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Comment La Patrouille des Eléphants apporte de la légèreté au Livre de la Jungle ?

Le Livre de la Jungle est la dernière production de Walt Disney lui-même.  Parmi les innombrables animaux qui peuplent le film, certains, malgré leur corpulence, apportent un peu de légèreté.  C’est La Patrouille des Eléphants

Trois éléphants animés, ressemblant à « la patrouille des éléphants », marchent en ligne dans une jungle, l'éléphant de devant tenant une branche dans sa trompe.

L’empreinte de Walt

Le Livre de la Jungle est le dernier film de Walt Disney, dont il ne verra d’ailleurs pas la sortie.  C’est pourtant l’une des grandes œuvres des Studios.  

Et cela tient certainement au changement de toute l’équipe qu’il décide en cours de production parce qu’il trouvait les choix opérés trop sombres et pas assez disneyens.  Cela vaudra aussi pour les chansons qui avaient été composées jusque-là par Terry Gilkyson dont ne sera conservé que « Il en faut peu pour être heureux ». 

Une affiche vintage représente un ours tirant un tigre par la queue tandis qu'un jeune garçon tient les pattes avant du tigre. Le texte en français fait référence au « Livre de la jungle » et à Walt Disney, avec des allusions à « la patrouille des éléphants » ajoutant une allure exotique.

Il fait alors appel à son duo fétiche, les frères Sherman, pour écrire de nouvelles chansons leur demandant de la légèreté avec la touche Disney.  La première sera celle de la scène du kidnapping de Mowgli par les singes.  Cela donnera cette version swing digne d’un Dixieland.

Mais il en est une autre qui apporte cette scène cocasse lors de ce court moment où Mowgli se joint à une troupe d’éléphants.

Loin de Kipling

La scène fait partie des moments cocasses d’un film qui se veut relativement léger malgré le sujet assez sérieux.  Walt s’était d’ailleurs distancé de la version de Kipling.

Un dessin d'un garçon debout devant un grand éléphant, comme s'il faisait partie de la « patrouille des éléphants ». La légende en dessous dit : « Il a peur de moi », dit Petit Toomai, et il fit lever les pieds de Kala Nag l'un après l'autre.

Et s’il est vrai que depuis qu’est sorti le film de Disney, on associe Le Livre de la jungle au jeune Mowgli en pagne rouge et à Baloo qui se gratte le dos sur les troncs de cocotiers, on en a bien souvent oublié que le livre de Kipling est une suite d’histoires sobres nous racontant comment un « petit d’homme » élevé par une meute de loups est un jour menacé par le terrible Shere Khan. 

Commence alors pour lui un voyage initiatique qui le ramène à sa qualité humaine avec comme guide une panthère et un ours.  Dans ces histoires, il rencontre alors toutes une série de personnages qui sont autant d’occasion de leçons à tirer.  Et parmi ces personnages, un vieil éléphant nommé Hathi.

Hathi ou Colonel Hathi !

Pas de Colonel dans l’histoire de Kipling.  Dans la version originale, Hathi est plutôt une sorte de sage, gardien des légendes de la jungle.  Ce sont ces histoires qu’il raconte à Mowgli.  Il est aussi l’animal vétéran de la jungle et à ce titre est respecté par tous.  Il a aussi une antipathie tenace envers les humains.

Dans le premier scénario qu’écrit Bill Peet, Hathi est d’ailleurs très proche de cette image.  Sa haine des hommes le conduit même à menacer Mowgli de mort dont il estime la présence dangereuse pour les animaux.

Un homme en costume examine un mur de storyboard rempli de cases de bandes dessinées illustrées, pointant et ajustant l'une des images de « La Patrouille des Éléphants ».

On comprend dès lors pourquoi la version ait déplu à Walt qui opère alors un changement d’orientation.

C’est alors Ken Anderson qui sera chargé de diriger la conception des personnages.  C’est à ce moment que l’éléphant devient un chef de troupe au grade de colonel.  Ou plutôt une caricature militaire de direction de manœuvres.  C’était là un clin d’œil à l’époque de l’Empire Britannique alors que l’Inde natale de Kipling était une colonie.

Croquis d'un grand éléphant, faisant partie de "la patrouille des éléphants", debout à côté d'un arbre, observant un petit tigre assis parmi les buissons.

Changement radical

Le changement est radical, surtout dans le traitement comique qui sera choisi. Pour ce revirement, on va confier l’animation des éléphants, y compris le Colonel Hathi et le petit Junior, à l’un des « Nine Old Men », l’un des animateurs de la première heure, John Lounsbery, assisté d’Eric Cleworth. 

Les deux avaient travaillé quelques années plus tôt sur un court métrage mettant en scène des éléphants d’Asie.  Le film, intitulé Goliath II, racontait l’histoire d’un éléphanteau, fils de l’imposant Goliath roi de la jungle, tellement petit que cela désespérait son père.

Illustration d'un grand éléphant brun aux longues défenses, rappelant « la patrouille des éléphants », sur fond de feuillage vert luxuriant et de ciel bleu clair.

L’ensemble des pachydermes esquissé dans le film sont comme des prototypes d’Hathi et de son troupeau.  C’est d’ailleurs sur le personnage Goliath Iᵉʳ que Lounsbery a calqué l’image du Colonel et sur le jeune éléphant qu’il a repris les expressions de Junior.

