C’est dans la plus folle des soirées parisiennes que nous entraîne une bande de matous cosmopolites dans Tout le Monde Veut Devenir un Cat. Un siamois à la batterie, un guitariste hors pair qui semble sorti de la pleine période hippie, un contrebassiste à l’accent russe, il gatto italiano qui joue du bandonéon, ils sont les chats de gouttières déjantés de la bande de Scat Cat.
Personne n’a pu oublier ce vrai morceau de jazz qui est une véritable référence au Paris des années folles. Et c’est bien vrai qu’avec cette chanson, tout le monde aurait bien voulu devenir un Cat. Pas un simple chat, non ! Un félin de style qui a le sens du rythme et qui peut nous entraîner dans un boeuf qui se termine en défilé dans les rues de la capitale.
La rencontre de deux mondes
L’histoire des Aristochats s’inscrit dans le Paris des débuts du 20ème siècle. Nous sommes alors autour de 1910 et Duchesse et ses trois chatons sont les félins adorés de Madame de Bonnefamille. Des chats qui se voient très dépourvus lorsque le sort les sépare de leur maîtresse.
Heureusement, Thomas O’Malley, le chat de gouttière, devient pour la petite famille un chevalier au grand coeur. Il leur apportera aussi une autre vision de la vie, entre autre, quand il les entraîne sur les toits de Paris à la rencontre de Scat Cat et sa bande qui se lancent dans une dont le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle déménage.
Une histoire originale
Le plus originale c’est que, pour une fois dans l’histoire Disney, il ne s’agit pas d’une histoire tirée d’un conte ou d’un roman mais bien d’un récit inédit. En 1961, Walt Disney demande à Tom McGowan et Tom Rowe une idée originale pour son émission de télévision Walt Disney’s Wonderful World of Color. Les deux auteurs lui proposent alors le script d’un téléfilm live avec des chats. Dans cette histoire, les chats ne parlaient pas et c’est un narrateur qui nous livrait leurs pensées. Le projet enthousiasme Walt qui veut alors décliner l’histoire en un film d’animation. Il apporte même déjà quelques idées sur le personnage de Thomas O’Malley.
Première fois, donc, qu’un Classique Disney ne sera pas l’adaptation d’une œuvre littéraire mais une invention pure. Première et dernière fois pour Walt Disney puisque Les Aristochats constitue la dernière production qu’il va approuver.
Dernier projet de Walt
Contrairement au Livre de la Jungle, il ne pourra le superviser et sa seule intervention sur les Aristochats sera d’avoir initié le projet et d’avoir donné l’impulsion du personnage de O’Malley. Ensuite, il délègue la suite du développement et se centre sur la production du Livre de la Jungle.
Hélas, peu avant la sortie du Livre de la Jungle, le papa de Mickey décède. Bien malgré lui, Les Aristochats sera donc le premier long métrage d’animation réalisé sans Walt mais, toutefois, sur un story board validé par lui quelques semaines avant son départ. C’est Wolfgang Reitherman qui reprend le flambeau et son obsession sera: « Qu’est-ce que Walt aurait fait ? »
Tout le Monde Veut Devenir un Cat : Du style dans la musique
Pour la musique, continue l’ère des Sherman. Les deux frères, en compagnie de George Bruns, rejoignent Wolfgang Reitherman pour travailler sur la bande originale des Aristochats au début de la production seulement. Ils la quitteront ensuite, leur contrat étant arrivé à terme.
Ils avaient écrit un grand nombre de chansons dans un univers musical innovant. Une ambiance jazzy très moderne. Seules deux compositions et demi seront retenues dans la version finale !
Par contre, on ne leur doit pas ce morceau génial qu’est Tout le monde veut devenir un Cat. Pour la scène des musiciens de jazz, les Sherman avait écrit une autre chanson : Jazzy Hot
La production préfèrera la composition de Floyd Huddleston et Al Rinker : Everybody wants to be a cat.
De Satchmo à Scatman
Le succès leur a donné raison. Il faut dire que la composition conjugue à merveille le jazz, la ritournelle, le scat, etc. Et surtout, les personnages sont également extraordinaires. Au départ, Scat Cat devait s’appeler Satchmo Cat et être interprété par Louis Armstrong. Mais la maladie l’empêche de poursuivre le projet. Ce sera finalement Scatman Crothers qui endossera le rôle de leader de cet orchestre chats de gouttière cosmopolite.
Et en français !
L’adaptation française est tout aussi fabuleuse. On aurait pu attendre à ce que la traduction soit Tout le monde veut devenir un chat. Mais non. Christian Jollet a préféré respecter le jeu de mots de la version originale et il a conservé le terme Cat.
Dans les années 60, le mot Cat signifie, bien sûr, le félin domestique bien connu mais a un tout autre sens dans la culture beatnik de l’époque où l’on parle plutôt de quelqu’un qui est cool. Le jazz étant très populaire dans ce milieu, la réunion était évidente dans le dessin animé.
Tout le monde veut devenir un Cat devient donc synonyme de Tout le monde veut être tendance.
Le succès populaire
En parlant de tendance, on aurait pu alors espérer voir fleurir quelques récompenses. Hélas non. Le film aura un succès certain au cinéma mais ne sera pourtant pas apprécié par les critiques. La chanson aura, toutefois, la plus belle des récompenses : la reconnaissance populaire en étant reprise régulièrement. Ne retenons que la version française sortie en 2013 par Thomas Dutronc et Laura Smets sur l’album We love Disney tandis que Charles Perry reprend la version américaine.
Et nous savons tous ce qu’il nous reste à faire : soyons donc tous des Cats !
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