Disney n’a pas son pareil pour nous laisser ses mélodies envahir la tête et force est de constater que ces chansons nous donnent bien souvent une recette pour une vie plus harmonieuse. La championne de cette catégorie est très certainement « Il en faut peu pour être heureux », tirée du Livre de la Jungle.
Retour sur cette chanson qui a bien failli ne jamais voir le jour !
Walt aux commandes
Le Livre de la Jungle est la dernière animation supervisée par Walt lui-même. Décédé fin 1966, il ne verra d’ailleurs pas le succès du film lorsque celui-ci sort le 18 octobre 1967.
Depuis très longtemps, adapter le roman de Rudyard Kipling trottait dans la tête du papa de Mickey puisqu’il l’envisage dès la fin des années ’30. La raison en était simple : l’histoire renfermait tous les bons ingrédients pour un bon film. Une grande aventure, des personnages attachants et parmi eux, un enfant ! Mais le projet ne se fait pas et il le range dans un tiroir.
Il ressort l’idée après la sortie de Merlin l’Enchanteur, alors que le scénariste Bill Peet lui propose de faire travailler les équipes d’animation sur des personnages animaliers. Et c’est là que les difficultés vont commencer. Walt, qui s’implique particulièrement dans la conception, se montre continuellement insatisfait !
Alors qu’il demande à Bill Peet de se pencher sur un scénario et de se charger de la réalisation, celui-ci se lance dans une version très proche, bien que simplifiée, des aventures originales de Mowgli. Les personnages ont donc le caractère prévu par Kipling. Pour ne parler que de Baloo, il n’était donc qu’un vieil ours, sorte de docteur de la loi dans la jungle, sans énergie ni humour.
Lorsqu’il voit le storyboard, Walt n’est pas convaincu par l’histoire qu’il juge beaucoup trop sombre. « Déprimant », « effrayant », « morose » : voilà comment il qualifie le travail de Peet. Il s’ensuit un profond désaccord entre les deux hommes. Conséquence : Peet jette l’éponge et quitte les Studios.
Bande originale à la poubelle
Voilà le storyboard à l’eau, et avec lui, les chansons déjà écrites puisque l’habitude chez Disney est de travailler la bande originale en même temps que l’écriture du scénario. Dans le cas présent, c’est Terry Gilkyson qui s’y colle. La musique qu’il propose se rapproche alors de celle de Bambi.
Mais comme le big boss a rejeté la proposition de Bill Peet, les partitions sont parties à la poubelle également, et parmi elles le fameux « Il en faut peu pour être heureux ! »
Bref, Walt balance tout et repart avec une nouvelle équipe., confiant la réalisation à Wolfgang Reitherman. Dans une interview, la fille de Walt raconte : « Après avoir rassemblé toute l’équipe, mon père demande : « Qui veut travailler Le Livre de la Jungle ? » Vu l’ambiance, personne ne lève la main. Satisfait il répond : « Très bien ! Parce qu’on va en faire une version différente. On va rendre ça amusant ! »
A partir de ce moment, il interdit formellement de lire le livre original. L’équipe ne travaillera qu’en ne connaissant les grandes lignes de l’histoire qu’il leur livre. Cela conduira au film que l’on connaît avec des personnages très différents de ceux de Kipling.
Création de Baloo
Omniprésent sur le projet, Walt avait aussi sélectionné les comédiens qui interprèteraient les personnages et qui seraient la source d’inspiration des animateurs. Ainsi, c’est la personnalité des acteurs les guiderait plutôt que l’image d’origine.
Si on revient à Baloo, alors qu’il n’était prévu qu’une brève apparition de l’ours dans le nouveau projet, le doublage de l’acteur Phil Harris est tellement bluffant que l’animateur de ce personnage en fera le deutéragoniste du long métrage.
Baloo gagne donc ses galons de second rôle et devient, sans nul doute, le personnage le plus populaire du Livre de la Jungle. Avec son visage rieur, son ventre rond, il est amusant, facile à vivre, de bonne humeur, et un peu paresseux aussi. Bref chacun se reconnaît dans ce personnage qui devient vite le préféré du public.
Baloo aura d’ailleurs une importance énorme dans l’histoire Disney puisqu’il ouvre la voie à tout un panel d’acolytes humoristiques attachants tels que Olaf dans La Reine des Neiges, Mushu dans Mulan ou encore le Génie d’Aladdin.
Sauvetage de Il En Faut Peu Pour Etre Heureux
Mais revenons à la chanson. Après avoir confié les clés du scénario à Reitherman, Walt se tourne vers ses compositeurs préférés, Robert et Richard Sherman. Et, alors que Walt ne porte pas la chanson « Il en faut peu pour être heureux » dans son cœur, c’est le duo de compositeurs qui va le persuader de la conserver. Elle est alors adaptée pour la scène où le public fait la connaissance du personnage et pendant laquelle il explique à Mowgli combien une vie simple, sans luxe ni superflu, peut être magnifique. La gaité et la spontanéité de la séquence feront mouche. Pari gagnant puisqu’elle sera nommée aux Oscars.
Et dire qu’il en a fallu de peu pour que nous passions à côté de cette leçon de bonheur !
Retrouvez tous les épisodes de Ne Me Remercie Pas sur Spotify, Apple Podcast, Deezer, Google Podcast et Amazon, mais également sur les réseaux sociaux : Facebook, Instagram et la plateforme X !