Un bébé éléphant animé, faisant partie de la patrouille des éléphants, lève les yeux avec émerveillement, entouré d'une verdure luxuriante dans une forêt vibrante.

De plus, quelques éléments du court métrage ont été réutilisées comme, par exemple, le carambolage des éléphants.

Un éléphant animé aux oreilles tombantes et aux yeux endormis, niché près d'un autre dans un arrière-plan vert serein, semble être un membre de « La Patrouille des Éléphants », patrouillant doucement son domaine tranquille.

La Patrouille des Eléphants : du sacré au comique

Avec ce changement radical, on a définitivement abandonné le caractère sacré de l’éléphant pour en faire un personnage comique.

Il en devient comique par sa caricature de l’autorité quand il inspecte quotidiennement l’ensemble de la troupe.  Et c’est là qu’intervient ce fameux morceau des Sherman, La patrouille des Eléphants.  C’est avec le rythme de cette marche que Hathi – pardon Colonel Hathi – motive le groupe de pachyderme. 

Une ligne d'éléphants animés, connue sous le nom de la patrouille des éléphants, barrissent avec leurs trompes levées, accompagnées d'un jeune garçon dans le décor de la jungle luxuriante.

La marche militaire s’imposait comme style musical mais elle devait traduire la lourdeur de ces gros animaux particulièrement maladroits, écrasant tout sur leur passage.  Il s’agit donc plutôt d’une parodie d’exercices militaires totalement inutiles.  

Notons que ce cliché des exercices militaires sera repris bien plus tard avec Comme un Homme, lorsque Mulan subit son entraînement.

Mémoire d’éléphant ?

Hathi se prend ridiculement au sérieux jusqu’au moment où il remarque que Mowgli n’est pas un éléphant.

La scène vient interrompre la chanson.  Alors qu’il arrête la marche pour inspecter la tenue de ses « soldats », Colonel Hathi va entrer dans une colère noire quand il s’aperçoit que Mowgli s’est infiltré clandestinement dans le troupeau.  Mais le petit d’homme ne se laisse pas faire et il faudra la diplomatie de Bagheera pour rassurer le vieux militaire.  

Un éléphant, ressemblant à celui de la patrouille des éléphants, tient délicatement avec sa trompe un jeune garçon. Le garçon, en short rouge, est soulevé du sol, face à la tête de la magnifique créature sur fond de ciel tamisé.

 La marche reprend non sans difficulté vu la taille imposante des animaux et quelques secondes plus tard, il se rend compte qu’il a oublié son fils Junior resté à s’amuser avec Mowgli.  Demi-tour immédiat. Hathi réprimande vertement son fils et en oublie de donner l’ordre de l’arrêt de la troupe provoquant un carambolage dont il fait les frais.  Ce qui fait ironiser Junior sur la mémoire infaillible de son père.

Un jeune enfant rejoint « la patrouille des éléphants », suivant un bébé éléphant à travers un paysage herbeux, avec des arbres se découpant sur un ciel nuageux.

Hathi, personnage annexe

On voit que si le personnage a gagné en capital sympathie, il n’intervient plus dans l’apprentissage de Mowgli comme dans l’œuvre de Kipling.  Il n’interviendra plus dans l’histoire.

Il reviendra juste au moment où le détachement militaire est stoppé par Bagheera qui recherche le garçonnet qui a fugué et qu’il faut retrouver avant le terrible Shere Khan qui veut le croquer.  

Une panthère est assise sur une branche d'arbre, observant un éléphant de la patrouille des éléphants debout à proximité, avec des feuilles visibles au-dessus.

Vu sa haine des hommes, Hathi refuse mais finira par changer d’avis sur l’insistance de sa femme, Winifred et la demande de Junior.  Le troupeau divisé en deux groupe s’enfonce alors dans la jungle au rythme de la marche qui est alors reprise.

Dans un décor de jungle vibrant, « la patrouille des éléphants » met en scène des éléphants animés marchant gracieusement, l'éléphant de tête tenant fièrement une petite branche en l'air.

Fidélité

Le film est la dernière œuvre de Walt Disney.  Presqu’un testament dont il avait en fait confié initialement le travail de la partie musicale à Terry Gilkison.  Mais lorsqu’il jette le premier scénario, les chansons déjà écrite seront abandonnées.  Il n’en restera que le célèbre Il en faut peu pour être heureux.

Trois hommes en costume se tiennent derrière un podium sur un plateau de télévision, l'un d'eux faisant des gestes vers les autres, rappelant une scène de "La Patrouille des Éléphants", où le travail d'équipe et la camaraderie animent chaque instant.

C’est vers ses compositeurs fétiches, les frères Sherman qu’il confie alors le soin de tout reprendre depuis le début.  Ils écriront ce florilège de chansons devenues de vraies légendes dont la militaire Marche du Colonel Hathi qui sera d’ailleurs leur première composition pour le film.  Pour renforcer le côté amusant de la scène, ils ont attribué à ces animaux lourds et maladroits, qui écrasent tout sur leur passage, des notes bien pesantes pour accompagner leurs inutiles exercices militaires.  Un numéro dont Mowgli ne manquera pas de s’amuser avec le petit éléphanteau, Junior.

Un jeune garçon en jupe orange interagit de manière ludique avec un bébé éléphant, ressemblant à une scène de « La Patrouille des Éléphants », dans un paysage herbeux avec des arbres en arrière-plan.

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