Grâce à des mélodies entraînantes et des paroles pleines de légèreté, Disney nous invite bien souvent à suivre le rythme, comme avec cette chanson qui nous parle d’unité et de joie partagée … À la file indienne
Qui sont les garçons perdus
Ce morceau, empli de nostalgie et de simplicité, ce sont les Garçons Perdus qui le chantent en compagnie des petits Jean et Michel. Un véritable symbole de l’enfance, une célébration de l’insouciance qui l’accompagne. Mais qui sont donc ces enfants et pourquoi sont-ils perdus ?
Lorsqu’en 1904 James Barrie écrit sa pièce Peter Pan ou le garçon qui ne voulait pas grandir, il fait évoluer le garçonnet sur Neverland, une île imaginaire où vivent des pirates sous la houlette du terrible Capitaine Crochet, un groupe d’indiens, des sirènes, la fameuse fée Clochette et les Garçons perdus qui passent leur temps à dormir, s’amuser ou se bagarrer.
Peter Pan, qui semble être leur chef, expliquera à Wendy qu’il s’agit d’enfants tombés de leur landau lors d’une promenade au parc alors que leur nourrice était distraite. Comme après sept jours, personne ne s’en était inquiété, ils ont été envoyé au Pays Imaginaire.
Par contre, pas de fillette parmi les enfants perdus. Peter prétend que les filles sont trop intelligentes pour tomber de leur landau, se perdre et ne pas être retrouvée.
Des personnages très présents
Le moins qu’on puisse dire c’est que ce Barrie ne manquait pas d’imagination, même dans les petits rôles, si on en croit l’interprétation de Disney. En fait, il ne s’agissait pas de petits rôles dans la version originale. Contrairement à Disney qui les traite en tant que groupe, chez Barrie, ils ont des personnalités bien définies et d’emblée on apprend beaucoup sur la triste histoire de chacun comme lorsque l’un d’eux explique que sa mère était bien plus aimante que cette des autres garçons puisqu’elle avait pris la peine d’écrire son nom sur sa blouse. « peu salissant » était-il écrit !
On comprend vite que ces personnages sont, pour Barrie l’occasion d’égratigner ces mères incapables d’amour vrai pour leur enfant.
Une histoire tragique
C’est dans l’histoire de l’auteur que l’on comprend pourquoi il est aussi acide envers les mamans. Il est le neuvième enfant de la famille et a 7 ans lorsque son grand frère, David trouve la mort en patinant sur un étang gelé. Le décès de celui qui était l’enfant chéri de la famille va plonger sa mère dans une tristesse immense que le petit James n’aura de cesse de tenter d’apaiser. Il va aller jusqu’à prendre la place du disparu en portant ses vêtements, en imitant sa voix et en inventant des histoires pour le faire revivre.
Cette identification est telle que les médecins constateront un arrêt de croissance, comme s’il ne pouvait continuer vers l’âge adulte sans trahir ce frère.
Mais malgré ses efforts, il ne pourra jamais consoler sa mère et ne pourra jamais se faire aimer d’elle. Il dira plus tard qu’il a écrit son histoire sûrement pour combler ses manques.
De là à voir en ces garçons perdus les âmes d’enfants morts guidés par Peter Pan dans un Pays rêvé, il n’y a qu’un pas.
Interprétation des personnages
On comprend donc pourquoi Disney s’est écarté de la version originale. De plus, l’histoire originale de Peter Pan contient trop de personnages ce qui a nécessité de choisir les interventions nécessaires à la progression de l’histoire. Décider ce à quoi il fallait renoncer fut une tâche compliquée.
En ce qui concerne les Garçons perdus, on ne conservera que leurs noms d’origine : la Plume, la Guigne, Bon Zigue, le Frisé et les Jumeaux. Par contre, étant de jeunes enfants, ils se ressembleront et seront tous sauvages, bagarreurs voire naïfs.

Et comme dans le roman, Peter avait interdit aux enfants de lui ressembler, on les différencia en leur attribuant des vêtements différents, sorte de pyjamas grenouillères tels des bébés. C’est ainsi que Le Frisé, le plus imposant, porte un costume d’ours. La Plume est grand, mince et nerveux, tel un renard. Les grandes dents de Bon Zigue désignait un costume de lapin. Le petit La Guigne est timide comme un mignon sconse. Par contre, Les Jumeaux, que Peter n’arrive pas à distinguer sont les deux ratons laveurs.
Animation soignée

L’animation de ces personnages ne comptera pas moins d’une dizaine de personnes ! C’est Ward Kimball, l’un des « Nine Old Men », qui se voit chargé de superviser l’animation des Garçons perdus. Et pour cela, il sera entouré d’une équipe de neuf animateurs qui interviennent à divers moments du film.
Ce sont Art Steven et Hugh Fraser qui prendront en charge la séquence musicale À la file indienne.
Indien ou leader ?
Le titre de la chanson, A la file indienne, semble faire référence à la tribu d’Amérindiens qui peuple l’île. C’est du moins le cas dans la traduction française mais le titre original est Follow the leader en référence au rôle de Chef que Pater attribue à Jean, le frère de Wendy.

La scène intervient au moment où Peter veut aller à la rencontre des sirènes en compagnie de Wendy alors que les Garçons Perdus préfèrent partir à l’aventure à la rencontre des indiens. Peter nomme alors Jean chef de l’expédition tandis que le petit Michel fermera la marche, son ourson à la main. Les voilà donc partis en chantant, ce qui nous donne l’occasion de découvrir le Pays Imaginaire.
A La File Indienne : Chantons
La bande originale de ce film d’aventures souligne bien souvent l’action tout en emportant le spectateur dans le monde de l’enfance grâce à des mélodies à la fois charmantes et rassurantes.
On doit la plupart des chansons à Sammy Fain et Sammy Cahn alors que le fond musical a été confié à Oliver Wallace. Et c’est ce dernier qui signera la musique de « A la file indienne » tandis que les paroles sont signées Winston Hibler et Ted Sears.
Un statut particulier pour cette chanson qui est l’une des rares à être chantée par les personnages eux-mêmes.
