La remise en cause de la chronologie des médias en France par Disney
L’industrie du cinéma français traverse une période de bouleversement majeur avec l’annonce par Disney de réviser sa stratégie de distribution, remettant en question le système traditionnel de la chronologie des médias en France.
Points clés de la situation
- Chronologie des médias française : impose des délais entre 17 et 36 mois avant qu’un film soit disponible sur les plateformes de streaming, un délai bien plus long qu’aux États-Unis où ce délai est de 45 jours.
- Disney+ : avec ses 124,6 millions d’abonnés dans le monde, est la troisième plateforme de streaming en France, renforçant son poids dans l’industrie audiovisuelle.
- Fin du partenariat avec Canal+ : en janvier 2025, ce qui entraînera la privation des abonnés Canal+ d’accès au catalogue Disney.
- Impact sur les salles de cinéma françaises : très dépendantes des films familiaux, ces dernières risquent de voir leur modèle économique fragilisé.
- Conséquences pour la France : elle pourrait devenir la seule grande économie européenne privée des sorties Disney en salles dans des délais raisonnables.

Conséquences pour le secteur audiovisuel français
Cette décision de Disney marque une rupture profonde dans le paysage audiovisuel français. Les exploitants de salles anticipent une baisse significative de fréquentation, car les films Disney pèsent lourd dans le nombre total des entrées. Par ailleurs, les habitudes des spectateurs évoluent, accentuant cette transformation sectorielle.
L’impact financier sera ressenti sur l’ensemble de la chaîne de distribution cinématographique. Les producteurs français, qui bénéficient actuellement des investissements obligatoires des diffuseurs, devront repenser leurs stratégies de financement.

Cette situation crée un précédent encourageant d’autres studios à adopter une stratégie similaire. Le modèle français de financement du cinéma, réputé pour sa spécificité, se voit confronté à un impératif d’adaptation rapide face aux mutations technologiques et économiques.
La bataille de Disney contre la chronologie des médias française : vers la fin des blockbusters en salles ?
L’industrie cinématographique française fait face à une révolution majeure, exacerbée par la stratégie agressive de Disney en matière de distribution de ses contenus. Le géant du divertissement américain remet en question la traditionnelle chronologie des médias française, une réglementation stricte qui sépare rigoureusement les fenêtres de diffusion des œuvres entre salles de cinéma, télévision et plateformes de streaming. Cette bataille pourrait bien marquer la fin d’une ère pour les blockbusters en salles en France, avec des conséquences profondes pour les exploitants cinématographiques, les distributeurs, ainsi que pour les spectateurs eux-mêmes. Pour s’informer sur les lieux emblématiques de diffusion liés à Disney en France, on peut consulter l’article consacré au Cinéma Gaumont Disney Village à Disneyland Paris.
Une menace sans précédent pour les cinémas français
Disney envisage, pour la première fois, de sortir certains de ses blockbusters directement sur sa plateforme Disney+ en France, contournant ainsi la fenêtre d’exploitation exclusive au cinéma, une démarche déjà amorcée dans d’autres régions, mais qui se heurte en France à une réglementation nationale particulière. Selon cette réglementation, dite « chronologie des médias », un film doit observer un délai de 17 à 36 mois avant d’être disponible sur une plateforme de streaming après sa sortie en salles. Ces délais sont nettement plus longs qu’aux États-Unis, où le délai légal entre sortie en salle et disponibilité en streaming est d’à peine 45 jours, permettant un accès rapide pour les abonnés.

Cette loi impacte significativement la disponibilité des productions Disney en France. Par exemple, des films très attendus comme Black Panther: Wakanda Forever ne sont accessibles sur Disney+ qu’après de longs mois d’attente, privant le public français d’une expérience en streaming dans des délais raisonnables. De son côté, Disney fait pression pour assouplir ou contourner cette réglementation, dénonçant l’obsolescence d’un système qui pénalise leur modèle économique et limite la croissance de leurs plateformes numériques. Cette volonté du studio américain d’accélérer la disponibilité de ses blockbusters sur Disney+ menace directement le modèle des salles de cinéma françaises qui vivent en grande partie des sorties exclusives en salle.
Le divorce stratégique avec Canal+ bouleverse le paysage audiovisuel
Un autre bouleversement majeur se profile avec la fin imminente du partenariat entre Disney et Canal+, prévue en janvier 2025. Depuis plusieurs années, Canal+ bénéficie d’un accès exclusif à une large partie du catalogue Disney, y compris les chaînes Disney Channel et la diffusion en exclusivité de films Disney environ six mois après leur sortie en salles. Cet accord est jusqu’à présent un levier important pour Canal+ afin d’attirer et de fidéliser ses abonnés.

