussi de supprimer le rôle de la maman.  Aladdin n’aura pas d’attache familiale.  Un jeune orphelin attirera la sympathie du public !  Même le rôle de Jasmine est repensé.

Mais surtout l’humour reprend place et les chansons d’Ashman sont réintégrées !

Une œuvre inachevée

Ashman est même rappelé lorsque le choix d’utiliser son projet est fixé.  Mais, malade, il était trop faible pour rejoindre l’équipe.  Quelques mois plus tard, il décédait.  Il laissera malgré tout l’âme de l’histoire et trois superbes chansons : Nuits d’Arabie, Je Suis Ton Meilleur Ami et Prince Ali.  

Mais ce n’est pas à lui que l’on doit Ce Rêve Bleu.

Lorsqu’Ashman disparaît, Alan Menken se sent incapable de continuer le travail avec un autre parolier.  Les Studios vont toutefois lui présenter Tim Rice.  Ensemble ils écriront deux chansons, Je Vole et Ce Rêve Bleu. 

Ce Rêve Bleu : Un succès mérité

Ce Rêve Bleu est certainement le point central du film.  Le duo d’Aladdin et Jasmine est, bien sûr, une chanson d’amour mais elle marque aussi la prise de conscience des deux personnages.  Aladdin, le garçon pauvre, endosse le costume d’un riche Prince et montre à Jasmine, la Princesse enfermée dans son rôle, ce qu’est la liberté.  Il n’est pas étonnant que le thème en devient l’image même du film.  Et il n’est pas étonnant de voir pleuvoir les récompenses.

Si la chanson du film est interprétée par Lea SALONGA et par Brad KANE, celle du générique est chantée par Regina BELLE et Peabo BRYSON.  Et cette version va cartonner en se classant en haut des classements détrônant le cultissime I will always love you de Withney Houston.  

Le palmarès sera vertigineux :

• En 1993, Golden Globe de la “Meilleure chanson originale” et Oscar de la “Meilleure chanson originale” 
• En 1994, 2 Grammy Awards : Meilleure chanson écrite spécifiquement pour un film ou pour la télévision, surtout “Chanson de l’année”, première fois que Disney remporte ce titre.

Et si un Génie était passé par là pour exaucer les vœux de succès des Studios Disney ?

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