Cependant, les discussions entre les deux groupes ont échoué, et le divorce sera effectif début 2025. Des millions d’abonnés Canal+ perdront alors l’accès à Disney Channel et au catalogue Disney, ce qui risque d’entraîner une migration massive vers Disney+, la plateforme propriétaire de l’ensemble des contenus Disney. Ce mouvement pourrait redessiner le marché audiovisuel français en consolidant la puissance des plateformes direct-to-consumer, au détriment des distributeurs traditionnels payants.
Pour Disney, ce divorce est aussi stratégique : il s’agit d’intégrer pleinement leur catalogue à leur plateforme en France, alignant enfin les pratiques françaises sur celles observées dans d’autres pays.
Cette rupture devrait mettre fin à la diffusion des films Disney sur Canal+ six mois après leur sortie en salles, accentuant le recul de l’accès sur les chaînes traditionnelles au profit d’un univers 100% numérique. De fait, ce changement remet en cause les circuits classiques d’exploitation audiovisuelle et place Disney en position d’arbitre quasi exclusif de ses propres contenus.
La puissance du géant du streaming en chiffres
Avec cette stratégie ambitieuse, Disney capitalise sur la puissance colossale de sa plateforme de streaming. Disney+ totalisait déjà 124,6 millions d’abonnés dans le monde à la fin 2024, dont 68,2 millions en dehors des États-Unis et du Canada. La France occupe une place majeure dans cette expansion, faisant de Disney+ la troisième plateforme de streaming la plus populaire du pays, derrière Netflix et Amazon Prime Video.

Début 2025, Disney+ a enregistré un rebond impressionnant de 1,4 million d’abonnés supplémentaires, corrigeant ainsi une légère chute de 700 000 abonnés enregistrée à la fin 2024. Ce regain de croissance illustre bien l’attractivité et la compétitivité de l’offre Disney+, en particulier grâce à son catalogue riche et varié. Plus d’informations sur ces chiffres sont disponibles dans cet article détaillé sur les stats et actualités Disney et Walt Studio.
Aujourd’hui, Disney+ propose à ses abonnés une bibliothèque de 13 000 films et séries, totalisant plus de 8 000 heures de contenu. Cette masse critique de programmes est un atout puissant qui fait peser une pression énorme sur les concurrents traditionnels et redéfinit les attentes des consommateurs, notamment en termes de disponibilité et d’accessibilité instantanée.
Les enjeux pour l’industrie cinématographique française
La confrontation entre Disney et la chronologie des médias française n’est pas une simple querelle commerciale : elle témoigne d’un choc des modèles entre cinéma traditionnel et consommation numérique dématérialisée. Le principal risque est un affaiblissement des salles de cinéma, notamment pour les films familiaux qui constituent une part importante du chiffre d’affaires des exploitants sur le territoire.
La France serait ainsi la seule grande économie européenne privée des sorties Disney en salles dans des délais raisonnables, un isolement qui pourrait entraîner une fracture culturelle et économique. Les cinémas, déjà fragilisés par la crise sanitaire et la montée en puissance du streaming, perdraient un levier important pour attirer un public familial important et générer des recettes.
Plus largement, ce conflit interroge l’attractivité des salles françaises, dont l’expérience unique pourrait être mise en cause si les blockbusters sont systématiquement disponibles en streaming peu après leur sortie, voire directement sur les plateformes en contournant la salle. Ce scénario pourrait aboutir à une érosion progressive du modèle économique des exploitants français et entraîner un changement radical de l’écosystème culturel, avec un risque de perte d’exclusivité et de diversité à l’écran.
Enfin, cette situation pousse à une remise en question profonde du modèle de la chronologie des médias, qui avait jusqu’ici réussi à protéger l’exposition exclusive en salle et à garantir un équilibre entre les différents acteurs de la chaîne audiovisuelle. Face aux pressions des géants du streaming, la France devra décider si elle veut maintenir ce cadre réglementaire strict ou évoluer vers un système plus flexible, capable d’intégrer pleinement les nouvelles formes de consommation des œuvres.
Conclusion
La bataille entre Disney et la chronologie des médias française révèle les tensions majeures qui traversent aujourd’hui le monde du cinéma et du divertissement audiovisuel. En visant une sortie directe sur Disney+ pour ses blockbusters, Disney remet en cause un système protecteur unique au monde, qui garantit une exploitation cinématographique différée avant l’accès aux plateformes.
Le divorce avec Canal+ accentue ce mouvement, en recentrant la diffusion des contenus Disney sur la plateforme propriétaire, alors que Disney+ continue de renforcer sa position en France et à l’international. Ce combat marque une étape clé dans la transition numérique du secteur, où le streaming devient le canal dominant, au détriment des salles.

Pour les salles de cinéma françaises et les acteurs traditionnels, c’est un tournant crucial. La bataille juridique et politique autour de la chronologie des médias déterminera l’avenir des blockbusters en salles et, plus largement, la pérennité d’un modèle culturel spécifique à la France. Le public devra aussi s’adapter à ces mutations, qui transformeront profondément les façons de consommer le cinéma.
Le résultat de ce bras de fer entre un géant communautaire et une régulation ancienne mais protectrice pourrait bien écrire les nouvelles règles du cinéma pour les décennies à venir. Quelles que soient les décisions à venir, la bataille est loin d’être terminée. Les projecteurs restent braqués sur ce duel entre tradition et innovation, qui redessine déjà le paysage audiovisuel français.